« Une comédienne, on ne cherche pas à savoir qui elle est. Une comédienne, on l’invente. Une comédienne est un rêve. » La comédienne de ce roman, l’actrice trans la plus connue du monde, peut vivre toutes les vies sur scène mais se sent acculée par un nouvel événement dans son quotidien : elle a décidé, contre tout bon sens, de fonder une famille.
Contre l’avis de tout le monde aussi, elle décide de monter une pièce de Jean Cocteau,
« pourquoi pas quelque chose de moins français, de moins tordu ? », et de tenter, en plus, un retour périlleux au village natal pour voir ses parents… Toutes les conditions sont réunies pour raconter une histoire d’amours, des amours violentes, déchirantes, mais aussi mémorables et tendres.
Ce roman élégant, érotique et profondément universel est un coup de pioche dans les fondations de la famille et des traditions, une exploration brutale d’un couple atypique (mais quel couple ne l’est pas ?), un livre sur les mille et une manières de désirer, de provoquer, de ressentir.
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La justesse et l'intensité.Immensément mon premier cri d'amour de la rentrée.Charlotte
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Un vrai coup de cœur. Un récit à vif, très émouvant, je trouve, au milieu de la vilénie. J'aime ce roman parce qu'il m'ouvre les yeux sur d'autres existences, d'autres ressorts sociaux.Olivier
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"J'ai terminé cette nuit la lecture de Histoire d'une Domestication de Camila Sosa Villada. Génial ! Je suis toujours épatée par la finesse et la crudité de sa langue, par sa virtuosité à mettre à nu la beauté de l'amour et ses désillusions, à capter avec tendresse l'humanité de ses contemporains alors même qu'on aimerait parfois les clouer au piloris. Merci ! Ce fut une lecture douce et brutale à la fois, une lecture qui remet le lecteur. la lectrice à sa place d'observateurice et de complice de nos actions, parfois courageuses mais souvent lâches. Je l'ai aimé ce personnage de comédienne, en dépit de la peur qu'il m'inspirait, à la lecture de sa fureur, de son courage et de sa liberté. J'ai ri aussi, beaucoup, d'un rire grinçant, pas toujours sûre que son détachement et son ironie ne me visait pas moi. Voilà, c'est un livre qui m'a beaucoup parlé, dont je vais beaucoup parler et qui fera beaucoup parler."Nolwenn
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"La justesse et l'intensité. Immensément mon premier cri d'amour de la rentrée"Charlotte Desmousseaux
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C'est l'histoire d'une femme qui a fait des choix (pas toujours les bons), qui les assume (pour certains), qui tente, par sa force, sa hargne et son talent de donner le change, mais qui reste vulnérable. C'est l'histoire d'une femme emplie de failles, mais aussi de puissance et qui ne veut pas se laisser domestiquer.Ludivine
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"Un hymne à la liberté d’aimer et à la tolérance."Camille Deforges
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« Attendez-vous à être bousculé par le deuxième roman de Camila Sosa Villada, autrice argentine agréablement libre qui s’empare d’un sujet épineux, celui des familles différents, ‘hors cases’. […] Vulnérables, fragiles et entiers, les personnages de Sosa Villada provoquent de l’émotion chez le lecteur, de l’attachement parfois douloureux. […] Et enfin, la langue précise devient incandescente, torrent insoumis, quand le sexe enflamme ces pages. »Jean-Baptiste Hamelin
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« Une héroïne d’une liberté folle, un roman insolent et audacieux. Ca décape !!! »Géraldine
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« Après Les Vilaines, voici le nouveau roman de Camila Sosa Villada. On suit une comédienne trans en Argentine et cette femme est incroyablement attachante ! »
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Camila Sosa Villada revient avec le portrait sans concession d’une femme trans, actrice célèbre, diva complexe et froide, sombre et vulnérable, qui s’enferme peu à peu dans un couple et une vie de famille. De la difficulté à être en couple, à supporter la routine qu’impose la vie de famille, en passant par les violences subies par les femmes trans, l’autrice nous livre un texte fort et maîtrisé. Vivement conseillé.Kleber
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« Magnifique roman sur l’amour sous toutes ces formes et le besoin absolu de liberté. »
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« Histoire d’une domestication est un livre qui se démarque dans cette rentrée 2024. On y suit une actrice talentueuse, femme trans, au caractère bien trempé et au fait de ce qu’elle est, de ce qu’elle vaut. Avec sa vie atypique, voilà un personnage rafraîchissant dans le paysage de la littérature queer. Un roman parfois cru, parfois touchant et ô combien humain : un véritable diamant brut ! »
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« J’ai été conquise par Histoire d’une domestication, une histoire d’amour déjantée, trash, transgressive et qui pourtant pose elle aussi les questions essentielles de ce qu’on donne et ce qui nous est pris. »Laurence
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« Après Les Vilaines, l’autrice nous offre un texte décapant, bouleversant le schéma familial traditionnel et nous conte des histoires d’amours parfois violentes, parfois déchirantes mais souvent tendres. Des personnages inoubliables… évoqués avec tendresse, délicatesse et sensualité. »Hughes
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« Chez Camila Sosa Villada, l’amertume n’est qu’à un pas de la joie, la liberté des corps n’empêche pas la jalousie et la flamboyance cohabite avec la mesquinerie. Tout est écrit sans fard, dans un style romanesque inimitable et une langue crue et créative. Un grand coup de cœur. »
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« Un des premiers cups de cœur de cette rentrée : une écriture percutante, des personnages forts – cette comédienne ! –, un fil narratif intelligent, et aussi un érotisme fulgurant : l’Histoire d’une domestication est une grande claque dans le visage des idées préconçues sur l’art de faire famille. »
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« Quel CHOC que ce texte ! Une scène d’ouverture hypnotisante, un personnage principal fascinant de complexité, une destruction méthodique de tous nos a priori… Difficile de dire en quelques mots le génie de Camila Sosa Villada et de son roman magistral. »
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« Immense coup de cœur ! Après Les Vilaines, Camila sosa Villada revient avec un texte flamboyant ! […] C’est diablement drôle, coquin, irrévérencieux, ça casse les codes et nous rappelle Copi… Bref, encore une réussite ! »
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« Après Les vilaines, Camila Sosa Villada transforme l’essai avec ce prodigieux texte sur la famille, le couple, les apparences. A la croisée du personnage de Gena Rowlands dans Opening Night et de l’univers de Pedro Almodovar, ce portrait d’actrice trans est une merveille. Sensuel, captivant, universel. »Cyprien
