Dans la presse

LIBERATION

Philippe Lançon

"Pour un romancier, la manière la plus délicate, et la plus risquée, de rendre hommage à l'écrivain qui l'a inspiré, est de le projeter dans l'une de ses propres fictions. Le Cubain Leonardo Padura l'a fait avec Ernest Hemingway : son bref roman salue par l'imagination l'enfance d'une vocation. Padura admire l'Américain et ne cache pas ce qu'il lui doit ; son "double" policier, Mario Conde, non plus. Une tétralogie a conté ses enquêtes dans La Havane, une par saison. De meurtres en désillusions, de rhum en douceur des choses, la ville fixait le thé?tre d'une sensualité, d'un plaisir, d'une lumière, de plus en plus déprimés. A l'issue de l'Automne à Cuba, "le Conde" démissionnait pour écrire - sans vraiment y parvenir. Adios Hemingway le remet en piste pour un petit tour d'honneur. Une tempête a déraciné un manguier dans l'ancienne propriété d'Hemingway, la Finca Vigia, devenue un musée sans gr?ce et sans argent. Sous les racines, on a trouvé les os d'un assassiné. Le meurtre remonte à l'année 1958. L'auteur du Vieil homme et la mer vivait encore là. Est-il l'assassin? Les anciens collègues de Conde lui proposent de résoudre l'énigme."