Lorsque Godwin Baxter découvre à la morgue de Glasgow le corps d’une jeune femme suicidée enceinte de près de neuf mois, il est pris d’un furieux désir de la rendre à la vie en utilisant le cerveau du fœtus. Fils naturel du grand chirurgien Sir Colin, il va effectuer une greffe étonnante qui fera d’elle Bella Baxter, femme d’une vitalité exceptionnelle.
Face à un monde victorien étriqué, que va-t-il advenir de cette créature sans préjugés et spontanée comme un petit enfant dans un corps de femme épanoui ?
Dans un style baroque flamboyant, ce splendide pastiche du roman gothique anglais nous entraîne, avec un humour inénarrable, à travers un univers où tout devient possible, un endroit où fantasmes et fantaisies prennent le pas sur le réel. Le lecteur ressort émerveillé de cette aventure époustouflante.
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« Alasdair Gray, romancier extraordinaire, pasticheur de génie, polygraphe exubérant (le roman est farci de dessins et de gribouillis) signe là un pur chef-d’œuvre, et surtout un grand roman féministe qui renoue avec les maîtres anglo-saxons du fantastique du XIXe siècle. A la fois cynique, utopiste, clairvoyant et, par-dessus tout, un morceau de très grande littérature. »
François -
« Extraordinaire, complétement déjanté et brillantissime ! »
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« Ce livre est fou !!! Belle Baxter est une héroïne comme on en fait peu : fantasque, curieuse, dévorant la vie. On embarque avec elle dans la plus grande des aventures – le monde moderne ! C’est un roman d’amour/ gothique/féministe/à péripéties/naturaliste/etc… Du pur divertissement littéraire »Ana
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« Si vous aimez le fantastique du XIXe, ce livre est pour vous. Si vous avez aimé Frankenstein de Mary Shelley, aussi. Et si vous aimez les romans à tiroirs, les romans bizarres, les romans surprenants ou les romans pastiches (et drôles), encore plus...! »Kim
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« Succès mérité au cinéma, Pauvres Créatures était avant tout un roman écossais aussi déroutant qu'inventif. Un Londres gothique rétrofuturiste, une inquiétante étrangeté, une héroïne aussi fraîche qu'indomptable, des hommes désemparés. Et surtout, quelle écriture et quelle inventivité formelle! Un petit chef-d’œuvre. »Adrien
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J'ai tout bonnement adoré ce livre!!! Qu'il est drôle, qu'il est étonnant, ébouriffant! Je l'ai lu grâce à l'adaptation au cinéma, que je n'ai pas vu d'ailleurs, et que je ne verrais peut-être jamais, tant j'ai peur d'être déçue. Entre Frankenstein, Candide, les Lettres persanes, voici un petit livre féministe (sans en avoir l'air), rafraichissant, à faire lire à tous les hommes en cours de déconstruction.Astrid Hubert
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« Il s'agit là d'un pastiche du roman gothique anglais. Mais A. Gray [...] entraîne le lecteur plus loin, dans ce no man's land où s'affrontent deux conceptions de la modernité, l'une humaniste et l'autre scientiste. Avec, en prime, l'humour décapant qu'on ne prête qu'aux désespérés polis. »TEMOIGNAGE CHRETIEN
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Lire l'article sur l'adaptation du roman au cinéma et les Golden Globes qui l'ont récompensée iciSite Actualitté
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"Un régal de lecture !" Ecouter le podcast iciGorian DelpâtureRTBF La Première - Entrez sans frapper
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Voir le replay de l'émission ici (à partir de 9:10)Emily BarnettCanal+ - Le Cercle cinéma
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"D’une écriture cathartique dont l’enjeu narratif brille par sa singularité, Premières plumes est une belle découverte." Lire l'article iciSophie RosemontVogue
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"Cette variation féministe et libertaire autour du canevas de Frankenstein rue dans tous les brancards possibles. Visuel, avec un texte où alternent illustrations à l’ancienne, pâtés et gribouillages ; typographique, avec des sautes permanentes d'un registre de discours à l'autre, de la lettre à l’article de Who’s Who ; idéologiques, avec de véhémentes considérations politiques, nationalistes et sociales. Alasdair Gray s’affaire dans ce laboratoire littéraire avec une rage enjouée de biogénéticien linguistique foutraque. La réjouissance littéraire à l’état pur."François AngelierLe Monde des Livres
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"Là réside tout le génie littéraire d’Alasdair Gray et son pastiche de conte gothique. En mêlant écriture romanesque et récit épistolaire, en impliquant tous les points de vue de ses différents personnages, il livre un roman protéiforme qui est la véritable créature frankensteinesque. Il est le créateur et son œuvre est sa créature." Lire l'article iciElias ZabaliaPauvres créatures
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"Si le monstre Frankenstein avait été inventé par une femme, en 1818, son équivalent féminin l’a été par un homme, l’écrivain écossais Alasdair Gray, en 1992. Il façonne une créature désinhibée, socialement inadaptée, follement romantique et résolument féministe dans une Angleterre victorienne bourgeoise et corsetée. Le résultat est aussi savoureux que terrifiant. Pas étonnant que ce scénario macabre et fantastique séduise Hollywood. Le film adapté de ce livre sort le 17 janvier, avec une Bella Baxter campée par la brillante Emma Stone. L’occasion de lire ou relire ce roman aux accents gothiques."Yolaine de ChanaudLe Parisien week-end
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"Un conte fantastique qui rappelle nécessairement celui de Frankenstein ; toutefois, si le Prométhée Moderne de Mary Shelley se voulait un avertissement, l’imagination débridée d’Alasdair Gray éclabousse cette période sombre d’un charme et d’un humour bienvenus."Ellen IcthersQwertz - RTS
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Ecouter le podcast de l'émission iciCanal B - Crème de la crème
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Ma création
Comme la plupart des employés de ferme de cette époque, ma mère se méfiait des banques. Quand la mort approcha, elle me déclara que ses économies d’une vie se trouvaient dans une malle de fer-blanc sous le lit et elle marmonna: » Prends et compte. «
Je le fis, et la somme était plus importante que je ne m’y attendais. Elle dit:
» Tâche de créer quelque chose de toi avec ça. »
Je lui répondis que je me ferais – que je me créerais – médecin, et sa bouche se tordit de la grimace sceptique avec laquelle elle accueillait toutes les idées saugrenues. Un moment après, elle chuchota âprement:
» Ne dépense pas un sou pour l’enterrement. Si Scraffles me met dans la fosse commune, qu’il se débrouille en enfer! Promets-moi que tu garderas tout mon argent pour toi. »
Scraffles était le
surnom courant de mon père et d’une maladie qui atteint la volaille mal nourrie. Scraffles paya l’enterrement mais m’annonça: » Je te laisse t’occuper de la pierre. «
Douze années passèrent avant que je pusse offrir un monument convenable, mais alors personne ne se souvint de l’emplacement de la tombe.
