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Alexie Lorca

"Le 11 septembre 1973, le général Pinochet, soutenu par la CIA, renversait le gouvernement démocratique de Salvador Allende qui mourut lors des combats. A l'instar d'Isabel Allende, exilée aux Etats-Unis, qui publie un récit retraçant son enfance et sa jeunesse au Chili (Mon pays réinventé, Grasset), tentons de nous représenter ce coup d'état. Imaginons l'armée française attaquant l'élysée, balayant à la mitraillette Jacques Chirac et ceux qui tenteraient de le protéger. Le scénario est adaptable à n'importe quel pays démocratique... Voilà exactement ce qu'évoque la date du 11 septembre à nombre de Chiliens, dont Luis
Sepulveda. Il fît partie des victimes de la répression sanglante sur laquelle Pinochet s'appuya pour asseoir une dictature durable. Après deux ans de torture et de prison, Sepulveda s'exila. "J'écris parce que j'aime ma langue et que j'y reconnais la seule patrie possible, car son territoire est sans limites et son pouls un acte permanent de résistance", affirme-t-il aujourd'hui, trente ans après le coup
d'état, et cinq ans après l'arrestation de Pinochet en Angleterre. Une arrestation qui rendit un peu d'espoir aux familles des milliers d'opposants disparus et à tous ceux qui s'étaient battus pour la liberté. Entre le 16 octobre 1998 et la fin de l'an 2000,
Sepulveda écrivit plusieurs textes et articles qu'il a rassemblés dans ce recueil. Comme dans Les roses d'Atacama, il y évoque la mémoire de tous ces héros inconnus qui rendirent un peu de dignité aux leurs. Il y interpelle les dirigeants "démocrates" post-Pinochet - dont ceux de gauche - qui maintiennent sur les années noires une chape de silence complice. Un plaidoyer magnifique pour qu'un jour soient jugés "tous les responsables de crimes contre l'humanité ". A lire également Exorciser la terreur, l'incroyable et interminable procès du général Augusto Pinochet, d'Ariel Dorfman (Grasset).