Dans la presse

ELLE

Isabelle Lortholary

"Sous la belle gueule de Bernard Giraudeau, tout un monde pas toujours gai. Dans son récit épistolaire, "Le Marin à l'ancre", comme dans ce recueil de nouvelles, "Les Hommes à terre", un univers de solitude planté dans des ports du Portugal ou de France, peuplé d'hommes perdus restés à quai, de femmes douées pour les choses de la vie mais rattrapées par la mort, d'enfants rêveurs qui font du creux de leur lit des voyages extraordinaires. " Au départ, je ne suis pas un écrivain, mais un homme de thé?tre et de cinéma qui aime raconter des histoires qui emmènent vers un ailleurs. J'invente tout, sauf la mer, les femmes et les caractères humains, dont je colle des bouts ensemble. " La mer, présente à chaque page, est une passion qui remonte à loin, lorsque, dès 15 ans, Giraudeau fait l'école des mousses et, à 17 ans, son premier tour du monde sur le "Jeanne d'Arc". Quant aux femmes et à l'amour qu'elles donnent?
>Depuis les premières, rencontrées dans des ports, elles l'occupent et l'obsèdent. " L'amour est un archipel composé de fragments. Il y en a d'heureux, mais jamais de sereins. " Toutes ses histoires d'amour ont maille à partir avec la mort. Diego l'Angolais raconte comment un mécano naufragé adore une femme qu'il n'a pas connu vivante ; dans "Une histoire simple", un loup de mer succombe aux charmes d'une lolita à qui il raconte ses voyages. Mais c'est elle qui finira par partir à l'aventure, et lui en mourra. "Tout homme de mon ?ge a connu cela : l'apparition d'une adolescente dont la sexualité est impossible à contenir. J'ai voulu que la mienne ne reste pas une inconnue. Elle devient ce que cet homme vieillissant n'a pu être : un grand voyageur."Comédien ou écrivain, Giraudeau navigue en eaux sombres dans la peau des autres.