Dans la presse

SUD OUEST

Yves Harté

 Il existe aux antipodes de Tanguy Viel, au Chili exactement, son double contraire. Ramon Diaz-Eterovic joue lui aussi et en toute conscience des lois du polar. Son privé s'appelle Heredia. Vie de paumé, alcool, amours déçues, Heredia a tout perdu, sauf son chat, Simenon, avec qui il a de longues conversations. Un jour, la route sur laquelle il fait du stop croise celle d'une jeune écolo. Dans le Santiago qu'il a quitté quelques années plus tôt, Heredia est obligé, pour se sortir d'un mauvais pas, de reprendre une enquête sur une attribution de marché public concernant un oléoduc.
On y trouve bien sûr tous les ingrédients nécessaires, des cadavres et des flics désabusés, des hommes politiques mouillés par des pots-de-vin, mais, là aussi, l'essentiel est ailleurs. Il est dans le portrait d'une mégapole la nuit qui pourrait être Londres, New York ou Madrid, dans le naufrage des espérances et des vies heureuses. Pourtant, il faut lutter. Pourquoi ? Pour rien, peut-être. Sauf quand un chat qui vous parle ne vous abandonne jamais, même au fond du malheur.
Les Sept Fils de Simenon n'est pas un livre éblouissant. Il est drôle, mélancolique et poignant.