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« Camila Sosa Villada est de retour après l'excellent Les Vilaines toujours aux éditions Métailié. Elle dresse le portrait féroce, brutal et tendre d'une grande comédienne trans. Le quotidien l'étouffe bien souvent et met à mal ses principes, ses idéaux, ses envies. Tout est questionné : le couple, la parentalité, la sexualité, la famille, la relation à l'autre finalement. À lire absolument ! »Morgane
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« Viscéral et mélo, délicat et brutal, féroce et émouvant. Ce portrait d’une comédienne trans résolue à fonder une famille nous emmène dans une brèche située quelque part entre Cocteau et Cassavetes mais qui n’appartient qu’à Camila Sosa Villada. Un royaume d’une obscure et pénétrante puissance. »Guillaume
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« Quel spectacle ! Brut et authentique, d’une liberté rafraichissante. C’est un roman jouissif qui nous fait ressentir une grande liberté et une grande fraîcheur. Mais aussi, par moment, un côté plus sombre de l’humanité. Et ce qu’il nous reste au final en refermant ces pages, c’est une saveur douce-amère qui reste longtemps en bouche. Sans aucun doute, pour ma part, c’est une de ces pépites de la rentrée littéraire qui perdurera dans le temps. C’est, en tout cas, ce que je souhaite à ce roman ! »Marcos
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« Révélée par son premier ouvrage Les Vilaines, l’écrivaine argentine signe un nouveau roman à la fois tendre et percutant sur la parentalité et l’importance des liens familiaux, rompus ou non. »
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« Une superbe découverte qui laisse une forte empreinte. »Emmanuelle
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« C'est d'une plume crue et insolente que l'autrice annonce l'histoire d'une comédienne transgenre, au caractère bien trempé et au quotidien mouvementé. […] On devient spectateur.ices de son spectacle, de sa transition, de l'adoption de son fils, de son mariage et de sa famille issue d'un milieu modeste. Son personnage en plus d'être révolté, il est sensible ! Le phrasé est immergeant, déchirant, tout en désignant un destin plus que sensationnel d'une comédienne de théâtre de renom. »Charlie
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« Une diva qui joue ses drames sur scène et dans la vie. Un roman décapant ! »
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« La comédienne trans la plus célèbre d’Argentine aime surprendre, aller à l’encontre de ce qu’on attend d’elle : c’est cette liberté qui la rend séduisante, invivable et essentielle aux siens. Est-ce que faire le choix de se marier et d’avoir un enfant est un acte de liberté ? C’est ce que nous allons voir… »
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"Elle est La Comédienne. Il est L’Avocat. Ils adoptent L’Enfant. Ils essayent de faire famille différemment. Mais peut-on vraiment échapper à la domestication, ne pas ressembler à ses parents? C’est la question que se posent Camila Sosa Villada et l’héroïne, avec humour, vivacité et dans une langue sensuelle et réjouissante : FONCEZ !!"
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La comédienne est au sommet de sa gloire, elle brille dans les soirées de la grande bourgeoisie queer argentine, mais fille des montagnes, elle n'y trouve pas sa place. La comédienne s'est mariée, et ses amies l'ont accusée de trahison ... Un livre d'une tension extrême entre désir d'être et repli normatif.Roxane Moreil
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Avec une plume à la Despentes, l'autrice, sur toile de fond du quotidien d'une actrice mondialement reconnue, décrit les difficultés que rencontrent les personnes transgenres dans leur quotidien. Face à leurs familles, leurs ami.e.s, leur sexualité. Bref face au monde qui les entoure. Un récit cru et poignant à ne pas manquer.Max
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"La radicalité assumée de Camila Sosa Villada en déstabilisera plus d’une, l’exhibitionnisme de ses personnages en choquera plus d’un. Une claque pas moins salvatrice quand on sait combien la vie des personnes trans à travers le monde rime encore bien souvent avec survie."Site Cult News
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"Après le succès retentissant de son premier roman, l'auteure argentine revient avec une fiction sulfureuse et viscérale, toujours aussi sombre et lumineuse."Loraine AdamRolling Stone
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"Attendez-vous à être bousculé par le deuxième roman de Camila Sosa Villada. […] n. Hommage formidable à la scène, à la création, à la grandeur de ces comédiens inoubliables, Histoire d'une domestication interpelle également sur cette délicate équation : endosser des rôles et vivre le sien au quotidien […] la langue précise devient incandescente, torrent insoumis, quand le sexe enflamme ces pages."Jean-Baptiste HamelinPage des libraires - Librairie Le Canet à spirales
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Ecouter le podcast de l'émission ici (à partir de 14min)Céline du Chéné et Marie SorbierFrance Culture - Les midis de culture
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"On croit lire, durant les premières pages, le portrait léger, champagnesque, d’une diva très XXe siècle. […] bien vite, le portrait qu’on croyait lire se corse, creuse ce que les caprices de la star recouvrent, va loin dans ses tréfonds. […] Comment faire famille, qu’est-ce que la vie domestique fait de nous, pourquoi se désire-t-on ? Questions vertigineuses auxquelles la romancière Camila Sosa Villada, elle-même trans, répond avec tendresse et crudité mêlées."Thomas JeanMarie Claire
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"Voilà un roman très neuf sur des thèmes pourtant éternels : l’amour qui s’éteint, la jalousie, les ressentiments accumulés, le quotidien qui tue un mariage, les maux de tête quand l’enfant crie et une sexualité qui ne se pratique bientôt plus qu’à l’extérieur du couple. Un récit sans filtre, de Camila Sosa Villada, devenue star de la littérature sud-américaine avec Les Vilaines (Métailié, 2021)" Lire l'article iciHugo WintrebertVanity Fair
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"Après son roman autobiographique Les Vilaines, l’autrice argentine Camila Sosa Villada explore les pièges de l’amour et du désir dans Histoire d’une domestication. La réussite sociale d’une actrice travestie lui donne l’occasion d’interroger ce besoin de s’intégrer, d’appartenir à un monde qui la rejette. Avec une sincérité désarmante, elle revient sur son parcours et sa manière si singulière de s’inscrire dans le paysage littéraire latino-américain."Melina BalcazarSite En attendant Nadeau
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"En une trentaine de tableaux portés par une langue féroce, sensuelle, ainsi qu'une élégance d'esprit et de cœur, Camila Sosa Villada fouille la vie de famille d'un couple atypique piégé dans "une vie réglée" - une situation assez universelle. Une des voix les plus intenses d'Amérique latine."Sandrine MarietteELLE
