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Serge MOSCOVICI

Serge Moscovici est à l’origine de l’introduction de la psychologie sociale dans la tradition de la recherche en Europe et de l’orientation de la psychologie sociale européenne. Il a ouvert les domaines de l’histoire des représentations sociales, de l’étude des minorités actives et de la question de la psychologie collective, qui dominent aujourd’hui l’ensemble de la psychologie sociale. Il est aussi, à travers son œuvre anthropologique et son engagement, un pionnier de l’écologie politique en France.
Né en 1928 sur les bords du Danube, Serge Moscovici, fils de marchand de grains, passa toute son enfance en Bessarabie. En 1938, il fut exclu du lycée de Bucarest par les lois antisémites. Après avoir subi le pogrom de Bucarest en janvier 1941, il fut mis au “travail obligatoire” jusqu’au 23 août 1944, quand la Roumanie fut libérée par l’armée soviétique. C’est durant ces quatre années de guerre qu’il prit goût à la lecture et apprit à parler le français au contact, notamment, d’Isidor Goldstein, futur Isidore Isou. Compagnon avec lequel il fonda la revue Da, revue d’art et de littérature éditée fin 1944, dans laquelle Isou publiait son premier manifeste pour le “verbisme” et Serge Moscovici un article sur la “lumiéro-peinture”. Da fut rapidement interdite par la censure.
Ayant obtenu un diplôme d’ajusteur qualifié, Serge Moscovici travailla en usine jusqu’en 1947 où, alors qu’Isou gagnait la France, il essaya, vainement, de se rendre en URSS. Finalement, il quitta la Roumanie et, comme beaucoup, utilisant la filière des “camps de personnes déplacées” passant par la Hongrie, l’Autriche et l’Italie, entra en France un an plus tard. Arrivé à Paris en 1948, il travailla d’abord, pour survivre, dans la confection puis dans les chaussures en gros, en même temps qu’il entreprenait à la Sorbonne une licence de psychologie, en menant une vie de noctambule.
Cette vie nocturne joua un rôle tout aussi déterminant que l’Université puisque c’est là qu’il se lia d’amitié avec bon nombre d’intellectuels dont Paul Celan, Isaac Kiva et bien d’autres. A partir de 1950, il obtint une “bourse de réfugié” pour poursuivre ses études à la Sorbonne. Il suivit les séminaires d’Alexandre Koyré, Friedmann, Schwartzbart, entre autres, et fit sa thèse avec Lagache sur la représentation sociale de la psychanalyse : La Psychanalyse, son image et son public (PUF, 1976). Sa formation fut complétée par l’invitation, dans les années 60, aux Etats-Unis, à l’Institut for Advanced Studies de Princeton et de Stanford. Plus tard, c’est à la New School for Social Research qu’il sera convié comme professeur et où il enseignera, parallèlement à ses séminaires à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, où il est directeur d’étude, jusqu’en 1985.
Si le travail de Serge Moscovici est dominant dans le domaine de la psychologie sociale, son œuvre anthropologique est tout aussi remarquable. Lié à la création du département d’ethnologie de l’université Paris VII dans les années 70, il a marqué, avec Essai sur l’histoire humaine de la nature (Flammarion, 1968), La Société contre nature (UGE, 1972) et Hommes domestiques et hommes sauvages (UGE, 1974), toute la génération de 1968 tant écologiste que féministe. Considérant les sociétés du point de vue de la nature, il est un des grands inspirateurs de l’écologie politique - il se présentera plusieurs fois aux législatives et aux européennes sur des listes écologistes.

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