La dernière fois que Joaquín était venu le voir, Chacaltana l’avait trouvé un peu pâle. “Prends soin de toi. Tout ira bien”, lui avait-il dit. Apparemment il avait tort.
Félix Chacaltana Saldívar est assistant-archiviste au Palais de Justice de Lima. Il vit avec sa mère, une veuve austère, bigote et mal embouchée. Il aime l’ordre, le code pénal, le bouillon de poulet et sa fiancée Cecilia, qu’il aimerait bien embrasser (mais comment ?). Jusqu’au jour où il tombe sur un bout de papier griffonné qu’il ne sait pas où classer. Dans la foulée, Joaquín disparaît.
C’est la Coupe du monde 1978, les matchs paralysent la ville, et notre parfait Candide se lance sans s’en rendre compte dans une enquête sordide sur fond d’opération Condor. Jamais à court de naïveté, il promène sa bonne foi inébranlable parmi les espions, les activistes, une blonde mystérieuse et un vétéran de la guerre d’Espagne, tous plus rompus que lui aux secrets du monde.
Roncagliolo raconte les années de formation de l’anti-héros d’Avril rouge avec un incroyable talent. On passe sans crier gare de la parodie au pur roman noir, sans jamais perdre l’humour ni le plaisir. Finalement, la naïveté est peut-être aussi une forme de courage…
-
A lima, en cet été de l'année 1978 - coupe du monde de foot oblige - le temps s'est arrêté ! Au Palais de justice, le très sérieux Chacaltana est le seul à ne pas avoir ses yeux constamment rivés sur un poste de télé. Parcequ'il pense bien faire, le jeune homme assidu va se retrouver à enquêter sur une affaire qui n'est pas de son ressort sur fond d'espionnage et d'opération Condor. Un roman remarquable qui mêle la comédie à la tragédie autour d'un terrible volet de l'histoire péruvienne et argentine. Aussi édifiant que passionnant !
Olivier
-
"La sinistre Opération Condor traitée par l'humour, le pari était risqué. ll est parfaitement réussi: tout fonctionne, la prise de conscience de l'horreur comme le rire qui est - presque - partout." Lire l'article ici
Christian RoinatEspaces latinos -
"Santiago Roncagliolo signe un magnifique roman avec un superbe antihéros, si attachant et si… agaçant." Lire l'article ici
Serge Perraudlelitteraire.com -
"uUn roman noir hautement maîtrisé par un conteur doté d'un solide humour, qui mêle le portrait sans fard d'un pays complexe et celui d'un héros auquel échappe souvent la compréhension des choses et des êtres." Lire l'article ici
Alexandre FillonLa Peine capitale -
"Une lecture passionnante et prenante" Lire l'article ici
Blog La livrophage -
"Un pur plaisir de lecture" Lire l'article ici
Noé GaillardBlog Daily Books -
Ecouter la table-ronde ici (à la minute 19'20'')
Emission d'Emmanuel Laurentin, table-ronde fiction avec Fabrice d'Almeida, Pascal Ory, Caroline DoukiFrance Culture "La Fabrique de l'histoire" -
Ecouter la chronique ici
Guy LesniewskiPFM "NoirCNoir" -
"Politique et football, répression et révolution, dictature et carton rouge, La Peine capitale est un thriller politique haletant, digne des plus grands du genre." Lire l'article ici
Marie-José SirachL'Humanité -
"Un polar bien ficelé." Lire l'article ici
Olivier MaulinValeurs actuelles -
"Un thriller plein d'humour." Lire l'article ici
Esther SánchezQué tal París -
"Une de mes obsessions en rédigeant le livre était de parler du fascisme." Lire le portrait ici ou en ligne ici
Portrait de François-Xavier GomezLibération -
"Entre comédie et énigme, ce roman policier à la forte dimension parodique porte néanmoins sur le Pérou dictatorial un regard aussi burlesque qu'impitoyable." Lire l'article ici
Renaud JunillonSang Froid -
"Quel talent!" Lire l'article ici
Blog En lisant en voyageant -
"Vous savez quel est le mot qui m’est venu à l’esprit en lisant ce roman ? Bienveillant. L’auteur est bienveillant, avec nous, ses lecteurs." Lire l'article ici
Blog Tombée du ciel
PÉROU-ÉCOSSE
Il avait pris ce chemin des dizaines de fois. La ruelle, les vendeurs de boissons, l’odeur de friture, le brouhaha. À Barrios Altos, dans le labyrinthe des vieilles maisons, des tunnels et des taudis, il pouvait passer inaperçu.
