Ricardo Fusco, intellectuel aux grandes ambitions universitaires peu réalisées, vivote à côté d’une femme metteur en scène en pleine ascension, qui le trompe avec de lamentables acteurs. Grâce à Grazantonio Dell’Arco, minable copain de lycée devenu l’un des hommes les plus riches d’Italie, sa chance tourne, il entre dans la jetset et, amant d’une critique oenologique new-yorkaise sophistiquée, il s’emploie à lancer sur la scène mondiale le cépage de sa région, l’Aglianico.
A travers une histoire hilarante et féroce, grouillant de coups de théâtre et de personnages hauts en couleur (de la sorcière de village au roi du gaz méthane, du joueur de billard à l’improbable artiste russe), c’est toute la comédie sociale qui se déroule sous nos yeux, à l’heure du traficotage mondial des goûts et des couleurs.
-
"Sur un ton drôle et décalé, l’histoire est ponctuée de situations improbables et d’arnaques en tout genre"
Claire Thierry
-
« Gaetano Cappelli, amateur de rock et auteur, [...] réussit le tour de force de présenter une histoire de prime abord décousue mais parfaitement construite, prétexte à des situations rocambolesques qui questionnent le sens de la vie, l’orgueil, l’ambition, l’amour, la quête de réussite... »LE BLOG DE ERIC VALMIR
-
"Un très bon roman pour s’évader et se divertir, avec une histoire sans prétention mais qui fera nécessairement naître plusieurs rires ou sourires au cours de la lecture."Yohan BaillieulBIBLIOBLOG.FR
-
"Peinture sans concession d’une société contemporaine où seuls réussissent ceux qui possèdent un esprit d’entreprise et sont dépourvus de scrupules, comédie humaine au cours de laquelle les perfidies, les trahisons, la soif de richesses sont tournées en ridicule, où toute vie n’est que boursouflure, le roman de Gaetano Cappelli est une cinglante et divertissante critique des mœurs de notre société et son écriture construit et déconstruit à plaisir situations et caractères les plus divers."Max AlhauREVUE-TEXTURE.FR
-
« [...] Cappelli se lit comme on regarde la RAI, avec des phrases interminables et sans respiration, et dont la plus modeste dépasserait ce billet, mais l’ensemble est un petit bonheur surprenant. Qui vous donnera envie dans la foulée de revoir une œuvre de Dino Risi, Moretti, ou De Sica, mais cette fois sans sous-titre. »Olivier Van VaerenberghFOCUSVIF
-
" L’humour féroce de Gaetano Cappelli, sa galerie de personnages hauts en couleur et son style "terroir" nous embarquent sur quelque deux cents pages dans le traficotage mondial des goûts et des couleurs. Piquant mais savoureux."Victor DillingerL’AMATEUR DE CIGARE
-
"Mené sur un rythme effréné grâce à un astucieux découpage en petits paragraphes, ce roman plein de verve ne recule devant aucune digression farfelue et, à travers sa galerie de personnages secondaires, offre une comédie humaine colorée dans laquelle on pourra lire une satire façon Mondovino de l’industrialisation délirante des produits du terroir."Bernard QuirinyLE MAGAZINE LITTERAIRE
Une joyeuse petite famille
À le voir scintiller entre les collines sur cette route de campagne, le break rouge bondé de gamins – des gamines, en l’occurrence – semblait droit sorti d’une de ces scènes de petites familles heureuses que, dès qu’ils le peuvent, les publicitaires fourrent dans leurs films. Dans la voiture cependant, la maman manquait à l’appel et Riccardo Fusco, le papa du spot, ne cessa de rouer de coups le volant que lorsqu’il se rendit compte qu’Ofelia, l’aînée des quatre filles, le fixait d’un œil inquiet. Il lui fit alors un sourire rassurant – qui tenait plutôt du rictus – et se remit à frapper des poings le volant, mais comme pour suivre le rythme de la chanson débile qui montait de la radio : les filles, il fallait qu’elles restent en dehors de ça, les filles. Elles avaient droit à leur tranquillité. Mais était-ce encore possible ? se demanda-t-il au moment où, au milieu des collines, là-haut, lui apparut le village avec son beau campanile et, malgré les lugubres pensées qui lui trottaient par la tête, il se souvint de son copain qui y habitait et, comme chaque fois qu’il passait en bas, qu’il aurait pu bifurquer pour aller le voir.
Ça lui arrivait au moins deux fois l’an : le 18 mai et le 10 juillet. Les dates des anniversaires des enfants Barra, l’un des couples que sa femme et lui fréquentaient. Aujourd’hui, on était le 10 juillet et, exactement comme à chaque fois, il continua tout droit – autant que le permettaient les virages – vers la maison de campagne de ses amis, sous un ciel irrémédiablement bleu, où il n’y avait pas trace des orages prévus par la météo, qui auraient été un bon prétexte pour larguer les filles avec les autres enfants à la fête et rentrer tout seul en ville, plutôt que de rester dans le jardin à boire et à papoter avec ces dames en préparant le barbecue, jusqu’à l’arrivée des hommes pour le dîner, ainsi qu’il l’avait toujours fait.
Une demi-heure plus tard, en tout cas, il était à nouveau en voiture sur le chemin du retour.
Devant le public incrédule des femmes de ses amis, il avait bafouillé on ne sait quelle échéance. Impossible à retarder… lui !
Le prince des absentéistes
Il était chercheur à l’université, Riccardo Fusco, et bien entendu la chose peut aussi requérir certain investissement, mais ce n’était pas son cas. Depuis des années, désormais, il s’était débarrassé de toutes ses obligations et, auprès de ces mêmes amies qui venaient de l’écouter d’un air compatissant – voire railleur – tandis qu’il s’emberlificotait dans ses excuses, il s’était souvent vanté de son état de fainéant absolu et béat.
– Surtout que je gagne plus que vos maris – qui étaient en réalité tous plus friqués que lui –, tout au moins si on calcule ce que je touche à la minute et pas à l’heure de boulot, évidemment ! se gobergeait-il en se marrant.
C’était un type qui se marrait, en général, Riccardo Fusco.
Dans tout groupe de copains qui se respecte, il s’en trouve toujours un pour organiser des dîners, des voyages, des fiestas : eh bien, dans le sien, c’était lui. Il était le boute-en-train, quoi. C’était sa façon de s’occuper depuis le jour où il s’était converti en parangon de l’absentéiste parfait. En prince des absentéistes.
C’était survenu lors du troisième concours de maître de conférences auquel il se présentait. Ils l’avaient encore blackboulé malgré sa thèse monumentale “Tout sur
les oies. Empreinte anthropologique dans un contexte paysan”.
Dire qu’à une époque, il avait cru gagner sa vie avec ce pensum, et ce bien qu’il ait été le premier à s’étonner lorsque trois éditeurs, sur les dix auxquels il avait envoyé le manuscrit de huit cents pages, lui avaient répondu. Deux, en réalité, par des lettres pleines de louanges qui n’avaient été suivies d’aucun développement. Le troisième, un certain Accardi, lui avait carrément passé un coup de fil enthousiaste. Et vu comment cet Accardi avait présenté les choses – oui, il fallait pas mal couper et modifier le langage spécialisé alourdi par l’avalanche des données statistiques, mais il s’agissait d’un bouquin curieux, qui pouvait marcher au-delà du cadre académique – Fusco se voyait déjà métamorphosé en l’un de ces éminents intellectuels qui sautillent d’une chaîne de télé à l’autre.