L’épouse d’un dirigeant d’une chaîne de stations-services est assassinée dans des conditions particulièrement cruelles, chez elle, alors qu’elle préparait paisiblement à dîner.
Pippo Randazzo, fils de la bonne bourgeoisie qui a fait le choix étrange de devenir inspecteur de police, découvre un morceau du crâne de la victime dans le métro de Palerme.
Le mari reçoit des coups de téléphone mystérieux et semble lié à une étrange femme d’affaires. Mais, à Palerme, la priorité reste pour la police la lutte contre la mafia et Pippo contemple avec une certaine envie les succès de son collègue Salvo Riccobono, héros des trois précédents romans de Di Cara.
On retrouve ici les dons de cet auteur, commissaire de police palermitain, pour rendre présente la vie quotidienne des flics siciliens, le parler populaire, les escapades savoureuses à la campagne. Avec, en plus, une touche d’étrangeté et de grotesque incarnée par l’immense enseigne lumineuse qu’un artiste a disposée dans la montagne palermitaine et qui semble comme une invite à mettre en scène sa vie : HOLLYWOOD.
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« Une enquête qui est menée tranquillement, en opposition et en parallèle avec le spectaculaire et médiatique travail contre la mafia. Un regard fraternel et ironique sur la vie des ses collègues et compatriotes de Palerme. » -
"Voici le récit minutieux, précis et en même temps décontracté d’une enquête policière sur un crime à Palerme."Bernard DaguerreBIBLIOSURF.COM
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« […] il y a dans Hollywood Palerme un vrai style d’écriture, sans ostentation ni bavardage, qui est certainement un des atouts majeurs de cette série [...] »Etienne BorgersPOLAR NOIR
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"Un roman de belle qualité !"Claude Le NocherACTION-SUSPENSE.COM
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"[...] la mafia et la peur qu’elle suscite ne sont pas ici au centre du propos. Mais elle pèse quand même sur le roman. Même si elle n’a rien à voir avec l’intrigue, son ombre est présente, en permanence, dans l’architecture du bâtiment des flics qui ressemble à un château fort, dans la tension toujours palpable, dans les conversations entre les flics, dans l’aura de ceux qui luttent contre elle.."Jean-Marc LaherrèreACTU-DU-NOIR.COM
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"Commérages, médisances, conspirations et conjurations. Autre chose que Le Loft."Martine LavalTELERAMA.FR
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"Très bien racontée dans un style dépouillé, aux phrases courtes, l’histoire n’a du coup plus grande importance. Hollywood Palerme est avant tout un livre d’ambiances."Françoise NydeggerLA TRIBUNE DE GENEVE
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« Un excellent polar procédurier, réaliste mais non dénué d’humour, dans la meilleure tradition du genre ! »Eric SteinerLA LIBERTE
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« Ce style très agréable, fait de légèreté, puisant sa musicalité dans l’inimitable dialecte populaire de la Sicile […] donne vie à une intrigue policière passionnante et rondement menée en plongeant au cœur du quotidien des flics de Palerme avec réalisme. Très belle révélation d’un auteur. »Geneviève Pieckarczyk et Alain QuaniersENCRE NOIRE
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"Hollywood Palerme se déguste, on entend la mer, le bruit et les gestes de la nuit, on goûte l’huile d’olive, une enquête qui s’enlise, un Pippo attachant. Un meurtre dégueulasse, un truc sordide."Bruno Pin491
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« Qui dit Palerme dit, le plus souvent, mafia… Mais pas seulement. Car la cité sicilienne a aussi son lot de meurtres "plus ordinaires". C’est ce que nous montre la dernière livraison de Piergiorgio Di Cara, commissaire à la brigade antimafia de Palerme et auteur de polars. […] [décrire] le quotidien des flics, avec une foule de petits détails qui donnent de l’épaisseur et du réalisme à ce roman. »Lyliane MoscaL’EST-ECLAIR/LIBERATION CHAMPAGNE
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« Un polar efficace de l’auteur d’Ile Noire, L’Âme à l’épaule, Verre froid. »LA VOIX DU NORD
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La Sicile et Palerme ne riment pas forcément avec mafia. Il s’y déroule aussi des crimes… ordinaires et des policiers qui tentent de les résoudre. Di Cara met en scène un d’entre eux dans un polar convaincant. »Gérard NoëlVOSGES MATIN
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« [...] commissaire à la brigade antimafia de Palerme, il sait dessiner aussi bien la médiocrité agissante de la flicaille, que la passion amoureuse ou la rue sicilienne. [...] Di Cara a un sens savoureux du détail qui fait sourire, et le lecteur court derrière lui de peur d’en perdre une page. Et ce serait dommage. »Philippe Colin-OlivierSERVICE LITTERAIRE
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"Ce premier épisode des aventures du très attachant Pippo Randazzo progresse avec une lenteur calculée. On se dit parfois que si le héros et ses collègues passaient moins de temps à manger dans tous les restaurants de Palerme, leur travail avancerait plus vite ! Mais c’est leur droit, au final, ils résoudront l’énigme pour la plus grande satisfaction de leur hiérarchie. Et du lecteur."Jean Claude PerrierLIVRES HEBDO
PLAN UN
EXTERIEUR JOUR
La caméra cadre une montagne pelée, tachée d’un vert sombre profond, rare, fond brun de roches.
Une inscription blanche, gigantesque :
HOLLYWOOD
En musique de fond, un blues déchirant.
La caméra élargit le champ : maisons aux angles de vieux vases ébréchés. Murs rouges et blancs délavés. Impression d’une grande confusion. On dirait une Los Angeles mexicaine.
C’est Palerme.
