Publication : 06/05/2010
Pages : 156
Grand Format
ISBN : 978-2-86424-749-4
Couverture HD

Sept nuits d'insomnie

Elsa OSORIO

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17 €
Titre original : Callejón son salida
Langue originale : Espagnol
Traduit par : François Gaudry

Elsa Osorio a plusieurs cordes à son arc de narratrice, ici elle en rassemble deux : l’une fantastique et allégorique, et la seconde réaliste, ancrée dans l’histoire récente de l’Argentine. Ces nouvelles ont été écrites à des époques différentes, certaines pendant la période la plus sombre de la dictature militaire, au moment où la censure ne permettait pas d’appeler les choses par leur nom. D’autres l’ont été vingt ans après, alors que la réalité retrouvait une identité. Toutes ces histoires, qu’elles parlent de blessures inguérissables, perte d’identité, solitude, trahison, ou racontent des histoires sans issue, sont toujours ouvertes à l’espoir. Elles nous parlent d’impasses dont on peut sortir. La littérature prend sous la plume d’Elsa Osorio son sens le plus noble. C’est elle qui transforme la réalité, dans ses aspects les plus inquiétants et les plus sordides, en un message de consolation à ceux dont la politique ou l’angoisse ont fait des êtres sans espoir et sans voix.

  • « Elsa Osorio (oui, vous la connaissez sûrement…vous avez peut-être déjà lu Luz ou le temps sauvage ou Tango) nous mène une fois encore en Argentine, mais cette fois-ci avec un recueil de nouvelles. Elles sont tour à tour fantastiques, métaphoriques, ou très réalistes, écrites à des époques différentes, les plus anciennes écrites pendant les années de la dictature, ou plus récemment… L’Argentine d’hier, et celle d’aujourd’hui… Des pans d’histoires, d’Histoire, qui lavent ou ravivent les blessures, qui nous parlent d’identités – dérobées, perdues ou rêvées, ou d’impostures… Un monde qui résonne de solitudes solitaires, de trahisons, d’odeurs de l’angoisse … Le titre argentin, Callejón con salida, donne le ton, et une note d’espoir ! Des impasses dont on peut sortir… Vive la littérature ! »

    Anne-Marie Carlier
  • « Mais ce recueil puise son originalité et tout son attrait dans l’alternance de récits réalistes et fables fantastiques. Directe et délicate dans le réalisme, l’écriture se fait brillante dans l’allégorie pour tromper la censure de l’époque. »
    Sarah Despoisse
    CULTUROPOING.COM
  • « Elsa Osorio fait entrer ses lecteurs par le soupirail. Les terrains sont minés. L’accès est glissant. On étouffe, on croit respirer, on étouffe à nouveau. Une telle intimité paralyse, un tel partage de la cruauté des hommes ne laisse à l’espoir que l’espoir de pouvoir lire encore un peu. »
    Didier Bazy
    LA VIELITTERAIRE.FR
  • « Même si elle raconte la perte d’identité, les plaies non cicatrisées ou la trahison, Elsa Osorio ne balaie pas l’espoir ni l’humanité qui se manifestent parfois là où on ne les attend pas. La mémoire n’empêche pas la tendresse. »
    Geneviève Bridel
    GENEVE HEBDO
  • « On n’est pas loin de Kafka, sauf que les blessures intimes, cauchemars, crises de solitude ne sont pas ici irréversibles. Car si elle parle d’impasses, Elsa Osorio ne rechigne pas à ouvrir des brèches. La Lumière est là soudain au bout de la nuit.
    Alain Favarger
    LA LIBERTE
  • « L’auteur délivre des messages de consolation à ceux que la politique ou l’angoisse ont transformés en des êtres sans espoir et sans voix. »
    Jean-Michel Klopp
    LETTRES DES AMERIQUES
  • « Ce sont différents drames humains, d’hier et d’aujourd’hui, d’où l’espoir n’est pourtant pas exclu, et dont certains ont pour cadre l’Espagne – pays où a longtemps vécu l’auteure de Luz ou le temps sauvage – qui sont mis en scène, ce au fil des textes qui explorent avec sensibilité la psychologie d’hommes et de femmes confrontés au mal de vivre. »
    Michel Paquot
    LE GENERALISTE
  • « [...] Voici un recueil de nouvelles écrites certaines à plus de vingt ans d’intervalle, qui nous parlent des impasses auxquelles on peut échapper dans un message de consolation. »
    Solange Bazely
    TOUT TANGO



