1944. Lorsque Pericles, un journaliste critique du dictateur salvadorien, le “sorcier nazi”, est arrêté et emprisonné, son épouse Haydée, une jeune femme de la bonne bourgeoisie, décide d’écrire le journal des événements. Pendant qu’elle note ce qu’elle considère comme des conversations avec son mari – qui avant de devenir opposant a été collaborateur du régime –, elle raconte les progrès des arrestations, les interdictions de visite au pénitencier ainsi que ce qui se passe pour le reste de la famille, composée d’un côté de militaires, soutien du régime, et de l’autre des libéraux, opposés au tyran. Sur ce, un coup d’État contre le dictateur éclate, son fils Clemente, le fêtard, le coureur, l’ivrogne, est impliqué et raconte ce qui se passe chez les conspirateurs. Ses aventures parfois désopilantes alternent avec l’éveil de la conscience politique de Haydée, qui organise la rébellion avec d’autres femmes : épouses, filles, petites-filles, voisines, domestiques.
Un grand roman de Castellanos Moya, une riche combinaison de voix et de registres littéraires, du journal intime à l’action cinématographique, en même temps qu’une prodigieuse incarnation de l’histoire d’un pays dans les destins d’une famille, un épisode fondateur : le début de La Comédie inhumaine de l’auteur.
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Ce roman est une formidable porte d'entrée dans l'oeuvre si forte et si originale de Horacio Castellanos Moya, romancier salvadorien né au Honduras qui scrute à merveille et sans concession, au risque de sa vie aussi, les soubresauts politiques et sociaux de l'Amérique centrale à travers ses fictions puissantes et acides. Se basant sur les faits historiques d'une tentative de renversement d'un pouvoir tyrannique et délirant au Salvador en 1944 et de la répression qui s'ensuit, il met en scène à travers ses personnages l'émergence d'une conscience politique au sein de la société, jusque dans les familles les plus liées au pouvoir. Jouant des registres littéraires variés et modulant les rythmes narratifs, il alterne les moments tragiques et drôles, crée des télescopages aussi cocasses qu'inattendus où l'engagement héroïques risque de basculer à tout instant dans la farce tragique, où la comédie du pouvoir prend des allures ubuesques et où de riches bourgeoises préparent des manifestations interdites la tasse de thé au bout de doigts. Étonnant et réjouissant.Manuel Hirbec
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"À travers l'ancien journaliste souvent exilé à cause de ses convictions, son épouse à la conscience militante spontanée et leur fils prodigue, La Mémoire tyrannique entrelace avec verve, tendresse et férocité des trajectoires sinueuses -ni complètement héroïques ni tout à fait couardes- à l'image d'un pays où les secousses sismiques politiques ne sont hélas pas arrêtées en 1944."Anne-Lise RemacleFocus Vif
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"Le destin d'une famille liée à celui du pays contrôlé par une main de fer est superbement traduit avec la montée en tension et la peur de plus en plus forte."Mémoire des arts
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"Voici un magnifique roman parfaitement bien rythmé et truffé de personnages singuliers pour lesquels le devenir de la patrie est une affaire de famille." Lire l'article iciQue tal Paris ?
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Lire l'article iciZibeline
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"L’auteur excelle dans l’art de croquer des personnages presque ordinaires, ni très lâches ni très courageux, soudain confrontés à la “vraie vie”, telle qu’on peut la concevoir au Salvador." Lire la chronique iciBlog Voyages au fil des pages