Olivier Truc, je le suis depuis toujours. Parole de libraire et de lectrice. D’émerveillement en coups de cœur, je ne suis jamais déçue. La police des rennes, l’Imposteur, Les sentiers obscurs de Karachi, Le cartographe des Indes Boréales, je le laisse à chaque fois m’emporter sur des sentiers différents. Et quand je referme la dernière page du livre, j’attends gloutonnement le suivant.
Le premier renne. Olivier Truc signe un chef-d'œuvre, mêlant enquête policière et fresque historique, avec une finesse rare. Ce roman nous plonge au cœur de la Laponie, sur les terres majestueuses du territoire sámi, où les éleveurs de rennes se battent pour préserver leurs coutumes face aux spoliations et à la quête effrénée de terres rares.
La plume de l’écrivain, aussi cinématographique que poétique, magnifie les paysages glacés et mystérieux de ces contrées, tout en nous emmenant sur les traces de personnages d'une humanité bouleversante. Klemet, Nina, Anja, Joseph et Elena sont autant d’âmes attachantes qui, à travers l’intrigue de crimes mêlés à un possible suicide, loupent rarement une occasion de nous rappeler la profondeur des conflits identitaires et des manœuvres sordides qui les entourent.
L’histoire résonne comme un cri d’alarme quant à la disparition des traditions et à la fragilité des clans, tandis que le marquage des rennes, rituel millénaire, symbolise à la fois la résistance et l'effacement d'une culture. Le loup, omniprésent, devient le miroir de l'âme humaine : tantôt protecteur, tantôt destructeur.
Avec tendresse et talent, Olivier Truc éveille la conscience de ses lecteurs tout en les happant dans une intrigue haletante où chaque outrage aux rennes est une métaphore des outrages faits aux peuples et à leur identité. Une œuvre profonde, à la fois sensible et intense. Bravo Olivier Truc!