LES LETTRES DE JUAN

Il faut faire quelque chose, mais quoi ? Le dire à Gabi, non, là-dessus ils sont tous les trois d’accord. Et puis, lui raconter quoi, l’un d’eux sait-il avec certitude ce qui est arrivé à Juan ? Pourtant, cette situation n’est plus tenable. Hier encore Gabi a demandé à Maruja : où est Juan ? Comment est-il possible qu’il soit parti sans me dire un mot ? Il ne peut pas changer comme ça du jour au lendemain, il m’aime, Juan. Bien sûr, Gabi, on t’aime tous, lui a répondu Maruja. Et Gabi l’a alors regardée comme lorsqu’elle a eu… ça, avec ces yeux qui lui éclataient au visage. Maruja a tenté de lui expliquer que Juan était parti parce que la situation du pays était devenue compliquée, et elle a même évoqué son activité politique, à mots couverts, bien sûr, mais Gabi l’a interrompue : elle le sait très bien, beaucoup mieux qu’elle, qu’elle cesse de la traiter comme une gamine, elle a vingt ans, et si pendant vingt ans Juan et elle n’ont pas été seulement des jumeaux mais des amis, ce n’est pas Maruja qui va lui expliquer comment est Juan, mais qu’est-ce qu’ils savent, s’il te plaît, Maruja, ne me cache pas la vérité.
– Après, je l’entends marcher toute la nuit dans sa chambre, elle recommence, comme avant ce terrible après-midi. Je préfère ne pas y penser, la main avec laquelle j’ai dû la gifler pour qu’elle arrête me fait encore mal.
Même Javier et Enrique avaient été heurtés par cette violence, qu’est-ce qu’elle croit, qu’elle est la seule à avoir souffert ? Eux aussi sont ses frères. C’est pourquoi Maruja les a appelés aujourd’hui, pour qu’ils prennent ensemble une décision. Tous les trois ont toujours veillé sur les jumeaux ; normal, ils sont plus âgés, mais depuis que ses frères se sont mariés, c’est Maruja qui vit avec eux et elle ne veut pas se sentir seule responsable de ce qui pourrait arriver maintenant à Gabi, encore moins depuis l’histoire de Juan, non… Elle craint que Gabi ait une rechute, elle se comporte comme à ce moment-là, juste avant qu’ils aient dû la faire interner. Elle pense que l’incertitude sur le sort de Juan la perturbe.
– Mais on ne peut pas lui dire la vérité, Gabi ne la supporterait pas.
– Comme elle n’a pas supporté la mort de maman, dit Enrique. Avant elle n’avait que rarement des comportements extravagants, c’est après la mort de maman que Gabi est devenue comme ça.
Et qu’est-ce qu’ils vont faire si elle a une autre crise ? De nouveau la clinique, la cure de sommeil, les mensonges aux amis, et Gabi grosse et docile, comme après le traitement ?
– C’est la croix et la bannière pour lui faire prendre ses médicaments et elle refuse d’aller à la consultation, dit Maruja.
– C’est à cause de Juan, dit Javier. Il l’a convaincue que ce psychiatre allait la détruire, la changer en légume.
– Et qui sait ce qu’il a dit d’autre à Gabi, il était déjà avec ces gens qui lui ont bourré le mou, dit Enrique. Quand Juan a commencé à changer, à se révolter, à tout critiquer, je vous ai prévenus, ne me dites pas le contraire. Vous vous rappelez comme il s’est indigné quand on a fait interner Gabi sans lui demander son avis ? Lui, et lui seul, allait s’occuper de trouver le spécialiste et le traitement adéquat pour Gabi. Mais quand ? Les derniers temps on ne le voyait presque plus à la maison.
– Pour l’instant on parle de Gabi, intervient Maruja. De Gabi, pas de Juan. Pour lui on ne peut plus rien…
