Lorsque William Wilson, un jeune prestidigitateur alcoolique dans la dèche, décroche un contrat pour une tournée dans des cabarets de Berlin, il croit que sa chance a tourné. En effet, au cours de son dernier spectacle à Glasgow, il a rencontré des spectateurs qu’il préférerait oublier. Entre autres, il a subtilisé pour le compte d’un ami un portefeuille contenant la photo d’une femme, et son client a été assassiné.
Dans les bas-fonds de Berlin, entouré de femmes ambiguës et d’escrocs, il perd son cœur et la tête. Cependant il a du talent, surtout pour ce tour de prestidigitation qu’on a surnommé le “Tour maudit” et c’est là qu’il va être rattrapé par les secrets et que la frontière entre le théâtre et la réalité va s’estomper pour lui.
Illuminée par le charme décadent du théâtre burlesque, cette aventure contemporaine tient le lecteur en haleine jusqu’à l’explosion finale.
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"C'est malin, bien écrit et bien traduit, fait assez rare pour être ici souligné."Ronan LancelotVOCABLE
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"L'auteur embarque son lecteur dans ce polar au faux rythme lancinant et à l'excellent final où le protagoniste principal se sert parfaitement de son métier pour s'en sortir."Christophe DupuisL'OURS POLAR
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"Un texte plein d'esprit et un style alerte au service d'une histoire à l'atmosphère pourtant mélancolique. Les personnages sont impeccables, les dialogues excellents, l'auteur sait planter le décor et résoudre une intrigue. Que demander de plus ?"Valérie LapierreUPSTREET
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"Impossible de ne pas applaudir une romancière réussissant une extraordinaire scène où la mère de Wilson lui offre des chaussettes en solde et lui demande où il en est niveau caleçon!"Alexandre FillonLIVRES HEBDO
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"Culpabilité, illusion, déchéance et rédemption : autant de thèmes qui auraient fait le bonheur de Fritz Lang ou d'Orson Welles et qui sont traités ici avec brio jusqu'à un ultime rebondissement plutôt inattendu !"Eric SteinerLA LIBERTE
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"Louise Welsh s'approprie avec talent l'univers des cabarets et le monde de la magie, créant une atmosphère sombre et désuète."Christine GomarizPARIS MATCH
GLASGOW
Les roues de l’avion ont touché la piste, et la secousse m’a réveillé.
“Je vous envie, c’est un don du ciel.”
La blonde assise à côté de moi a souri. Je me suis passé la main sur le visage.
“Pardon_?”
“Vous avez dormi comme une souche depuis Tegel. Vous avez de la chance, je ne dors pas comme ça dans mon propre lit.”
En temps normal, je lui aurais peut-être demandé comment elle dormait dans le lit des autres, mais j’ai gardé ma brillante remarque pour moi et j’ai attendu que le pilote nous pose en douceur après quelques à-coups_: un vol comme_les autres. Le signal des ceintures de sécurité s’est éteint et les commerciaux se sont levés pour récupérer leurs sacs dans _les coffres à bagages situés au-dessus. Un téléphone portable s’est allumé en carillonnant et un homme a dit_: “Je te rappelle dans dix minutes. Je suis dans l’avion.” Il a ri. “Non, c’est bon, on a atterri.” Ma voisine insomniaque s’est levée et j’ai sorti ma valise d’accessoires rangée sous le siège devant moi. Elle m’a semblé lourde, mais je n’y avais rien ajouté à Berlin, à part l’enveloppe bourrée à craquer de billets de banque que je n’avais pas pris la peine de compter.
La queue de passagers a avancé lentement dans l’allée avant de descendre l’escalier métallique puis sur le tarmac. Personne n’a embrassé la piste d’atterrissage. J’ai resserré mon manteau autour de moi et j’ai gardé les yeux baissés.
Une longue file de bagages tournait en brinquebalant sur le tapis roulant, mais j’avais laissé ma valise cassée ainsi que son contenu dans une chambre d’hôtel à Berlin.
Le contrôleur de la station de taxis était protégé des éléments par une veste fluorescente qui semblait être une pièce de son uniforme et par une vieille casquette à carreaux qui n’en faisait pas partie. Il a claqué la portière du taxi derrière _le passager installé en toute sécurité à l’avant puis s’est tourné vers moi.
“Vous allez où_?”
“Glasgow.”
Il a affiché un sourire patient, en homme habitué au décalage horaire et au mauvais anglais.
“Où ça, à Glasgow, jeune homme_?”
“Au centre-ville.”
Il a écrit quelque chose sur la feuille fixée sur sa planchette en disant_:
“Ça ira.”
Puis il a fait signe d’avancer à l’un des taxis blancs.
Le chauffeur m’a posé la même question que son supérieur. Cette fois-ci, j’ai dit_:
“Vous savez où je pourrais louer une chambre meublée dans le centre_?”
Il m’a regardé dans le rétroviseur, où il pouvait voir le visage que j’avais aspergé d’eau fraîche dans les toilettes pour hommes à peine quelques minutes plus tôt. Un visage quelconque avec un profond sillon au milieu du front qui pouvait suggérer une nature impitoyable ou inquiète, mais rien qui soit susceptible de me faire remarquer au milieu d’une foule.
“Il y aura un petit billet pour vous.”
Et il nous a fait quitter l’aéroport, entrer dans Glasgow et prendre la direction du Gallowgate.
Assis à l’arrière, j’ai fermé les yeux, me demandant comment j’avais pu me mettre dans une galère pareille et ce qui m’attendait dans cette ville qui autrefois était la mienne.