Dans la presse

LIBERATION

"Pour parler des enfants volés sous la dictature argentine, Elsa Osorio a choisi le « chemin oblique » de la fiction. A Madrid, la jeune Luz a donné rendez-vous à un exilé, Carlos. Pour lui s'ouvre un abîme. Celui de son passé de militant, du souvenir de sa compagne enceinte, torturée, devenue une des trente mille « disparus ».
Luz « s'est acharnée à faire la lumière sur cette histoire d'ombres ». Le dialogue entre Carlos et celle qu'il découvre être sa fille éclaire peu à peu l'inextricable. Osorio entraîne le lecteur dans le puzzle des années 70 : militaires chargés de « purifier un pays », familles complices fermant les yeux sur un nouveau-né tombé du ciel, et, hantées, les familles des victimes. C'est par la prise de conscience d'une ex-prostituée que la narration progresse. Mais il faut l'obstination de Luz pour lutter contre l'enchevêtrement de mensonges, et s'arracher à ce terrible destin: « disparaître en restant en vie ». « Et toi ? tu sais qui tu es ?», interroge aujourd'hui en Argentine la campagne des grands-mères de la Place de Mai à la recherche de dizaines d'autres Luz. Récemment, en Italie, où des
militaires argentins sont au banc des accusés, on a demandé à Elsa Osorio de faire venir au procès la protagoniste de son roman."