Peut-être pour que Maruja n’éclate pas en sanglots qu’on la sent retenir, Javier les interrompt avec agacement : qu’ils arrêtent une bonne fois pour toutes avec ces disputes, ils sont tous bouleversés par ce qui est arrivé à Juan. Comment ne pas l’être, dit Maruja, et puis bouleversée non, moi je suis détruite, et c’est moi qui suis avec Gabi toute la journée, moi qui dois faire bonne figure, et vous voulez bien me dire quelle tête je dois faire quand elle me demande où est Juan ? Maruja a raison : maintenant il faut réfléchir à la manière de rassurer Gabi.
Les lettres, c’est Javier qui le suggère. Maruja trouve cela dangereux parce qu’il est possible que la correspondance soit surveillée et que cela nuise à Juan, du moins s’il se cache et… Allons, Maruja, cesse de te raconter des histoires, nous savons que Juan est mort. Et Javier : ça, c’est ce que pense Enrique, mais quant à savoir avec certitude, ils ne savent rien. Tu l’as vu mort ? Moi non, et Maruja non plus.
Maintenant c’est Enrique qui dit que la question n’est pas Juan, c’est assez douloureux comme ça, la question c’est Gabi. Gabi va très mal. Comme nous. Mais c’est différent parce qu’elle est jeune et malade des nerfs.
L’idée de Javier est bonne. Il ne faut pas perdre de temps, lui-même s’engage à écrire la première lettre de Juan cet après-midi. Ils se mettent d’accord sur les détails : ils l’écriront à la machine, avec des phrases assez vagues pour qu’elle n’ait pas de soupçons, et sans date. Enrique donnera la lettre à son beau-frère pour qu’il l’envoie du Brésil.
La deuxième, c’est Enrique qui l’écrit, et ils la confient à une amie qui part en voyage et la postera à Barcelone.
Ils décident de n’ajouter qu’un changement de ville et s’excusent de ne pas donner d’adresse pour que Gabi lui réponde, mais elle doit comprendre, c’est pour des raisons de sécurité.
Maruja écrit la troisième et raconte qu’il s’est laissé pousser la barbe et que ça lui va très bien. Et dans la quatrième, écrite par Javier, Juan a un travail pas très intéressant mais qui lui permet de continuer à voyager.
Les mois suivants, Juan prend des trains, des autobus, est émerveillé par des monuments historiques, occupe des emplois sporadiques, a les cheveux longs.
Difficile de trouver quelque chose de nouveau à écrire, conviennent-ils tous les trois ce soir-là, pendant qu’ils prennent un café, après le repas. Gabi s’est retirée dans sa chambre.
– On devrait peut-être introduire les lectures, un nouvel écrivain, suggère Javier. Les livres ont toujours été un lien très fort entre Gabi et Juan. – Oui, Juan aime beaucoup lire.
Maruja ne supporte pas le regard réprobateur d’Enrique, qu’il ne le dise pas, par pitié, qu’il ne le dise pas, mais il le dit quand même : aimait, Maruja, aimait. Mais tu as vraiment besoin d’en rajouter, Enrique ? Et Javier passe un bras sur l’épaule de Maruja.
Elle va pleurer, oui, mais pas seulement pour Juan, elle va pleurer pour la lettre que Gabi a écrite hier soir à Juan et qu’elle a déchirée en mille morceaux, car où allait-elle l’envoyer ? Où ? Gabi piétinait les bouts de papier par terre, avec rage, comment peux-tu me faire ça, Juan ?, les mains crispées et cette expression dans les yeux qui fait si peur à Maruja.
– Sa lumière est allumée, observe Enrique.
– Oui, elle reste éveillée, dit Maruja d’une voix brisée, Gabi va mal, très mal.
– Moi, elle m’a semblé bien. Et même contente, je dirais.
– Oui, trop. Elle est très excitée. Vous avez vu comment elle riait ? Hier je l’ai entendue faire les cent pas dans la chambre. Elle ne dort pas, je lui donne les comprimés, mais ils ne lui font pas d’effet.
Ils ont peut-être fini par exagérer en donnant une lettre à presque tous les amis qui partaient en voyage. Avec tant de lettres, tant d’endroits, on peut se tromper, même eux se sont trompés.

