"Depuis que le réveil, en guise de tic-tac, dit con-vo-ca-tion, con-vo-ca-tion, con-vo-ca-tion, je n ‘ai pu m’empêcher de penser au commandant Albu (...). Dès que la fenêtre était devenue grise, j ‘avais vu au plafond la bouche d'Albu en très grand, le bout de sa langue rose qui pointait derrière sa denture inférieure, et entendu sa voix narquoise : Pourquoi être à bout de nerfs, nous ne faisons que commencer."
Dans le tramway qui la mène au bureau de la Securitate, où elle a de nouveau été convoquée, la narratrice lutte pour ne pas se laisser entraîner par son angoisse et le sentiment d’humiliation que son interrogateur va s’ingénier à provoquer dès son entrée. Elle a, un jour, osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, comme une bouteille à la mer, depuis elle est convoquée... Elle voudrait pouvoir résister...
Herta Müller nous transmet l’expérience de la dictature, de la peur et de l’humiliation à travers un style dont les phrases courtes ont la force et l’intensité d’un poème.
"Elle a choisi un style léger et poétique pour mieux faire surgir le drame à l'instant où on ne l'attend pas."
Télérama
- Prix Nobel de littérature - 2009