Même son dangereux fardeau serait invisible au milieu de la foule. Fourré dans un sac rouge, il ne risquait pas d’attirer l’attention. Pas plus que les klaxons des voitures, les cris des camelots et la grisaille animée d’un samedi ordinaire à la mi-journée.
Mais, ce samedi-là, tout était différent. Les rues étaient pavoisées de drapeaux du Pérou. Ils pendaient aux fenêtres, aux portes, aux carrefours silencieux, comme les linceuls rouge et blanc d’une ville morte.
Il tourna au coin de la rue, monta un escalier et traversa la cour intérieure d’une vieille demeure pour prendre une autre sortie. Il fut accueilli par un silence funèbre. Il eut l’impression que quelqu’un le suivait, mais il n’entendait dans la cour que le bruit de ses propres pas.
Sans doute allait-il trouver un peu plus loin des habitants. Au deuxième ou troisième virage, si sa mémoire ne le trompait pas, il atteindrait le point d’eau. Le seul dans ce secteur du quartier. Il y aurait de nombreuses familles en train de remplir des récipients pour laver le linge ou les enfants. Des mères bruyantes et des enfants turbulents.
Il avait besoin de toute cette agitation. Le tohu-bohu était une protection parfaite pour sa mission : un échange bref et sûr. Une livraison discrète et professionnelle, sans paroles ni gestes superflus. Deux hommes se rencontrent dans la foule, ils se saluent, un paquet change de mains et ils se séparent. Cela ne devrait pas prendre plus de cinq secondes.
Il avait plusieurs fois repéré les lieux. Encore deux ou trois virages. Le cordonnier, à gauche. Le vendeur de cigarettes, en face. Il livrerait son paquet et disparaîtrait. Tout simplement. La grosse boulangère, à droite. Il n’était plus très loin.
Barrios Altos était un bon endroit pour la livraison. On ne pourrait pas le suivre dans cet infernal écheveau de ruelles et de maisons superposées. Lui-même avait du mal à s’y retrouver alors qu’il avait si souvent effectué le trajet. Avec ses rues désertes et étroites, Barrios Altos donnait l’impression d’un autre quartier, dans une autre ville. Seul le ciel couleur panse d’âne lui rappelait qu’il était dans sa Lima de toujours.
C’était par ici ? Ou par là ?
Il se passait quelque chose. Quelque chose d’anormal. Pourquoi n’y avait-il personne dehors ?
Il rajusta délicatement son fardeau entre la poitrine et l’épaule, et inspira. L’odeur même était différente des autres jours. Mais le pire, c’était le silence des rues. Des bruits lui parvenaient de l’intérieur des habitations, en sourdine. Des bouteilles entrechoquées. Des rires. Des conversations. Parfois, un enfant en uniforme scolaire gris passait soudain en courant près de lui, sans le regarder. Des casiers de bières vides gisaient devant les portes. Mais dehors pas un bruit, comme une gigantesque tombe à l’air libre.
Où était donc ce putain de robinet ? Dans quelle rue s’était-il trompé ? À cet endroit, aucune direction n’était indiquée. Le fardeau bougeait entre ses bras. Il le serra fermement contre lui, mais avec douceur.
Il entendit un bruit familier. Une clameur étouffée qui traversait les portes closes. Au début, ce n’était qu’un murmure informe. Un grondement lointain. Mais il se transforma en une mélodie obsédante et exaltée. Peut-être L’Internationale, ou un hymne communiste. Il ne savait pas, et n’avait pas envie de savoir. Il voulait juste partir d’ici. Trouver ce robinet ou la sortie, avec ou sans son sac rouge.