Elle voit entrer Maruja avec un verre d’eau sur le plateau du petit-déjeuner. Elle veut s’assurer que Gabi prend les remèdes parce qu’elle doit sortir et ne rentrera que le soir. Juan lui disait de ne pas les prendre, le Juan d’avant, pas celui des lettres qui lui recommande de prendre soin d’elle, de bien dormir. Elle ne veut pas discuter avec Maruja, elle ne veut plus entendre : ça va te faire du bien, c’est pour que tu sois tranquille.
Tranquille, tranquille, ça veut dire le nuage sur lequel elle va marcher pendant la journée, le fauteuil, un coup d’œil par la fenêtre, lire la fatigue, elle confond les caractères. Une lettre courte, elle peut la lire, une lettre écrite à la machine, comme si elle ne comprenait plus l’écriture de Juan.
De toute façon elle ne les comprend pas, la faute aux comprimés ou à l’éloignement. Difficile de retrouver Juan dans ces lettres brèves, anodines, liées à un mur par des courroies invisibles, qui ne disent rien d’autre de Juan que son absence. Pourtant elle les attend avec anxiété. Si au moins elle pouvait lui envoyer les lettres qu’elle lui écrit, elle trouverait la manière de lui dire quelque chose qui le réveillerait, lui rendrait le complice qu’elle a toujours eu en Juan.
– Oui, Maruja, je vais les prendre.
Gabi a appris à cacher les comprimés sous la langue et même à boire de l’eau sans les avaler. Dès que Maruja a le dos tourné, elle les extrait de sa bouche avec un doigt et les comprimés disparaissent dans le tourbillon d’eau de la cuvette des W-C.
Elle se douche et s’habille. S’assied au salon. De là, elle voit parfaitement la porte d’entrée. Le bruit de l’ascenseur et les enveloppes sous la porte. Elle se précipite pour les ramasser avant Zulma, la femme de ménage. Elle prend deux enveloppes à son nom et pose les autres sur la table. Puis elle s’enferme dans sa chambre. D’un geste vif elle ouvre une enveloppe. Juan va bien, il continue de voyager, le temps est agréable, il espère qu’elle va mieux. Elle ne veut pas poursuivre. Juan, où es-tu parti, quels comprimés on te donne tous les matins, quel médecin te plonge dans cette somnolence qui te dicte des phrases si bêtes et qui te ressemblent si peu ?
Elle ouvre l’autre enveloppe : Gabi, ma petite sœur chérie, ma mouette. Mouette, la plage, Cariló, les histoires qu’ils se racontaient, les jeux, les dunes où ils se laissaient glisser, les rires. Juan, enfin ! J’ai peur.
Gabi compare les lettres, elles sont écrites à la machine, dans l’une il va bien, il se promène ; dans l’autre il a peur. Peur, Juan ? Tu ne me l’as jamais dit, alors que tu devais avoir très peur, sinon tu ne me l’aurais pas écrit ainsi, comme si ce n’était pas toi. Dans l’une Chère Gabi, dans l’autre Gabi, ma petite sœur chérie, ma mouette. Tu me manques, tu ne peux pas savoir comme tu me manques. Tous les matins, quand je lance le filet avec les pêcheurs et que je découvre sous l’eau des poissons multicolores, je pense combien j’aimerais que tu sois là avec moi. On se raconterait des histoires de pirates, de marins et de sirènes comme quand on était petits, tu te rappelles ? C’est cette Gabi que j’aime, pas celle qui flotte dans la brume des médicaments. Mais d’ici je ne peux rien faire. Hier je disais à Paco que je me sens tellement coupable de ne pas t’avoir aidée. Tout s’est passé si vite. J’ai dû partir tout de suite, c’était absolument nécessaire, je ne pouvais pas rentrer à la maison, cela aurait été dangereux pour vous tous.
