Dans la presse

LE MAINE LIBRE

Frédérique Bréhaut

Serge Quadruppani est l'un des traducteurs du savoureux Andrea Camilleri, dont il épouse avec bonheur les facéties linguistiques, mais aussi l'auteur d'une vingtaine de romans noirs. Son dernier livre " Corps défendant " entraîne le lecteur sur les pistes troubles des trafics de farines animales. Entre Hélène Loriot, femme de tête par nature et "chercheuse en situations bloquées" par profession, et Romain Lewis, étrange créateur de tests pour magazines féminins, l'enquête ménage autant de rebondissements que de cadavres.
Beaucoup plus noir, très noir même, "Y" qui reparaît en poche, détourne avec une habileté machiavélique "La lettre volée" d'Edgar Allan Poe. Dans ce roman, Claude Varga, dit "Escogriffe", ex-toxico, vit un retour de cure plutôt agité. Son père, Alexandre, un banquier aux relations sulfureuses, a disparu, emportant une valise qui intéresse bien du monde. Entre la mafia et les réseaux islamistes terroristes, il y a foule aux basques de l'héritier Sous son allure nonchalante, émile K, autrefois fleuron du GIGN est le seul qui semble comprendre les enjeux de cette traque. Que signifie l'étrange message laissé par le banquier en cavale ? Quel rôle jouent les deux sœurs, Adèle et Annie ? Quadruppani distille le suspense autant qu'il multiplie les pistes dans un climat marqué par une violence, sèche et silencieuse. Entre Emile K, "miroir lisse et impénétrable" et Claude, "bradezingue silencieux", chacun a ses méthodes, même s'ils partagent tous deux une certaine mélancolie désabusée forgée par la conviction que l'Histoire réserve rarement de bonnes surprises.