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"Camila Sosa Villada a débarqué dans le ciel littéraire en 2021, comme un coup de tonnerre ou un oiseau de paradis, avec Les Vilaines, immense succès en Argentine, où elle est née. Elle s'y inspirait de sa propre vie de femme trans pour raconter celle d'une poignée de prostituées de Cordoba élevant un bébé orphelin. La voici de retour avec cette Histoire d'une domestication qui met en scène "la pire trans d'Argentine" (comprendre la plus dérangeante, la plus incandescente, la plus irrésistible), que l'on ne connaîtra que sous le nom de "la comédienne", qui puise aussi dans le vécu de Camila Sosa Villada, née comme elle à la campagne, rescapée de son homophobie et de sa misogynie. […] ce roman féroce et beau à vous en décrocher le cœur projette un éclairage impitoyable sur les poisons qui rongent le couple"Elise LépineLe Point
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"Une narration pénétrante, froide et chirurgicale qui fait d'Histoire d'une domestication un texte fascinant. II expose les coulisses d'une famille, la manière dont les êtres qui la composent poursuivent une forme de conformité tout en se persuadant qu'ils s'affranchissent du modèle dominant. II fait état de leurs contradictions, de leur mauvaise foi et, indéniablement, de leur attachement viscéral les uns aux autres."Camille CloarecLe Matricule des anges
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Lire l'article iciSite Les Inrocks
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"Malin et percutant." Lire l'article iciSophie RosemontSite Vogue
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Lire la chronique iciSite Le Suricate
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"Un livre écrit avec une langue volontiers insolente, volontiers crue, une langue de cheval qui se cabre." Ecouter le podcast de l'émission ici (à partir de 41:55)Blandine RinkelFrance Inter - Le Masque et la plume
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"Un texte envoûtant, fragile, cru de l'autrice des Vilaines (2019), […] diamant de la rentrée. En lisant Camila, nous sommes dans la tête, le cœur et la sexualité de son héroïne. Sa radicalité, son exigence de liberté viennent de son identité de personne trans. Ses douleurs, sa mélancolie aussi. Entre introspection lucide et fable onirique, Histoire d'une domestication parle de l'intérieur d'une identité choisie et non subie avec des accents de vérité inconnus jusqu'ici sur un sujet qui continue de diviser et d'effrayer certain-es."Laure AdlerLes Inrockuptibles
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"On avait adoré Les Vilaines (Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2021), on retrouve la puissance de son verbe dans ce texte qui, dans la droite ligne de Gena Rowlands, pourrait être un portrait en creux de toutes ces comédiennes animées par la passion. On retrouve aussi la flamboyance de ses sentiments dans ce texte rouge, rouge sang, rouge théâtre."Bernard BabkineMadame Figaro
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"Avec son style féroce et cru, Sosa Villada s'attaque à l'embourgeoisement, à la famille comme institution et à l'hypocrisie du milieu de la culture."Les Inrockuptibles
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"Entre deux épisodes de défonce pornographique d’une suprême crudité, les observations psychologiques de la romancière contrastent par leur élégante finesse : ainsi analyse-t-elle la théâtralité masculine et la manière dont les machos indexent leur pouvoir de fascination érotique sur la crainte qu’ils exercent. La sexualité du couple est si extravagante qu’elle relève du cirque, manière de désamorcer toutes les tensions, jalousies et rivalités qui se voient réduites à la fonction d’excitants au même titre que le viagra, les ragots et le tarot divinatoire. Le miracle, c’est que les sentiments se développent en marge et en dépit de cette formidable pagaille. L’important, comme le souligne la romancière, est de trouver le moyen de vivre en se faisant le moins de mal possible, "mais tout le monde n’avait pas envie de tolérer une telle dégénérescence."Lucien d'AzayTransfuge
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"Un très grand roman, tragique et lumineux." Lire la chronique iciBlog America Nostra - Nos Amériques
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"Histoire d’une domestication est un vrai uppercut de cette rentrée en littérature étrangère." Lire la chronique iciBlog Baz'Art
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Podcast à écouter ici : La feroz domesticación, según Camila Sosa Villada - Escala en París (rfi.fr)Florencia ValdésRFI espagnol
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"Des scènes d'un érotisme brûlant émaillent ce roman poignant qui sape les bases de la famille traditionnelle. Son héroïne est une femme puissante qui ne veut rien se refuser, quel qu'en soit le prix à payer. Car c'est le prix de sa liberté."Sandrine PoissonnierLe progrès de Fécamp / Paris Normandie
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"Aussi loin que remontent mes souvenirs, je vis dans le monde de Javier Milei" Lire l'article ici : L’écrivaine Camila Sosa Villada : « Aussi loin que remontent mes souvenirs, je vis dans le monde de Javier Milei » | MediapartLudovic LamantMediapart
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"C’est un roman caustique et pessimiste, qui va loin dans la manière de croquer un milieu, mais surtout, un système : le système familial traditionnel." Chronique à écouter ici : "Histoire d'une domestication": mordre le couple bourgeois | France Culture (radiofrance.fr)Lucile CommeauxLes Matins de France Culture
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"S'il y a bien un livre pour parler de transidentité sans condescendance, c'est celui de Camila Sosa Villada, qui se montre aussi impitoyable avec son héroïne que celle-ci peut l'être avec ceux qui l'entourent. Voilà un roman sans concession, à la fois intellectuel et primaire, qui appelle un chat un chat et n'hésite jamais à se faire cinglant. Pas du genre à cacher la poussière sous le tapis, la romancière met ses personnages à nu, se riant de leurs bassesses et mettant en lumière leurs frustrations pour mieux parler d'un sentiment universel : la solitude." Article à lire ici : La rentrée littéraire 2024 en dix sublimes romans étrangers | Slate.frThomas MessiasSlate.fr
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"Après Les Vilaines, son premier ouvrage coup de poing et très remarqué, Camila Sosa Villada revient avec une plume qui frappe à l'estomac. Redoutablement efficace. Simultanément élégant et violent, fin et brut, ce roman est une réussite dans l'alliance des contraires."Nicolas AguirreTélé star jeux
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"Qu’il s’agisse de scènes de sexe, époustouflantes, ou de violence psychologique, Camila Sosa Villada ne s’embarrasse pas de pudeurs inutiles. Si l’amour est une guerre et le foyer un champ de bataille, la maternité, déjà présente dans les Vilaines, se vit aussi comme une confrontation. Le couple – et le roman tout entier – est une scène de théâtre où règne la comédienne, mélange flamboyant d’Anna Magnani, de Carmen Maura période Almodovar, et de Gena Rowlands dans Opening Night de Cassavetes. Une femme qui toise la mort comme un taureau dans l’arène."Sophie JoubertL'Humanité