Elle saute des paragraphes, elle relit : Gabi, ma mouette, et cette dernière phrase : Je ne devrais pas t’écrire, c’est imprudent, mais j’en ai besoin. J’ai peur pour moi et pour vous. Cette lettre est un secret, il ne faut le dire à personne, comme quand on se cachait sous la tente dans le jardin de la ferme et que tu préparais des potions magiques dans le mortier avec des feuilles et des fleurs et que je te racontais mes exploits de chef. Détruis cette lettre et son enveloppe, jette-les et dis aux autres que tu as appris que j’allais bien. Que je suis vivant. Seulement ça. Et surtout qu’ils ne fassent rien pour me retrouver, qu’ils restent tranquilles. Il y aura des temps meilleurs et nous pourrons nous revoir. L’organisation qui s’occupe de nous est en train de négocier un asile politique dans une ville où tu pourras venir nous voir. Tu n’as qu’à inventer que je t’ai téléphoné, un appel très court, quand tu étais seule.
Chercher dans un agenda le numéro de la sœur de Paco, à l’époque elles étaient amies, si elle pouvait retrouver le ton de leurs quinze ans, quand toute cette horreur ne les avait pas encore frôlées. Lui proposer cette rencontre à laquelle María est si réticente, mais Gabi insiste tant et plus qu’à la fin oui, elle la retrouvera au bar près de chez elle, dans une heure.
María croit qu’ils ont pu s’échapper, oui, mais elle ne sait pas où. Quelqu’un lui a assuré qu’ils étaient sains et saufs, ne t’inquiète pas, Gabi, et probablement dans quelques mois, peut-être un an, ils pourront s’établir en… Suède, ou en Espagne, dans un endroit sûr, et alors oui, ils auront des nouvelles d’eux. Mais où sont-ils maintenant ? María esquive la question, il est évident qu’elle ne veut pas le lui dire. Gabi doit trouver les mots précis pour la convaincre, heureusement elle ne prend plus ses médicaments depuis deux jours. Je ne dirai rien, María, je te le promets, j’ai besoin de voir Juan, ici je vais mourir, mes frères vont encore me faire enfermer. Elle parle et parle. María se tait, ses yeux sont de plus en plus humides, elle sèche de sa main une larme imprudente : Arrête, Gabi, arrête. Ils sont dans un petit village au bord de la mer, Santa Cruz do Abais, on y va par Aracajú. Non, ne l’écris pas, s’il te plaît, répète et mémorise-le. Aracajú, au nord de Salvador. Gabi ferme les yeux et répète les noms à voix basse. Elle ne les oubliera pas.
– Merci, María, merci.
– Fais bien attention, et quoi qu’il se passe, ne dis jamais où ils sont.
Elle le trouvera. Le voyage par la route doit prendre plusieurs jours mais elle tiendra le coup. Si elle reste à Buenos Aires, elle va encore recevoir une lettre d’un endroit quelconque du monde où Juan n’est plus Juan.
Elle doit partir avant que Maruja revienne. L’argent est toujours là où le range sa sœur, ce sera suffisant. Elle a ses papiers d’identité. Un petit sac à main. Elle laisse un mot dans le tiroir de son bureau, ils vont sûrement regarder dedans. Elle referme la porte, agitée. Elle laisse derrière elle Maruja et ses comprimés, Enrique et Javier qui lui parlent comme si elle avait dix ans, en évitant de mentionner Juan.

Née à Buenos Aires en 1952, Elsa Osorio est romancière, biographe, nouvelliste et scénariste pour le cinéma et la télévision. Elle a vécu à Paris et à Madrid, et réside actuellement à Buenos Aires. Elle a publié notamment de nombreuses œuvres en Argentine (Ritos privados, Reina Mugre, Beatriz Guido, Como tenerlo todo, Las malas lenguas). Elle est lauréate de plusieurs prix, dont le Prix National de Littérature pour Ritos Privados, le Prix Amnesty International pour Luz ou le temps sauvage. Ses romans sont largement traduits en Europe,   en Japon, Chine, Indonesie, Bresil. Son œuvre est disponible en français chez Métailié, dont Luz ou le temps sauvage, Tango, Sept nuits d’insomnie, La Capitana (2012).

Bibliographie