A tire-d'aile

Leipzig après les grands changements de 1989. Dans son minuscule appartement dont les fenêtres s’ouvrent sur les voies ferrées de la gare de marchandises, la narratrice s’aperçoit tout à coup que l’univers qui lui était familier est en train de changer. Par une chaude nuit d’été, elle commence à arracher des murs de sa chambre les couches de papiers peints que des générations successives ont posées sur les murs, les unes sur les autres, depuis la construction de la maison. Rien ne résiste à son désir de déconstruction, pas même le canapé, héritage de sa grand-mère et lieu privilégié de ses aventures amoureuses.

À tire-d’aile, comme un oiseau, elle veut s’envoler et survoler le monde. Vers l’Ouest d’abord pour jouir des frontières désormais ouvertes et de la liberté retrouvée. Et les Etats-Unis sont la première étape de ce tour du monde. De Minneapolis à San Francisco, puis encore plus loin vers l’Ouest, " jusqu’à ce que l’Ouest devienne l’Est ", jusqu’à la Russie chaotique du début des années 90, où elle retrouve son amie Toma avec qui elle correspondait lorsqu’elle était enfant. Les temps ont changé : Toma a quitté la petite ville de l’Oural où elle vivait pour Moscou. Devant sa porte, une Chrysler avec chauffeur et téléphone cellulaire l’attend.

Angela Krauss ne raconte pas, elle n’écrit ni une chronique du début des années quatre-vingt-dix, ni un récit de voyage. Par petites touches, elle évoque les êtres et les choses dans un monde qui se métamorphose.