C’est quoi le programme ? demande Flick à tout bout de champ, c’est quoi le prochain boulot ? Flick est un homme à tout faire qui n’a plus rien à faire. Réparateur de choc, ouvrier modèle, il a passé sa vie à écumer les mines de lignite de la Lusace, en RDA : il est là pour que ça turbine. Mais depuis la chute du Mur, les mines de lignite ferment les unes après les autres, les machines sont à l’arrêt, et Flick est viré.
Déboussolé, mais pas bégueule, Flick le fier ouvrier va pointer à l’Agence pour l’emploi : il veut du travail, on lui donne des jobs, il veut agir, on lui demande de se calmer. C’est un homme d’action, prêt à intervenir, à foncer dans le tas, faire quelque chose. Du coup, il enchaîne les missions les plus rocambolesques, au risque de faire du dégât, le boulot n’étant pas toujours livré avec son mode d’emploi.
Armé de son casque rouge, de ses mousquetons, de sa corne d’appel, flanqué d’un petit-fils à capuche sympathique mais flemmard, il écume les unes après les autres, avec un systématisme acharné, toutes les formes du travail contemporain : cueilleur de fraises, gardien d’œuvres d’art, tronçonneur municipal… Don Quichotte contemporain, il franchit allègrement les frontières, participe à tout, se fâche avec tout le monde, sans jamais perdre son irrépressible envie de travailler.
Volker Braun signe ici une fable explosive, où le travail est tout aussi aliénant quand on en a que quand on n’en a pas ; son Flick, vieux de la vieille, fanatique du boulot, est le parfait représentant de ce grand bousillage que nous vivons aujourd’hui.
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"Le Grand Bousillage est un roman picaresque truculent qui exploite, à travers ce réparateur obsessionnel au bout du rouleau, tous les ressorts de la satire." Lire l'article iciJuliette EinhornAlternatives internationales
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« L’ex-RDA au bout du boulot, tour du monde du chômage dans Le Grand bousillage, roman picaresque de Volker Braun. » Article à lire iciEric LoretLibération
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« Passé et modernité, Volker Braun radiographie une évolution et se tient à distance de l’ancien monde socialiste comme du nouveau monde virtuel, dématérialisant le travail. […] Un duo de personnages hilarant, une façon de réintroduire le picaresque dans une littérature calme et vertueuse. » Article à lire iciJean-Philippe RossignolArt Press