Les libraires aiment

Le Carnet à spirales

Libraire : Jean-Baptiste Hamelin

CHARLIEU

Un immeuble en plein cœur de Luanda, capitale de l’Angola. Un lieu étrange, ouvert au vent, avec une brèche d’où s’écoule une fuite d’eau douce. Un immeuble tel un mille-feuille de la société angolaise. Original et superbe !

Ondjaki, « guerrier » en langue kimbundu, dégaine les armes de l’originalité littéraire afin de dresser un tableau saisissant de l’Angola. Le roman oscille continuellement entre élégance poétique, trouvailles narratives, portraits décalés. Les protagonistes des Transparents sont des gens simples en quête d’un objectif certain, parfois fort, parfois ridicule. En échangeant leurs sentiments et leurs souvenirs, ils deviennent très attachants. Odonato, soucieux du bien-être de ses enfants, cesse de manger afin de les nourrir et devient transparent. Ces voisins peuvent voir les veines au travers de son corps. Il devient si léger qu’il doit être attaché. Cet être transparent est un peu l’épine dorsale du roman. Sa fille Amarelinha, brodeuse de perles, tente d’approcher MarchandDeCoquillages, ce jeune homme accompagné continuellement par l’aveugle. Œuvre poétique donc, œuvre originale certainement, mais œuvre au service du peuple angolais, car Ondjaki dénonce avec ironie les changements actuels de son pays. Hors de l’immeuble s’agite la foule des affairistes, des ministres, de tous ceux attirés par les ressources naturelles du pays. Là est la force d’Ondjaki, cette pertinence du propos, cette littérature magnifique au service d’un peuple. Ce livre accompagne Ondjaki depuis de nombreuses années. Il a grandi en temps de guerre dans un Angola devenu indépendant. Son roman est la voix de ceux, Angolais, habitants de Luanda, qui n’ont pas voix au chapitre. Alors, justement, chapitre après chapitre, il leur donne la parole avec un talent vertigineux, avec une profondeur d’analyse remarquable, pour que Les Transparents devienne le chant universel d’une Afrique en transition.