Dans la presse

TELERAMA

Christine Ferniot

Les Indiens Tupi étaient " nus, féroces et anthropophages ", et le malheureux Hans Staden, Allemand de Hambourg, crut en faire les frais lorsque son navire échoua en 1547 près de l'île Saint-Vincent. De retour chez lui, le voyageur décida de raconter son expérience auprès de ces " sauvages " d'Amérique qui dévoraient leurs prisonniers après une longue fête et un grand coup de massue. Son témoignage n'est pas seulement un document ethnographique sur les moeurs et coutumes de ces guerriers, mais la narration d'un mort en sursis. Le malheureux décrypte au jour le jour sa peur, sa duplicité pour survivre, son jugement sur les autres, chasseurs ou gibiers. Grâce à cet observateur angoissé, on sait tout du rituel anthropophagique, dessins à l'appui. Et cette lecture, édifiante, va bien au-delà du pittoresque et de l'authentique : elle apporte un supplément d'âme au documentaire, soudain vécu de l'intérieur.