Devant le titre, le lecteur pense aux multiples voix qui s’élèvent dans l’arène politique: voix d’Hitler, voix de De Gaulle, voix de Martin Luther King, et aussi à sa propre voix, celle qu’il dépose à chaque élection pour l’unir à celles qui ont fait le même choix que lui.
La banalisation de l’adage vox populi, vox Dei en a émoussé la portée et les angles, une simple traduction l’arrache au sens figuré et lui restaure singularité et force : “ La voix du peuple, c’est la voix de Dieu “. Assertion sacrilège? Profanation de la voix divine ou sacralisation de la voix du peuple? Les systèmes démocratiques sont fondés sur cette formule énigmatique.
Michel Poizat, poursuivant sa démarche originale sur la voix et la musique, s’attache ici au rôle de la voix dans la constitution du “lien social” comme le manifestent la coutume, par exemple, des hymnes nationaux ou sportifs, ou celle du “haka” des rugbymen néo-zélandais. Etablissant comment la voix noue le politique au sacré, il propose également un éclairage nouveau sur l’ambivalence profonde des enjeux et de l’usage mortifère que le nazisme a pu faire de ce lien. Terrain d’étude sinistre mais révélateur de ce qui peut se jouer entre voix, politique et sacré.
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« Une démarche originale sur la voix et la musique. »L'ALSACE