À l’université, mes vêtements et mes manières dénonçaient mes origines de valet de ferme, et comme je n’aurais permis à personne d’en ricaner, j’étais d’habitude seul hors des amphithéâtres et des salles d’examen. Au bout du premier trimestre, un professeur me fit venir dans son bureau pour me dire : » Mr McCandless, dans un monde juste je vous aurais prédit un brillant avenir, mais pas dans celui-ci, à moins que vous n’apportiez certains changements à votre personne. Il se peut que vous deveniez un plus grand chirurgien que Hunter, un plus habile obstétricien que Simpson, un meilleur généraliste que Lister, mais si vous n’acquérez pas une touche d’aisance hautaine ou d’humour bon enfant, aucun patient ne vous fera confiance, et les autres médecins vous éviteront. Ne
méprisez pas un aspect poli parce qu’un grand nombre de crétins, de snobs et de crapules l’ont. Si vous ne pouvez pas vous offrir une bonne veste chez un bon tailleur, cherchez quelque chose qui vous aille dans le stock confisqué d’un bon prêteur sur gages. La nuit, pliez soigneusement votre pantalon entre deux planches sous votre matelas. Si vous ne pouvez pas changer de linge chaque jour, essayez du moins de mettre à votre chemise un col fraîchement amidonné. Participez aux conversations, aux concerts privés, au milieu des gens que vous vous appliquez à rejoindre – vous découvrirez que ce ne sont pas de mauvais lascars, et vous vous intégrerez peu à peu par imitation instinctive. »
Je lui déclarai que j’avais juste assez d’argent pour payer mes droits d’inscription, mes livres, mes instruments et ma nourriture.
« Je savais que c’était là votre problème ! » s’écria-t-il triomphalement. « Mais le conseil d’université dispose de legs pour des cas méritants comme le vôtre. La plupart des bourses sont accordées à des étudiants en théologie mais pourquoi la science serait-elle exclue? Je pense que nous pouvons nous arranger pour vous donner au moins le prix d’un costume neuf, si vous nous sollicitez de la bonne façon et si j’en dis un mot. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que nous tentons la chose ? «
S’il avait dit: « Je pense que vous avez droit à une bourse, voici comment s’y prendre, et je serai votre recommandation » – s’il avait dit cela, j’aurais pu lui en être reconnaissant; mais il était renversé dans son fauteuil, les mains croisées sur son gilet renflé, levant vers moi (car je n’avais pas été invité a m’asseoir) un regard minaudier, avec un sourire tellement béat et suffisant que je crispais mes poings dans mes poches pour m’empêcher de le frapper en pleine mâchoire. Au lieu de quoi je lui dis que je venais d’un coin du Galloway où les gens n’aimaient pas demander la charité; mais que, puisqu’il avait une haute opinion de mes talents, nous pourrions nous arranger pour en profiter tous deux. Je lui suggérai de me prêter une centaine de livres, que je lui rembourserais avec sept et demi pour cent d’intérêt, avant ma cinquième année de généraliste ou ma troisième année de consultant, quand j’ aurais pu réunir le magot initial plus une vingtaine de livres. Il resta bouche bée, et j’ajoutai vivement: » Naturellement, il se peut que je sois insolvable si je rate mes examens, ou si on me raye rapidement de l’ordre, mais je pense néanmoins que c’est un investissement sûr. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que nous tentons la chose?
– Vous plaisantez ? » murmura-t-il en me regardant droit dans les yeux, et en esquissant un sourire convulsif qu’il voulait me voir imiter. Mais j’étais trop furieux pour m’associer à sa grimace ; je haussai les épaules, lui dis au revoir, et m’en allai.
Il y eut peut-être un rapport entre cet entretien et une enveloppe adressée par une main inconnue qui m’arriva par la poste une semaine plus tard. Elle contenait un billet de cinq livres, dont je consacrai la plus grande partie à l’achat d’un microscope d’occasion, et le reste à des chemises et des cols. Je pus alors me vêtir moins comme un laboureur, et davantage comme un libraire indigent. Les autres étudiants estimèrent sans doute que c’était un progrès, car ils se mirent à me saluer chaleureusement, et à me raconter les ragots du moment, quoique je n’en eusse aucun à leur fournir. Godwin Baxter était le seul à qui je m’adressais comme à un égal, parce que (comme je le crois encore) nous étions les deux éléments les plus intelligents et les moins sociables de la faculté de médecine de Glasgow.