Dans la presse

LE SOIR

Pascale Haubruge

Judith, fille d'un pauvre quartier périphérique de Barcelone, déteste le programme que la vie lui tend. Etre vendeuse de téléphones portables ou de vêtements de sport dans l'une des tristes boutiques si banalement alignées dans la rue marchande de sa triste banlieue lui inspire un profond dégoût. Elle rêve d'être écrivain, et se dit qu'elle y arrivera, coûte que coûte. Son modèle ? Regina Dalmau, romancière à succès... La jeune obstinée fait tout ce qu'elle peut pour rencontrer cette dernière, puis entrer à son service. Or la riche mais solitaire romancière est justement dans une mauvaise passe. Jugeant que cette petite tombe à point, elle l'engage sur-le-champ... Et c'est parti pour un roman aux dialogues enlevés, où sont renvoyés dos à dos les peurs, envies, défaites, secrets et ambitions de femmes de tête de deux générations. Et même de trois générations. Car Regina aussi a eu un maître, jadis : une certaine Teresa, écrivain au succès très relatif mais qui lui a donné deux ou trois conseils éthiques qu'elle n'a pas su respecter. En résumé : sois toi-même, trouve ta force à l'intérieur de toi, n'écoute pas les flatteurs, ne suis pas les modes... Et si tout n'était pas dit. Si, en se regardant dans le miroir que lui tend la jeune Judith, Regina trouvait la force de rompre avec ses habitudes, et par exemple de suivre enfin les sains conseils de Teresa... Prix Planeta 2000, ce roman dynamique et subtile analyse d'une plume vive les liens de la transmission, le passage de relais entre les générations. Tant que nous vivons... vivons !, nous glisse l'auteur à l'oreille.