Dans la presse

LE FIGARO

Anthony Palou

"Il sait raconter des histoires, ce romancier argentin d'une quarantaine d'années. Il paraît que son précédent roman, La Traduction, était formidable. Après la lecture de ce conte aux multiples rebondissements au siècle des Lumières, on le croit volontiers. Voilà les Mémoires d'un drôle de personnage nommé Dalessius qui débarque dans un obscur port d'Amérique du Sud. Dans ses bagages se promène au fond d'un bocal le cœur de Voltaire. Dalessius se souvient. Il se souvient d'un orphelin, élevé par son oncle, il devint greffier, fit de la prison pour avoir utilisé certaines encres illicites. La calligraphie est sa passion. Dans l'écriture se cache sûrement l'équation secrète du monde. C'est à Ferney, après un voyage dans un corbillard, qu'il rencontre le vieux Voltaire dont la description est savoureuse. On y voit un Voltaire dont la bouche édentée est pleine de formules. Dalessius s'occupera du courrier du maître puis des archives jusqu'au jour où celui-ci l'envoie à Toulouse suivre une affaire qui n'a pas l'air très clair : un certain Jean Calas, négociant protestant, aurait pendu son fils qui était sur le pont de se convertir au catholicisme. Voici notre calligraphe parti enquêter sur place. Tintin au siècle des Lumières ! S'ensuivent des rencontres insolites (Kolm, un ancien bourreau qui a coupé sans le savoir la tête de son père), un étrange fabriquant d'automates, des Dominicains en guerre contre des Jésuites, un maître de la calligraphie? C'est un roman gothique lumineux, rempli de cadavres et de squelettes. Une phrase, au hasard : " Le mal use de moyens angéliques, le bien requiert à présent des moyens infernaux. "Remarquablement intelligent.