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"Camilla Sosa Villada signe avec Histoire d’une domestication un deuxième roman mélodrame fait de pleurs, de sang et de sperme, où excitation rime avec amour impossible. Une comédienne trans de renom, mère de famille et mariée à un homme gay, s’émancipe et se débat contre les injustices d’une Argentine classiste et sexiste." L'intégralité de l'article IciClovis MailletAOC
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"Roman assez estomaquant de sincérité et de crudité, aux scènes sexuelles explicites il faut le préciser mais d'une finesse rare, presque classique, dans la peinture des sentiments, des relations familiales et sociales. De la "domestication" que celles-ci – la famille, la société – infligent aux désirs, aux rêves. […] Un livre et une héroïne qui saisissent."François MontpezatLes Dernières Nouvelles d'Alsace
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"L’autrice sait surprendre son lecteur, et confirme son talent à forger des uppercuts littéraires."Youness BousennaTélérama
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"Camila Sosa Villada nous transporte dans son monde avec beaucoup de transparence." Lire la chronique complète iciBlog Sur la route de Jostein
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"Camila Sosa Villada est une autrice qui bouscule, déstabilise, donne matière à réfléchir. Et j’adore." Lire la chronique complète iciBlog Fairy Stelphique
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"L’écriture flamboyante de Camila Sosa Villada fait de la comédienne un personnage des plus marquants." Lire la chronique complète iciBlog Voyages au fil des pages
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"Un bonheur !" Lire la chronique complète iciSite WeCulte
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"J’aime les histoires qui me bousculent un peu, beaucoup, j’aime l’ouverture d’esprit des Éditions Métailié, qui mettent en avant pour leur rentrée littéraire un roman tout sauf classique." Lire la chronique complète iciBlog Temps de lecture
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"L'intensité règne dans pratiquement toutes les pages d’Histoire d'une domestication. Il est rare de lire un roman aussi puissant et souvent inconfortable que celui de Camila Sosa Villada." Lire la chronique complète iciBlog Cinéphile m'était conté
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"Avec son écriture féroce, viscérale et sensuelle, [Camila Sosa Villada] dresse un portrait quasi tragique d'une néo-Bovary qui refuse de se soumettre, et dissèque le couple, cette bombe à retardement."Amandine SchmittLe Nouvel Obs
Il était une fois une comédienne
Une comédienne. Seule sur scène.
Depuis le balcon, le parterre, le paradis, le public la regarde.
Il n’y a pas un fauteuil de libre.
On voit les gens de la classe moyenne qui peuvent se payer une entrée pour aller au théâtre. Le parfum des femmes est entêtant, l’odeur de la laque qui émane de coiffures rigides comme des casques. Les hommes s’accrochent aux accoudoirs de leurs sièges, mal à l’aise et pressés de s’en aller, comme s’ils étaient là contre leur gré. Quelqu’un fait crisser l’emballage de chocolats qu’il avale sans mâcher. Les plus jeunes sont attentifs, détendus, ils appartiennent à cette classe de gens qui vont au théâtre en tenue de sport, ils se tiennent à distance des habitudes des vieilles endimanchées, comme au temps de splendeur de l’opéra.
L’air est à couper au couteau.
La scénographie représente une chambre qui, si elle était propre, pourrait être une pièce élégante sentant le patchouli et les crèmes de beauté. Il s’agit d’un espace qui évoque un appartement des années 40. Mais tel qu’on le voit là, en désordre, on dirait un taudis sans classe aucune, une planque crasseuse et désordonnée. Tout est sens dessus dessous, comme si une bombe venait d’exploser ou comme si une chienne déchaînée avait détruit la pièce en l’absence de sa maîtresse. Au fond, une porte ouverte de manière très étudiée permet de découvrir une salle de bains recouverte de carrelage rouge et avec un miroir rond. Les rideaux de scène couleur bordeaux contrastent avec
l’édredon blanc et noir qui couvre le lit situé au centre de l’espace. La comédienne bondit, se tord, se traîne et grimpe depuis le plancher jusqu’à la rampe avec ses lumières sus pendues. Elle semble possédée. Elle campe une femme hors d’elle, sur le point de devenir folle ou qui l’est déjà, une femme qui parle au téléphone avec un homme, de manière désespérée, au milieu des pleurs, et s’étouffe avec le souffle de sa propre respiration. C’est La Voix humaine, de Jean Cocteau. Les plus grandes comédiennes un jour ou l’autre ont joué cette œuvre. Même Humberto Tortonese l’a représentée en Argentine, il y a quelques années. Même Anna Magnani et Ingrid Bergman l’ont jouée pour la caméra de Rossellini. Tilda Swinton a interprété un rôle dans un court-métrage de Pedro Almodóvar inspiré de La Voix humaine. Dans La Loi du désir, Carmen Maura a également joué quelques fragments de la pièce et cassé la scène à grands coups de hache.
Notre comédienne, celle qui à présent se trouve seule sur scène, ne pouvait faire moins. Elle voulait interpréter un monologue comme celui-là. Histoire de se faire plaisir, question de prestige, interpréter La Voix humaine de Cocteau à ce moment précis de sa carrière. Elle faisait partie des actrices soucieuses de ces détails : quel texte choisir, avec quel metteur en scène, quels partenaires et pour quelle raison. C’était le luxe que lui permettait le succès. À vrai dire, elle a mené ses débuts anonymes de la même manière, mais avec moins d’argent. Elle a toujours fait ce qu’elle a voulu. C’est pour ça qu’elle joue une œuvre écrite par Jean Cocteau alors qu’il y a des milliers d’auteurs de théâtre qui meurent d’envie d’écrire pour elle. Mais la comédienne réfléchit rarement à ses caprices. Elle les assouvit. Elle avait seulement besoin de ce nom à côté du sien, sur l’affiche. Interprétée par une telle et écrite par un tel. Rien d’autre.
La première réponse de ses producteurs avait été non. Elle leur avait fait gagner énormément d’argent comme
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figure phare de leur compagnie, mais ils avaient quand même dit non. Son agent avait été moins catégorique, mais il l’avait mise en garde : “Le public ne va pas être emballé, c’est le danger avec une œuvre comme celle-là.” Le mot “démodé” avait été répété au fil des discussions pour la convaincre de renoncer à son petit caprice de La Voix humaine. Ils prétendaient que les droits étaient trop chers, qu’au temps du féminisme il n’y avait plus de place pour des héroïnes de ce type, que la critique allait la descendre en flammes et la traiter de ringarde.
- C’est l’histoire d’une vieille folle, angoissée d’un bout à l’autre de la pièce. Que vont dire les féministes ?