Il se posta à un croisement et tendit l’oreille. Il reconnut quelques paroles de la chanson, sa cadence solennelle et fière. C’était l’hymne national. Et il n’était pas chanté par les habitants des maisons. Il sortait des téléviseurs.
“Le foot, pensa-t-il, j’avais oublié.”
L’hymne terminé, un journaliste annonça la suite. C’était la première voix qu’on percevait nettement et il l’accueillit avec soulagement.
– Cette fois, ça y est, voilà le Pérou ! Avec Chumpitaz en défense, Cueto le “Poète gaucher” en milieu de terrain et le “Petit” Cubillas au centre, la meilleure équipe de notre histoire entre dans le stade de Córdoba. Nos garçons arrivent en Argentine, pour la Coupe du Monde 78, mûrs et prêts à créer la surprise. L’Écosse est un adversaire coriace, elle vient de vaincre la France et l’Angleterre, mais le Pérou a sûrement son mot à dire…
Le coup de sifflet initial se fit entendre et les joueurs se mirent en mouvement. Dans les maisons, les gens les saluèrent par des applaudissements et des vivats. Appuyé contre un mur sale, avec son sac contre la poitrine, il soupira. C’était sans aucun doute le pire jour de l’histoire du Pérou pour faire cette livraison.
Il reprit sa recherche du point d’eau. Il devait être tout près. Les robinets ne se déplacent pas. Par les fenêtres entrouvertes des maisons il n’apercevait des images du match que des lueurs en noir et blanc. Les Écossais portaient des tenues sombres, et les Péruviens leur éternel maillot blanc avec une bande rouge en diagonale, comme un coup de fouet sur la poitrine. Face à eux, dans les maisons, les habitants de Barrios Altos buvaient des bières et se rongeaient les ongles en écoutant le commentateur de la rencontre :
– Les Écossais remontent à l’attaque par la gauche, en bas de votre écran… Ça, c’était Johnston… Masson shoote, le gardien Quiroga s’interpose, attention à Jordan qui remet au ceeeentre… But ! Buuuuuuut de l’Écosse ! But de Jordan, numéro 9, avec ce flair de la victoire qui le caractérise !
Un rugissement de déception s’éleva des maisons. Puis, des centaines de voix insultèrent l’arbitre, le numéro 9 écossais, sa mère, le Pérou. Un nuage noir assombrit l’âme de Barrios Altos.
Mais il trouva enfin le robinet. C’était sans doute celui-là, bien qu’il eût l’air différent. Une sortie d’eau dans un endroit relativement dégagé du carrefour. Normalement, un samedi à midi, les gens se pressaient autour. Mais à l’heure du match, ce coin de rue avait tout d’un désert.
Il entendit des pas dans son dos. En se retournant, il constata encore qu’il était seul. Personne pour prendre livraison du paquet. Cela le rendait très nerveux. Ce n’était pas le type de travail où on pouvait se permettre des erreurs. Et pourtant, il en avait commis une. Son piètre sens de l’orientation et l’absence de transports publics lui avaient fait perdre une heure. Son contact l’avait probablement attendu, puis était parti. Peut-être même avait-il décidé de regarder le match de foot.
Il décida d’attendre, au moins jusqu’à la fin de la partie. Son contact préférait peut-être que les rues retrouvent leur tumulte habituel. Si le Pérou gagnait, tout le quartier allait sortir pour fêter la victoire. Et s’il perdait, tout le quartier sortirait pour se lamenter dans les bars. Dans les deux cas, le climat reviendrait à son rythme habituel.
Il voulait se débarrasser de ce paquet le plus vite possible. Ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait garder chez lui en attendant une autre occasion.
