Il avait épousé Maria Pascoal dans le but de cultiver ce qu’il y a de plus pénible dans une alliance. L’amour qui les réunissait était à la limite, presque, de l’indifférence, et cela le rendait plus fort que toutes les passions embellies de brillants prétextes, comme la beauté, la richesse et le talent.
Et pourtant, c’était cette femme qui avait écrit le livre fameux que Léon avait dû revêtir comme un gant. C’est elle qui l’avait appelé Un chien qui rêve, et rien ne lui convenait mieux. Sauf dans les rares moments où il semblait bondir et gémir de joie, il restait immobile, mi-éveillé, mi-somnolent, poussant de temps en temps de petits grognements, comme s’il poursuivait une proie trop rapide et difficile .
Un chien qui rêve ou le manuscrit volé…
Léon Geta excelle dans l’indolence et l’égocentrisme. Léon ne prête guère attention aux goûts de sa femme, Maria, pour la vitesse et la solitude. Elle meurt en laissant un manuscrit qu’il s’approprie et avec lequel il connaît un succès inattendu. A la mort de Maria, l’indifférence qu’il lui portait se change en fascination car l’amour livre ses batailles dans la mémoire et non dans les faits présents .
Récit prétexte à un tableau de l’âme humaine, ce texte est fulgurant de justesse. Agustina Bessa-Luis dessine la complexité des rapports amoureux et avec sa lucidité habituelle, elle met à jour, grâce à son écriture lumineuse, la course de chacun
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« Un grand écrivain dont l'œuvre tend un miroir affectueux mais impitoyable à son pays tout entier. »Olivier Le NaireL'EXPRESS