- Les gens ne s’intéressent plus aux mélodrames.
- Sauf à ceux de Puig. Les Argentins aiment Puig. Pourquoi pas une œuvre de Puig ? Pourquoi pas quelque chose de moins français, de moins tordu ?
On lui avait proposé mille alternatives. Les critiques n’en finissaient pas.
Mais non, ils n’ont pas réussi à la faire renoncer.
Elle a cherché le propriétaire d’un théâtre avec une salle de huit cents places en plein centre-ville et l’a convaincu de la lui réserver durant toute une année. Elle a convoqué une scénographe cotée en Bourse, comme on dit, s’est entendue avec une costumière qui avait passé les dernières années à travailler à Broadway, et a renoncé à deux projets de film où on lui proposait des premiers rôles. Des contrats enviables. Puis, dans un coup magistral, elle a fait appel à un metteur en scène qui avait dirigé les plus grands succès publics et critiques d’Amérique latine et travaillé avec les meilleures comédiennes. Un metteur en scène qui lui garantissait au moins trois ou quatre mois de salle comble. Un beau mec qui portait son âge mûr on ne peut mieux, qui les rendait toutes folles. Elle l’a séduit, l’a enveloppé dans son parfum et sa méchanceté, et elle a fini par le convaincre de la diriger en le baisant dans les toilettes d’un avion, entre Panamá
et Guadalajara. Tout cela à l’insu de ses producteurs et de son agent.
Elle a même décidé d’investir sa modeste fortune dans l’aventure, qui était sa route des Indes. Elle cou rait le risque d’y perdre les économies réalisées durant de longues années d’auto-exploitation, mais cela lui était égal. Que ça plaise ou non, qu’elle échoue ou non, c’était la dernière de ses préoccupations. Ce qui était sublime, c’était d’avoir encore le temps de jouer La Voix humaine de Jean Cocteau car, tout en étant encore relativement jeune, elle était mûre côté scène. Ce qui était sublime, c’était de ne pas jouer cette pièce pour payer son loyer ou l’école de son fils, mais parce qu’elle en avait envie.
Elle allait le faire, avec ses producteurs ou sans eux. Et elle l’a fait, avec et malgré eux.
Et voici qu’elle est là depuis deux ans, chaque fois plus riche, envoûtant son auditoire grâce à l’amplitude de son registre de voix, à sa résistance d’athlète, aux vraies larmes nées dans la tristesse, à son corps aussi fin que celui d’un lévrier et parce qu’elle était entièrement disposée à croire que Jean Cocteau avait écrit cette pièce pour elle.
Dans la pièce, la protagoniste parle au téléphone avec un homme dont elle vient de se séparer et qui représente son seul bonheur. C’est une femme ordinaire, sans aucun éclat, tout juste une menteuse désespérée qui s’agite dans l’eau pour ne pas se noyer. Plus encore, c’est une femme ordinaire et menteuse qui attend un appel téléphonique. Dorothy Parker boirait un bourbon à sa santé. La conversation s’interrompt si souvent en raison de la vieille technologie qu’elle utilise – celle des téléphones à cadran et des opératrices – qu’elle en devient folle. Il faut être de marbre, il faut avoir du yaourt qui coule dans les veines pour ne pas devenir folle dans une situation pareille, à la fin d’une histoire d’amour.
Elle s’apprête à composer le numéro encore une fois et à supplier l’opératrice d’intercéder pour elle.
Dans le public, quelques visages – ceux qui la voient pour la première fois, pas ceux qui sont revenus, subjugués – semblent dire : elle n’est pas si extraordinaire, elle ne joue pas si bien, je ne sais pas pourquoi j’ai payé cette place hors de prix. D’autres, plus indulgents, ont l’air de se trouver devant le Messie. Faisant abstraction de tout, elle joue avec fureur. Elle tente de tirer une confidence à son ex, une certitude, lui arracher la vérité par le mensonge.
Dans la salle, une sonnerie de portable retentit.
L’interruption coupe l’élan de l’actrice. Elle se glace.
- Comment c’est possible ? On a demandé expressément d’éteindre les téléphones portables ! – C’est ce qu’on entend très nettement du côté des spectateurs, bien plus nettement que le portable qui a déjà cessé de
Mais tout cela ne doit avoir aucune importance pour la comédienne. C’est ça, être professionnelle. Un connard qui n’éteint pas son portable ne peut pas inter rompre un monologue de Jean Cocteau. Faire semblant que ces bruits ne te touchent pas. Faire comme si ces bruits ne te touchaient pas. Comme si ça ne te donnait pas envie de mourir, ce mépris de certains rituels.
Elle pense qu’une partie du public ne compte pas tant que ça, n’est pas exceptionnel, elle ignore pourquoi elle joue pour eux.
Pour l’argent, se dit-elle à elle-même, dans un mono logue parallèle.
La pièce touche à sa fin. La comédienne est complète ment nue. Elle a déjà enlevé son déshabillé, ses guêtres, elle a jeté sa nuisette en soie toute tachée de café, elle a arraché ses bas, le salut final est imminent. Lorsqu’elle dit au revoir à l’homme, qui vient de lui confirmer la séparation, elle sort de ses gonds et se met à briser les
vases qui se trouvent autour d’elle. Souvenez-vous de Tilda Swinton qui met le feu au décor. Souvenez-vous de Carmen Maura fracassant la scène à coups de hache. Puis elle se jette sur le lit et se flagelle. Elle arrose le décor avec son propre sang, suivant l’indication de Cocteau dans le prologue de son œuvre.
Quelques spectateurs du parterre protestent face à cette exubérance, ce nu au milieu de la folie.
Puis le monologue s’achève.
Le public se met à applaudir. Beaucoup de spectateurs se lèvent, d’autres s’enhardissent et crient, on entend également des sifflets. Dans les coulisses, un assistant tend à la comédienne un déshabillé en soie couleur vieux rose. Elle se couvre et sort pour le salut final. Le théâtre retentit comme si on assistait à un accouchement, les hurlements sont tout ce dont une comédienne a besoin venant de son public. Sa poitrine monte et descend, mais elle reste sourde à la flatterie. Elle ne s’imprègne de cette énergie que pour mieux récupérer plus tard. Elle s’in cline de manière solennelle, dans une révérence affreuse mais honnête. On ferme le rideau et elle descend vers les loges, sondant prudemment l’obscurité pour ne pas mourir dans ce piège à comédiennes qu’est le fond d’un théâtre. Les applaudissements la suivent. Les escaliers sont étroits et tout le luxe qu’on peut voir dans le hall, sur le rideau de scène, sur les fauteuils et les balcons se trouve ici englouti par le noir et l’humidité.