Mais quoi faire en attendant ? Il rongeait son frein. Il s’approcha discrètement d’une fenêtre ouverte derrière laquelle une famille avec trois enfants était tétanisée devant le téléviseur. Tous portaient des maillots blancs avec une bande rouge. Sur l’un d’eux était écrit en lettres noires : CUBILLAS. Il se laissa bercer par la voix syncopée du commentateur :
– Cubillas passe à Velásquez… croche-pied contre Velásquez, qui tombe… l’arbitre ne siffle pas et Velásquez se relève… Velásquez repart à l’attaque… passe à Cubillas déjà à la limite de la surface de réparation… danger… Cueto se glisse entre deux défenseurs, reçoit la balle, fait face au gardien, frappe du gauche… eeeeeeet… but ! Buuuuuuut péruvien ! Cueto, numéro 8… un tour de magie du pied gauche… et le score est maintenant de 1 partout !
Les maisons de Barrios Altos s’éveillèrent avec une clameur assourdissante. On entendit des meubles frappés contre le sol, des applaudissements et, surtout, un “but !” hurlé partout d’une seule voix, comme s’il explosait dans le ciel.
Perturbé par le vacarme, le sac rouge remua un peu et laissa échapper des pleurs.
– C’est fini, c’est fini… murmura-t-il en le remontant légèrement contre son corps. Reste tranquille.
De tous les paquets possibles de l’univers, il fallait qu’aujourd’hui il porte précisément celui-là. Un paquet sans nom, sans instructions préalables, sans contrôle.
Il aurait dû demander. On aurait dû lui dire ce qu’il allait transporter.
Mais c’était trop tard.
Il se jurait de ne pas recommencer. C’était la dernière fois. Il ne savait pas où il irait, mais il ne referait plus ce genre de travail. Jamais plus. Maintenant il pouvait compter sur quelqu’un. Tout allait changer. Enfin. Il devait juste se débarrasser de ce paquet. Le déposer dans d’autres bras. Partir d’ici. Et oublier, s’il le pouvait.
Une vague de protestations s’éleva des maisons. On aurait dit une révolution. Il se tourna de nouveau vers le téléviseur.
– Peine capitale ! s’exclamait le commentateur dans ce téléviseur et tous ceux du Pérou. Penalty en faveur de l’Écosse ! Héctor Chumpitaz a fait obstruction sur Rioch et l’arbitre a sifflé la sanction. Oblitas et Toribio Díaz protestent, mais l’arbitre reste inflexible. Masson se prépare à tirer. Il frappe eeet… le gardien arrête la balle ! L’héroïque Quiroga a stoppé le penalty !
Un nouveau rugissement secoua Barrios Altos. Malgré sa contrariété, il eut un léger sourire. “Ce pays est incapable de s’organiser pour quelque chose d’utile, pensa-t-il, mais dans un match de foot il agit avec une discipline militaire.” De fait, c’était une véritable explosion. Dans la maison qu’il observait, tous s’étaient levés devant le téléviseur et lançaient des cris aux joueurs, comme si ceux-ci pouvaient les entendre. L’enfant portant le maillot de Cubillas tenait à la main un drapeau bicolore qu’il agitait frénétiquement.
Malgré l’euphorie déchaînée, il était resté assez sur le qui-vive pour guetter les pas qui, cette fois, se rapprochaient par une ruelle voisine. Il allait se retourner lorsque les choses s’accélérèrent.
– Muñante sur la droite, passe au “Gamin” Duarte. Cueto, “le Poète gaucher”, lui fait signe de laisser la balle à Cubillas… Cubillas frappe par surprise hors de la surface de réparation et… but ! Buuuuuuut péruvien ! Cubillas, avec un tir impossible pour le gardien, envoie le ballon dans la lucarne où les araignées font leur nid et donne l’avantage au Pérou !
Cette fois, même le sol trembla. Mais pas seulement sous l’effet du délire collectif déclenché par le but. Il y eut aussi le tir d’une arme à feu, et la balle frôla son visage pour se loger dans le mur, juste derrière le robinet, traversant la peinture et perforant la brique.
