Cristovão Tezza nous raconte l’histoire d’un père et de son fils trisomique. Sans aucune trace de sentimentalisme ou de commisération, le discours du narrateur sur le père est surprenant. Entraîné par l’analyse sèche des sentiments intimes et des émotions avortées, le lecteur découvre l’originalité de ce point de vue qui transforme l’expérience humaine en littérature. Le père du petit Felipe n’a pas de nom, il a été hippie, a fait du théâtre, est un écrivain qui accumule les refus d’éditeurs, vit aux crochets de sa femme, dans une position d’adolescent prolongé. La naissance d’un enfant atteint du syndrome de Down va le placer en face d’une réalité qui le remet en cause. Il va d’abord tenter de fuir en souhaitant la disparition de l’enfant, puis son perfectionnement par diverses pratiques et gymnastiques à la mode, jusqu’à découvrir les petites victoires de la vie, la passion partagée pour le football.
Plus que l’histoire d’un enfant anormal, il y a ici une belle réflexion sur la paternité et la maturation d’un point de vue sur le rôle d’un père. Ces réflexions fuient l’émotion facile. La distance littéraire exceptionnelle de ce texte a valu à l’auteur les prix les plus prestigieux de la scène littéraire brésilienne.
- Prix Charles Brisset - 2010