Ce sont les sous-sols.
Sa loge est la dernière du couloir, elle est tout au fond. Même si les autres loges sont libres, on lui a attribué celle-ci, la plus froide et la plus éloignée. Pour ton intimité, pour que tu puisses faire ce que tu veux. On n’entend pas du tout ce qui se passe là-bas. C’est la plus grande des loges, aussi, on dirait un appartement d’une pièce, mais elle n’est pas chauffée et les murs sont tout craquelés. Parfois, quand elle somnole juste avant la représentation, la comédienne se réveille en sursaut avec la certitude que des yeux voraces et rougis l’espionnent à travers les fissures. La porte ne ferme pas et elle doit donner un tour de clé ou la bloquer avec une cale en bois pour avoir droit à l’intimité promise. La salle de bains n’a ni bidet ni eau chaude. Une vraie tragédie. En hiver comme en été, elle est aussi froide qu’une grotte. Chaque fois qu’elle passe la porte, la comédienne jure, maudit les propriétaires du théâtre et ses producteurs pour lui avoir attribué une loge où rien ne fonctionne. Sans parler de la mauvaise odeur qui se dégage des canalisations de la salle de bains. Pour y remédier, son assistante doit faire brûler de l’encens au romarin toutes les heures, comme s’il y avait là de mauvaises énergies à conjurer. On lui a attribué ce tombeau pour la punir, pense-t-elle, pour s’être opposée à eux et pour jouer une pièce qui ne promettait pas de faire un grand nombre d’entrées. Et pourtant, voilà, la salle est comble depuis deux ans. Les hommes ont l’habitude de faire ces choses, punir les trouvailles d’une comédienne.
Elle pénètre dans la loge.
Elle est agitée, elle enlève le déshabillé qui la couvre à peine. Ses cheveux sont collés au niveau de la nuque et du dos, comme un lierre sombre. Devant le miroir, elle se dit qu’après cette pièce elle ne se déshabillera peut-être plus sur scène, son corps n’est plus le même, il ne supporte plus les lumières comme il y a quelques années. Le corps de ses vingt ans lui manque follement, celui qui supportait la nudité sans se soucier de la lumière crue. Celui dont la peau était lisse. Celui qui se tenait debout, nu sur scène, et semblait fait d’une matière minérale, et non d’un vieux cuir tel qu’on le voit maintenant. Le corps qui pouvait endurer le froid sans tomber malade. Celui qui ne lui renvoyait pas comme une évidence que la chair pourrit comme pourrissent toutes les choses vivantes sur cette terre.
Elle se regarde dans le miroir et remarque un coup au niveau de la hanche.
- Je vais avoir un bleu, elle proteste à voix haute tout en frottant son corps énergiquement.
Elle a la chair de poule. Son pénis pendouille entre ses jambes, petit, rétréci par le froid, comme le sont ses tétons. Elle sourit en voyant sa bite si petite et rétractée, et s’effraye de la taille de ses tétons. On dirait des grains de beauté, deux mouches collées sur sa poitrine.
L’assistante frappe à la porte :
- Ça va ?
Elle enfile à toute allure un tanga et une robe de sport.
- Je meurs de Si tu retrouves mes tétons, préviens-moi.
- Comment ? J’ai pas
- C’est
- Il y a eu de la magie sur scène, non ?
La comédienne ne répond pas. Il y a eu de la magie sur scène, le genre de truc qu’on entend dans les loges. Elle est agacée par les mièvreries des gens qui prennent à ce point le théâtre au sérieux. Les cérémonials, les échauffements ridicules, les embrassades, les superstitions, les rituels et les solennités qui entourent le petit monde du théâtre. Ne pas passer le balai sur scène, ne pas prononcer le nom de Macbeth, ne pas prononcer le nom d’anciens présidents, ne pas s’habiller en jaune. Si elle pense à sa carrière, elle se félicite d’avoir fait tout ce qui portait la poisse, provoquant l’effroi de ses camarades. Aucune violation du Tao du théâtre n’a eu raison d’elle. Elle est millionnaire et porte le mystère de son bonheur sans très bien savoir quoi en faire.
L’assistante sort une bouteille de gin artisanal d’un petit frigo, une autre d’eau tonique, des glaçons, et prépare un gin tonic avec des rondelles de citron vert. Elle sert également de l’eau gazeuse et embrasse sur le front la trans qui reprend ses esprits après avoir interprété une folle. Puis l’assistante la laisse seule. La comédienne entend les pas qui s’éloignent. Elle déroule un tapis et s’allonge pour étirer un peu son dos, ses jambes, pour ne pas dormir toute courbaturée par l’effort réalisé durant la représentation. Elle gémit de douleur. On dirait les gémissements qu’on pousse quand on baise, mais là il s’agit de douleur.
On frappe de nouveau à la porte.
- C’est
C’est le metteur en scène. Il se jette sur elle. Il bondit presque comme un léopard sur une antilope, et il s’arrête à deux pas. Il ne va pas encore la manger.
- Tu t’es cognée à la hanche. T’as mal ?
- – La comédienne se redresse. – Je m’en suis pas aperçue, tu sais ? Je viens de le remarquer.
- Montre-moi ça.
Elle se met debout et remonte sa robe. Elle lui montre sa meurtrissure. Il s’approche pour mieux la voir.
- Ma pauvre petite ! dit-il, et il touche la marque du bout des doigts pour ne pas lui faire mal.
Elle pousse un cri obscène, quelque chose de très intime et qui ne s’adresse qu’à lui, du plus profond de son corps.
- T’as très mal ? demande le metteur en scène, et il s’accroupit puis souffle à l’endroit où se trouve la Tout près des fesses.
Le metteur en scène passe sa langue sur le bleu.
- Et comme ça, t’as moins mal ?
- Oui, dit-elle sur un ton plaintif, comme une petite
Il lèche de nouveau le bleu d’où coulent quelques gouttelettes de sang, puis une fesse, puis l’autre, il mouille la peau de la comédienne, lentement, comme s’il effaçait quelque chose avec sa langue. La comédienne bouge son corps jusqu’à mettre son cul dans la bouche du metteur en scène, qui écarte le tanga et commence à fouiller lentement au milieu, comme s’il était en train de l’embrasser sur la bouche. Elle se penche sur le bureau de résine orange qui se trouve devant le miroir, pousse le maquillage, les crèmes Lancôme et La Prairie, puis elle pose les seins sur un livre qu’elle lit quand elle a le temps. Elle est complètement ouverte pour lui.