Instinctivement il se mit à courir. En zigzag, en bifurquant aux carrefours. Il pressait son sac aussi fort qu’il le pouvait et s’échappa dans les tunnels. Il sentit encore une autre balle siffler près de son bras avant que les ovations se taisent.
Le silence revint pendant quelques minutes. Seuls les pas résonnaient derrière lui, pressés, menaçants. Il monta un escalier menant à l’autre côté de la rue. Puis il prit de nombreuses ruelles désertes. Il s’engouffra dans tous les tunnels qu’il trouva. Il pensait qu’en s’enfonçant davantage dans la jungle urbaine, il serait plus en sûreté. Mais son poursuivant n’avait pas besoin de courir. Il connaissait bien le terrain et surgissait de carrefours insoupçonnés pour lui donner la chasse. Et tout le temps qu’il cherchait à s’échapper, la même voix émergeait des maisons :
– Cueto… fait signe à Cubillas mais la passe est très longue, jusqu’à Oblitas qui déboule du néant et file comme une flèche vers les buts de l’adversaire, coursé par un défenseur écossais et… faute ! Très dangereuse faute à la limite de la surface de réparation… Oblitas proteste, il dit qu’il a été poussé, mais l’arbitre a déjà sifflé un coup franc…
Il s’appuya contre un muret pour reprendre son souffle. Il était en nage. Il sentait un creux à l’estomac. Dans son sac, le paquet était inquiet. Il laissait échapper des gémissements et des borborygmes.
– Par pitié, tais-toi, dit-il. Ne me fais pas ça.
Un son plaintif s’éleva du sac. Ressemblant au début à celui d’une chatte en chaleur, pour se changer très vite en un vagissement de bébé, le braillement d’un enfant effrayé ou affamé, aussi bruyant qu’une sirène d’ambulance.
– S’il te plaît… supplia-t-il en berçant le sac et en susurrant une comptine dont il ignorait les paroles.
Mais seul le commentateur du match lui répondit :
– Coup franc à la limite de la surface de réparation. Sotil, Muñante et Cubillas tournent autour du ballon. Ils échangent quelques mots. On ne sait pas qui va frapper. Cinq joueurs forment le mur écossais…
L’enfant pleurait de plus en plus fort. L’homme allait reprendre la fuite, mais il comprit qu’il était trop tard. Attiré par les pleurs, quelqu’un s’était glissé jusqu’au muret. La première chose qu’il vit fut l’ombre d’un pistolet sur le torchis écaillé. Il voulut parler. Mais en tournant la tête, il put à peine articuler un mot.
Il connaissait cette personne. Ou croyait la connaître, avant de la rencontrer là.
– Toi… tu ne…
– Enlève ton sac.
Quelqu’un monta le son du téléviseur au moment où le commentateur disait :
– Muñante court vers le ballon et le laisse passer…
Il tenta de parler. Tout n’était peut-être pas perdu, comme dans le match, quand l’Écosse menait :
– Calme-toi, s’il te plaît. Je vais t’expliquer.
– Enlève ton sac, bordel !
Les paumes ouvertes, il lui demanda de rester tranquille. Il se rendit compte qu’il pleurait, les larmes coulaient sur ses joues. Lentement, il se débarrassa du sac rouge et le déposa par terre. Inexplicablement, le bébé s’était calmé. Comme s’il attendait le résultat de la confrontation.
– S’il te plaît, non…
– Ferme-la, imbécile.
– … et c’est Cubillas qui frappe enfin, sur la gauche du gardien, en haut et…
– Non…
– … But ! Buuuuuuut péruvien ! Et un sacré but ! Le “Petit” Cubillas se révèle dans cette coupe du monde en faisant un match historique ! Pérou 3, Écosse 1 !
À cet instant la clameur de la victoire éclipsa tous les bruits de Barrios Altos. Pendant le cri triomphal qui suivit, pendant les embrassades, les baisers, les éclats de rire, personne n’entendit les pleurs, angoissés et désespérés, d’un bébé dans un sac rouge, et encore moins la détonation définitive d’une arme à feu.