1
Le soleil s’est éloigné.
C’est un après-midi de début novembre.
Un jour quelconque.
Le soleil a déjà dépassé le dernier angle de l’immeuble du coin, tandis que les voitures klaxonnent. L’air est gonflé d’hydrocarbures.
Les feux de position s’allument. Les réverbères non, ils sont encore réglés sur l’heure officielle. Il y a eu des plaintes adressées à la mairie, mais on a répondu niet : “Ce n’est pas de notre ressort.” La rue n’est pas encore plongée dans l’obscurité, mais grise, mélancolique, elle semble s’ennuyer.
La circulation. Les passants. Tout est gris.
Un flash rouge traverse rapidement la rue.
Il est avalé par le trottoir opposé.
Il disparaît.
… Bambola morbida, perfida e languida vivo per te / Son pazzo di te / Sei bella, criminalmente bella…
La voix chaude et rêche comme une barbe mal rasée de Fred Buscaglione envahit la pièce.
L’homme chante à l’unisson. Il souffle une allumette avec laquelle il vient d’enflammer une grosse bougie courte, posée sur un muret de briques rouges d’où ruisselle une théorie de stalactites de cire.
Les lumières basses de deux lampadaires plantés en diagonale éclairent une table. Sur la nappe couleur ocre se détachent des assiettes noires et des verres ventrus au pied long et mince remplis de vin rouge.
Une corbeille de pain blanc, de pain noir et de toasts.
Une planche à découper en bois garnie de fromage et de saucisson épicé coupé en tranches.
Une bouteille de vin. Une carafe d’eau.
Dans l’air flotte une bonne odeur, de cuisine, de santal et d’après-rasage.
L’homme porte un pantalon tabac, une chemise noire. Il range les revues sur la table basse devant le canapé de bois et de cuir.
Il marmonne le refrain swing.
Il passe un instant devant un miroir taché dans la partie basse, sûrement très ancien. On entrevoit une mèche de cheveux noirs. Les yeux semblent rire, ou congestionnés par un refroidissement, ou simplement regarder ailleurs.
Le téléphone sonne. L’homme hésite à répondre. Sur l’écran s’affiche un numéro plein de zéros. L’homme fait un geste de déconvenue. Avec la télécommande, il atténue la voix de Fred qui demande qu’on l’excuse, car c’est un type au whisky facile.
– Allô ?
– Inspecteur Randazzo ?
– Oui ?
– Ici le Central, je vous passe l’inspecteur Garrone.
– Oui, merci.
– … Collègue ?
– Je t’écoute.
– C’est toi, Randazzo ?
– Oui.
– Tu vois qui je suis ?
– À vrai dire… Ah oui ! Je vois qui tu es… (L’homme se détend.) 6e cours 2e noyau 2e section, c’est ça ?
– Tout à fait, bravo Randazzo. Je te dérange ?
– Non, j’étais en train de me préparer pour le dîner…
– Tu as des invités ?
– Oui, mais dis-moi, qu’est-ce qui me vaut ton coup de fil…
– Il y a eu un meurtre.
– Ah bon ?
La jeep parcourt l’avenue à vive allure, il n’y a plus personne dans les rues maintenant, tous sont devant la télévision, à regarder Striscia .
Sur la colline, une lumière blanche illumine l’inscription gigantesque :
HOLLYWOOD
Une rue bourgeoise, des immeubles bourgeois, depuis peu le grouillement des voitures a fait place au silence. Seuls bruits, le tintamarre du métro à intervalles réguliers, non loin de là, et le coassement des autoradios.
Des éclairs bleus se reflètent dans les vitrines des magasins, coups de sabre intermittents qui agressent les lampadaires. Deux voitures de patrouille, une Punto et une Marea, les conducteurs qui parlent à voix basse, l’ambulance avec les portes arrière ouvertes, le conducteur au téléphone portable rit. Deux voitures banalisées.
Pippo Randazzo gare la jeep sur le trottoir. Il se dirige vers les voitures banalisées.
– Alors ?
– Salut, Pippo, putain, une scène… ma parole, répond un gars corpulent en rejetant sa fumée au loin.
– Laisse tomber. Comment ça s’est passé ?
Ils se dirigent vers l’ascenseur, le fumeur éteint sa cigarette dans un pot de fleurs. Il prend un calepin à couverture de couleur, sur laquelle est écrit Dragon Ball. Il se rend compte que Pippo est en train de regarder le bloc-notes avec curiosité.
– C’est à mon fils.
– J’espère.
– Il s’agit d’une femme, c’est sa fille qui a trouvé le corps, qui a averti le père puis qui a appelé le 113.
– Qui a appelé le Central ?
– La gamine.
– C’est un homicide, on en est sûr ?
– Aucun doute, attends de voir la dame et tu me diras.
Pendant ce temps, l’ascenseur est arrivé à l’étage.
Une porte ouverte. Des lumières jaunes, un miroir et un portemanteau. Des voix télévisées font un bruit de fond criard. Un couloir, un tapis rouge, des tableaux à droite, une bibliothèque à gauche, beaucoup d’encyclopédies en fascicules, des couvertures colorées. Puis les pièces.
Le collègue conduit l’inspecteur vers le salon. Il est grand, l’arcade au milieu indique qu’il a été formé en réunissant deux pièces séparées. La première des deux est une salle à manger. Une table longue et massive, entourée de douze chaises, un chemin de table brodé et une coupe à fruits avec des noix et des amandes. Sur les murs, des tableaux et des objets en céramique, de facture années 60, dont certains paraissent très anciens. Un vaisselier, lui aussi en bois massif, et une petite desserte à roulettes.