Ce qui fait la richesse et l’originalité du roman par rapport à un thème qui, lui, est classique, c'est la transposition de cette "tragédie" dans le milieu portugais. On pourrait presque dire, d'ailleurs, que le personnage principal, c'est Lisbonne. Lisbonne omniprésente, avec sa faune, tout ce petit monde lisboète dont les horizons sont dépeints par Eça comme limités et médiocres, mais avec tant de tendresse et d'ironie qu'on peut se demander si, derrière l'apparent dénigrement, ne se cache pas un grand amour pudique pour cette Lisbonne des années 1780.
C’est une étude des mœurs de la bourgeoisie de Lisbonne, un roman naturaliste, qui réunit, autour des deux héros vivant une relation incestueuse bien involontaire (ou plus exactement : non consciente), des types caractéristiques, tels que le poète inepte, le militaire anglais, la gouvernante anglaise, des avocats, des domestiques, des brésiliens, tout un petit monde sur lequel Eça se penche avec une verve sarcastique, un sens du dialogue et de la mise en situation qui font de ce livre une œuvre attachante et unique.
On peut lire cette "tragédie" comme un roman, l'analyser comme un essai, la savourer comme une tranche de vie, ou la déguster comme le formidable témoignage d'une époque et d'un pays.
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« L'écrivain-diplomate forme avec Camoes et Pessoa une trinité mythique. »Sean James RoseLIBERATION
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« D'un humour féroce, Eça de Queiros dissèque la molle société lisboète qui l'entoure. »Danielle SchrammTELERAMA