Tandis qu’il la lèche, le metteur en scène s’interrompt pour murmurer :
- Pauvre petite, elle s’est cognée… pauvre petite, mon amour…
Elle descend son tanga au niveau des chevilles puis observe le metteur en scène dans le reflet, ses gestes précis, le tracé net de ses caresses et de ses coups de langue. Il se relève, il défait sa ceinture, descend sa braguette de manière maladroite, prend un préservatif dans sa poche et ouvre le sachet avec les dents, tout en se contorsionnant pour que son pantalon et son boxer tombent tout seuls. Avant de mettre le préservatif, il la tâte. Il mouille ses doigts avec de la salive et fouille un peu en elle, elle n’est pas assez lubrifiée. Il crache doucement dans son cul et parvient à la masturber avec deux doigts, puis trois. Elle se laisse faire car elle sait qu’il cherche à la satisfaire, même s’il se trompe. Il essaye de la pénétrer à cru, il arrive à enfoncer la moitié de sa bite, mais elle le repousse d’un simple mouvement. Il met le préservatif, enduit sa queue avec un peu de crème pour le visage qu’elle vient de lui proposer et la pénètre à nouveau, en serrant ses seins, très lentement, tandis que l’un et l’autre se regardent dans le miroir.
Comme son metteur en scène l’excite ! Il a des jambes superbes, c’est du moins l’avis de la comédienne. Il lui fait l’amour après certaines représentations, quand il aime beaucoup la manière dont elle a joué. Il la congratule en la baisant lentement, avec des grognements qu’il réprime en serrant les lèvres, le corps en état d’alerte au cas où ils entendraient des pas approcher. Au théâtre, tout le monde sait ce qu’ils font, ils savent aussi qu’ils l’ont fait sur scène, sur les fauteuils, dans le couloir. Tout le monde sait qu’ils sont amants, la rumeur s’est même répandue dans les magazines et les émissions de télévision.
Il enlève son tee-shirt et découvre un torse massif, entièrement tapissé de poils. La comédienne écarte ses fesses à l’aide de ses mains.
Ils passent un long moment comme ça. Dehors et dedans, dehors et dedans. Pauvre petite, pauvre petite, comme elle dégouline, pauvre petite.
Le metteur en scène éjacule en poussant des cris. Finalement, la loge la moins accessible du monde a une utilité. Alors qu’elle le sent palpiter à l’intérieur d’elle, elle lâche un fou rire méchant, comme si elle avait obtenu tout ça de la façon la plus tordue, comme si elle y était parvenue grâce à un plan sournois. Elle le fait sortir de son corps, tourne sur elle-même et s’affale sur la chaise. Elle se lamente, couvrant son visage de ses mains :
- J’ai très mal joué.
- T’as très bien joué, t’as été très précise, t’as pris le temps qu’il fallait, pour tout, lui répond-il, puis il l’embrasse sur la bouche. Il va dans la salle de bains, enlève son préservatif, l’enveloppe dans du papier toilette et le jette à la poubelle.
- Il y a beaucoup de gens dehors qui veulent te
Lorsqu’il revient, elle est en train de s’essuyer avec des mouchoirs en papier.
- Ah, non ! Je veux rentrer chez On me fait des pâtes fraîches maison rien que pour moi. Demain, nous allons chez mes parents et j’ai envie de me reposer.
À ces mots, le metteur en scène s’assombrit et ne cherche pas à le cacher. Il se dirige vers la porte.
- Je te vois la semaine Ne souffre pas trop.
En sortant, le metteur en scène semble recroquevillé dans sa tristesse.
La comédienne va dans la salle de bains et, à l’aide d’une petite cruche, prend de l’eau dans le lavabo pour se laver, assise sur la cuvette des W-C. Ce ne serait pas du sexe si ça n’impliquait pas ces humiliations. Est-ce qu’il l’aime ? Parfois, elle pense que oui. C’est pour ça qu’elle le fait souffrir en évoquant la petite scène des pâtes fraîches. Dans son silence qui en disait long, après avoir dit des pâtes fraîches rien que pour moi sans préciser qui était le cuisinier, elle sait que le metteur en scène a immédiatement identifié le mari de la comédienne. Le metteur en scène est rongé par la jalousie dès qu’il pense au mari de la comédienne et elle s’amuse à le voir ainsi perdre la confiance qu’il a en lui-même. Elle a été claire avec le metteur en scène, il ne peut pas lui en vouloir. Elle ne lui a rien promis, ne lui a donné aucun espoir. Chaque soir, pourtant, elle joue pour lui, pour lui plaire. Elle s’habille pour lui, elle se maquille pour lui. C’est sa manière à elle de le baiser, bien qu’il n’y prenne pas le même plaisir qu’elle.
Elle finit de s’habiller, met des sandales romaines en cuir de chèvre qui jurent avec sa robe Stella McCartney, elle se charge avec quelques cadeaux que ses admirateurs lui ont fait envoyer dans sa loge et, avant d’éteindre la lumière, elle se regarde une dernière fois dans le miroir, sans parvenir à accepter la vitesse à laquelle les années passent et à quel point le corps s’abîme.
Elle sort. Son assistante l’attend dehors. L’assistante est une trans du même âge qui fait un mètre quatrevingt-dix et a des mains gigantesques. La directrice du théâtre dit que son assistante est une fille adorable, que les autres employés sont ravis qu’elle travaille là. La comédienne plaisante lorsqu’elle répond que son assistante travaille pour elle et non pour le théâtre, mais les gens transforment toujours leur sourire en grimace.
La plupart n’apprécient pas son humour.
L’assistante ferme la porte et l’accompagne jusqu’à la sortie. Quand elle tourne la clé, une partie de la comédienne reste prisonnière dans la loge.
Dans le hall du théâtre, elle fait face au public qui l’a attendue pour la saluer pendant qu’elle baisait debout avec son metteur en scène. Une nuée d’oiseaux attirée par des miettes de pain. Avant d’aller manger les pâtes fraîches que son petit mari a préparées pour le dîner, elle doit passer au milieu de ses admirateurs. Son assistante la précède, elle se conduit presque comme une garde du corps.
La comédienne dit bonjour et merci à la va-vite, sans en avoir envie, comme par obligation, avec un petit sourire rapide et affecté. Elle sourit sans occulter le désagrément que lui provoque le fait d’être entourée de gens qui la prennent par le bras et l’embrassent au passage, qui partagent avec elle des théories qu’ils ont élaborées à son sujet, sur le personnage et sur l’œuvre. L’image de Gena Rowlands dans Opening Night se glisse dans son esprit. Le moment où Gena quitte la répétition et qu’une jeune fille désespérée court derrière sa voiture et se fait écraser pour mourir sous la pluie, en pleine rue. Cette image l’assaille chaque fois qu’elle se retrouve devant ces admirateurs capables de l’attendre durant des heures pour voir qui elle est quand elle ne joue pas.
