Dans la presse

LA TRIBUNE DE GENEVE

Etienne Dumont

Il s'en passe des choses, dans les entrailles de Bologne ! Entre les restes d'aqueducs romains, les souterrains de la Renaissance et les canaux enterrés après la guerre, une ville parallèle s'est peu à peu constituée sous la capitale de l'Emilie-Romagne. Pour Loriano Macchiavelli, cette cité cachée constitue une métaphore. Une ville qui a connu un attentat comme celui de la gare ou l'affaire dite " de la Fiat Uno ", dans laquelle des ripoux avaient été mêlés à suffisamment de braquages pour faire 24 morts, a bien des choses à cacher.
En 1974, quand cet autre Machiavel a lancé le personnage du sergent Sarti Antonio, ces événements restaient à venir. Sa fiction a donc précédé la réalité dans une série de romans dont le succès aura tel qu'il a suscité deux séries TV en Italie. Les Editions Métailié ont choisi un des derniers parus pour commencer ses traductions. I sotterranei di Bologna mêle toutes sortes d'intrigues dévoilant la face noire du pays : immigration incontrôlée, néofascisme, communisme avachi et bureaucratisé. La sensibilité de gauche de Macchiavelli rejoint celle de Sandrone Dazieri, que publie également la maison parisienne. Le polar est devenu le genre par excellence du roman politique au-delà des Alpes.
Si l'auteur a ici du mal à retomber sur ses pieds, il n'en tient pas moins le lecteur en haleine. C'est drôle, bien torché, avec des personnages plus colorés que nature. Ne se nomment-ils du reste pas Antionetta Velodromi, Mozart Marino, Pellicano Marmocchi ou Insignato del Carmine ?