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L'Armitière

Libraire : Rosalie

Rouen

Exceptionnellement, il y a des livres difficiles à chroniquer et pour lesquels on aimerait pouvoir se contenter d'écrire : "S'IL VOUS PLAIT, FAITES-MOI CONFIANCE RIEN QU'UNE FOIS: LISEZ-LE!!!"

Le premier roman que l'argentin Eduardo Fernando Varela a écrit à l'âge de soixante ans est un chef-d'oeuvre dont l'achèvement me plonge dans une certaine appréhension car il est de mon devoir de trouver les mots justes pour en parler au plus grand nombre. Néanmoins, la sidération admirative si savoureuse que suscite sa lecture et que je peine à quitter, rend le partage hasardeux. Je vais, par conséquent, vous en parler de façon très simple, pressée par la peur de trahir un tant soit peu ce merveilleux roman qui va forcément faire date dans la production littéraire contemporaine latino-américaine.

Parker sillonne depuis des années la pampa à bord de son camion-maison dans lequel il transporte des marchandises de contrebande pour le compte d'une mystérieuse entreprise. Rude, réservé et plutôt misanthrope, il parcourt sans fin la steppe patagonienne, toujours seul et de passage, cultivant avec art sa propre solitude.
Lors d'un arrêt dans un village isolé du sud, il rencontre la belle Mayten et son mari Bruno qui trimbalent leur train fantôme et leur jeu de massacre au gré des fêtes foraines entre la côte et les bourgades de la steppe. Notre loup solitaire tombe immédiatement amoureux de celle qui appréhende de gâcher les meilleurs années de sa vie en disputes et besognes domestiques.

Il y a peu de chose à ajouter hormis le fait que ce road-trip dans les confins du continent balayés par les vents est une pure merveille, un texte magique inoubliable terriblement attachant et d'un naturel époustouflant, le tout servi par une plume délicieusement vivante.

Un immense merci aux Editions Métailié pour cette découverte magnifiquement traduite.