Elle se libère d’eux en marmonnant des mots d’excuse et cherche des yeux la voiture qui l’attend dans la rue, à quelques mètres de là. Son assistante marche derrière elle. Les admirateurs, toujours devant la porte du théâtre, la voient s’éloigner alors qu’elle ne leur a concédé que quelques piécettes de sympathie.
Un type seul, qui se trouvait apparemment parmi ces gens, ne se laisse pas arrêter par ses signes de timidité et va plus loin. Il la suit.
- Je t’emmène. Ma voiture est garée à quelques mètres d’ici.
L’assistante est derrière elle, elle réceptionne les cadeaux pour la comédienne.
Toutes les lumières de la ville sont allumées. La beauté d’une ville la nuit, dans le quartier des théâtres.
- Allez, laisse-moi te conduire. Je te propose mon Audi, c’est une navette C’est comme si tu t’envolais à bord du Nostromo.
- Non,
- N’aie pas T’es très chargée, laisse-moi t’aider avec tout ça, dit l’admirateur, et il essaye de lui prendre des bras certaines des choses qu’elle porte. La comédienne recule. L’assistante est à quelques pas derrière elle, distraite par son téléphone.
- Non, une voiture m’attend.
- N’aie pas peur de moi, je viens de la montagne, comme toi, je suis un type bien, je te le jure.
La voiture arrive et elle s’y engouffre sans cesser de le regarder. L’assistante lui tend par-dessus la vitre un autre bouquet de fleurs et quelques lettres, puis elle demande gentiment à l’homme qui insiste de la laisser tranquille, elle lui dit qu’elle est fatiguée. Elles ne se disent pas au revoir, mais l’une et l’autre s’envoient des baisers à distance. L’assistante finit par se camper devant le type car il cherche à ouvrir la portière de la voiture. Il crie qu’on lui foute la paix, qu’il ne fait rien de mal. L’assistante lui crie également dessus et double de volume durant l’altercation. Le type ressemble à un gamin enragé. Il ne va pas se raisonner. La comédienne ne propose pas à son assistante de l’emmener ou de monter dans la voiture avec elle. Non. Elle la laisse là, à se battre avec un fou.
Elle a la réputation d’être arrogante. Désagréable. Présomptueuse. C’est pour ça que certains l’ont laissée tomber. Car ils la trouvaient trop antipathique. Parce qu’elle ne signe pas d’autographes, parce qu’elle ne passe pas son temps à dire merci. Pourtant elle a passé des années à dire merci merci merci beaucoup toujours
reconnaissante. Des années à donner des interviews à tous les journalistes qui lui en faisaient la demande, bons, médiocres ou mauvais, elle a signé des autographes et s’est laissé photographier à côté de ses admirateurs sans penser à son apparence ni à la situation dans laquelle elle se trouvait. En sueur, bourrée, défoncée, décoiffée, épuisée, minable, avec le maquillage qui avait coulé, ça n’avait aucune importance, elle disait oui et attendait, le sourire aux lèvres, les flashs avec lesquels ses admirateurs la mitraillaient. Pendant longtemps, elle s’est démenée pour le soi-disant bonheur du public. Puis elle en a eu assez et elle a arrêté de dire merci. Elle n’a plus accordé d’interviews. C’est à ce moment-là qu’elle s’est mise à gagner des montagnes de fric en tant que comédienne.
Parfois, elle craignait que les gens ne viennent plus la voir, qu’ils ne payent plus d’entrée pour le faire. Elle ne savait pas faire grand-chose d’autre pour gagner sa vie. Elle avait tout juste achevé ses études secondaires. Avant d’être comédienne, elle avait exercé comme prostituée VIP dans une agence en ligne qui offrait le meilleur catalogue d’escorts trans du pays. Est-il nécessaire d’en savoir davantage ? Non. Parfois, on se contente d’enterrer les vies passées sous le bonheur présent, et personne ne se sent coupable de le faire. Ce qui importe, c’est de dire qu’elle ne savait gagner de l’argent qu’avec son corps.
Après de nombreux stages de théâtre, d’ateliers et de groupes de recherche théâtrale, elle avait commencé à participer à des pièces de la scène off, jusqu’au moment où elle a eu l’opportunité de jouer dans La Solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès au théâtre Cervantes de Buenos Aires, pièce dans laquelle elle tenait un rôle masculin. Cette hardiesse et l’étrangeté qui était la sienne sur scène lui avaient tenu lieu de passeport vers la notoriété. Après avoir passé une grande partie de sa jeunesse à être une prostituée joviale et frivole, elle est devenue une comédienne culte. Elle avait pour habitude de dire que la prostitution et la comédie permettaient de déployer les mêmes ruses.
Même quand ils la détestaient, les gens revenaient la voir encore et encore, ne serait-ce qu’avec l’excuse de vouloir confirmer qu’elle n’était pas si bonne que ça, qu’elle ne jouait pas si bien, qu’il y avait des comédiennes bien meilleures. Il y avait aussi les gens qui l’attendaient pour la remercier chaleureusement. Mais elle ne savait pas recevoir ce qu’on lui donnait.
L’homme qui se dispute avec son assistante au milieu des voitures et des coups de klaxon parvient à esquiver la main prête à l’agripper et court jusqu’à la voiture, qui vient de s’arrêter au coin de la rue à cause du feu rouge, il la supplie de lui signer un autographe. Elle remonte la vitre. Il frappe sur la portière et elle fait non de la tête, avec mépris. L’homme crache sur la vitre et elle le regarde sans qu’aucun des muscles de son visage ne bouge.
- Noiraude de merde. Pou ressuscité. Tu te prends pour qui, putain. Suceuse de bites !
Le feu passe au vert et la comédienne respire profondément.
- C’était un fou. J’ai eu envie de descendre et de lui casser la gueule, dit le chauffeur, tandis qu’il démarre et regarde la comédienne dans le rétroviseur.
- Il pourrait se faire écraser par un train, sincèrement. Si une voiture lui passait dessus, à l’instant, ça me serait égal.
Le chauffeur ne lui adresse plus la parole.
C’est le moment où elle cesse d’être la folle de Cocteau, la femme tyrannique, possessive et mythomane de Cocteau, pour devenir une trans simplette et phobique qui rentre chez elle. Le meilleur endroit sur terre.