En collaboration avec Daniel Mordzinski
« Nous sommes partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu’on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple: pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e Parallèle, nous descendions jusqu’au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et revenions par la Patagonie chilienne jusqu’à la grande île de Chiloé, soit quatre mille cinq cents kilomètres environ. Mais, tout ce que nous avons vu, entendu, senti, mangé et bu à partir du moment où nous nous sommes mis en route, nous a fait comprendre qu’au bout d’un mois nous aurions tout juste parcouru une centaine de kilomètres. Sur chacune des histoires passe sans doute le souffle des choses inexorablement perdues, cet «inventaire des pertes» dont parlait Osvaldo Soriano, coût impitoyable de notre époque. Pendant que nous étions sur la route, sans but précis, sans limite de temps, sans boussole et sans tricheries, cette formidable mécanique de la vie qui permet toujours de retrouver les siens nous a amenés à rencontrer beaucoup de ces «barbares» dont parle Konstantinos Kavafis.
Quelques semaines après notre retour en Europe, mon socio, mon associé, m’a remis un dossier bourré de superbes photos tirées en format de travail et on n’a plus parlé du livre. Drôles d’animaux que les livres. Celui-ci a décidé de sa forme finale il y a quatre ans : nous volions au-dessus du détroit de Magellan dans un fragile coucou ballotté par le vent, le pilote pestait contre les nuages qui l’empêchaient de voir où diable se trouvait la piste d’atterrissage et les points cardinaux étaient une référence absurde, c’est alors que mon socio m’a signalé qu’il y avait, là en bas, quelques-unes des histoires et des photos qui nous manquaient. »
Luis Sepúlveda, avant-propos du livre
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« Les textes de l’écrivain et les clichés du photographe dressent « l’inventaire des pertes » d’une Patagonie sauvage livrée à la cupidité. Magnifique et essentiel ! »
Béatrice Putégnat -
« L’aventure se déroule sous un ciel bas, aux confins du monde, là où l’on peut passer des jours à rouler sans croiser une âme. Votre guide en ces lieux s’appelle Luis Sepúlveda et voici son carnet de bord, récit fragmentaire de 3500 kilomètres parcourus au sud du 42e parallèle, entre Argentine et Chili, dans ces zones magiques où un monde ancestral s’éteignait en silence. Il y a quinze ans, l’auteur du “vieux qui lisait des romans d’amour” et son acolyte photographe s’y sont laissé porter, au gré des rencontres les plus incroyables et les plus touchantes. Ils restituent aujourd’hui, quinze ans après leur périple, ces fragments d’humanité. Des récits forts, drôles, engagés, pour dire la fragilité de tout ce qui est beau. »
Grégoire Courtois -
« Luis Sepúlveda n’est pas un écrivain de salon. Son œuvre bat la campagne, et quelle campagne ! le monde du bout du monde, ce sud ultime soumis aux rigueurs incorruptibles des saisons et que bordent des mers houleuses dont les colères homériques façonnent les paysages et le cœur des hommes de part et d’autre de la cordillère des Andes. Depuis plus d’un quart de siècle, Sepúlveda s’est fait le chantre de cette humanité humble, besogneuse et fière –gauchos et indiens- hélas rattrapée par la course folle du monde vers sa chute.
Dernières nouvelles du sud est un grand livre itinérant. Les textes de l’écrivain chilien et les photos de l’Argentin Daniel Mordzinski évoquent d’une même voix chaleureuse et empathique, mais irriguée de colère, l’effacement accélérée d’un monde empreint de magie et d’héroïsme. »Pascal Thuot -
« PA-TA-GO-NIE ! Quatre syllabes suffisent pour se transporter en rêve dans les steppes d’Amérique du Sud, territoires australs battus par les vents. Les mots de Luis Sepúlveda et les clichés de Daniel Mordzinski font le reste… Cris de révolte pour un peuple à la merci des multinationales, ces dernières nouvelles transcrivent avec pudeur et sincérité les superbes rencontres qui ont émaillé leur voyage. »
Aurélie -
« Comme toujours, je suis impressionnée par la justesse du ton de Luis Sepúveda dans ces courts récits de son voyage en Patagonie et Terre de Feu.
Sans nostalgie excessive, mais avec un regard acéré, il nous fait découvrir un monde en voie de disparition (disparu depuis ?), remarquablement saisi par les images en noir et blanc de son ami photographe. »
Marie-AubeLibraire La Carline (Forcalquier)
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Plus d'infos ici.Le blog de Cryssilda
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Plus d'infos ici.LACAUSELITTERAIRE.FR
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Plus d'infos ici.LE MOUV/ Plan B pour Bonnaud par Frédéric Bonnaud
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Plus d'infos ici.La Grande table par Caroline BrouéFRANCE CULTURE
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Plus d'infos ici.MONTREAL 157
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Plus d'infos ici.« L'Humeur vagabonde » par Kathleen EvinFRANCE INTER
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« Sepulveda n’oublie jamais son engagement, l’être humain est en permanence au centre, victime des conditions économiques ou de la politique. »Christian RoinatESPACE LATINOS
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« Le temps, la violence des bouleversements économiques et la voracité des vainqueurs ont fait leur œuvre. »Martine FreneuilLE QUOTIDIEN DU MEDECIN
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« L’écrivain chilien nous fait partager les souvenirs mémorables et les clichés étoilés de son voyage » Lire l'article entier ici.André ClavelLIRE
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« Ce livre valait bien quinze années d’attente ». Lire l'article entier ici.Françoise DargentLE FIGARO LITTERAIRE
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« Une forme d’osmose au pays des mirages, à l’écoute d’une terre et de ses gens, et une si belle invitation au voyage »Laurent BosqROLLING STONE
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« Dernières nouvelles du sud est un livre superbe, où le texte et la photo sont indissociables et où le maté se partage à chaque page. Un hymne à la liberté des grands espaces, à la vraie fraternité, et à l’égalité qui devrait régner entre les hommes »Jean-Claude PerrierLIVRES HEBDO
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Lire l'article entier ici.extraitsGEO VOYAGE
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« Tout est vrai puisque c’est là »Pierre MauryLE SOIR
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« De grands moments de fraternité, écrit et vu par deux poètes de grands chemins déterminés à aller au-delà des apparences, à la rencontre des hommes et des légendes »Béatrice ArvetLA SEMAINE
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« Un regard aigu sur la transformation du monde »Christelle LefebvreNICE MATIN
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« Voyage militant, parcours initiatique, portrait acerbe des ravages du libéralisme, ces Dernières Nouvelles du Sud disent avec amour et colère la passion de Luis Sepùlveda pour les sentiers insolites, iconoclastes, pour les vaincus et les trahis ».Jacques LindeckerL'ALSACE
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« Un Chilien et un Argentin qui ont fait ensemble un périple fou »Michel GensonLE REPUBLICAIN LORRAIN
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« Esthétique de la résistance ». Lire l'article entier ici.Béatrice PutégnatPAGE DES LIBRAIRES
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« Sepulveda est un merveilleux conteur qui sait que son art se nourrit de la vie »Dominique ThibertDIRECT PLUS LYON
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« Un très beau livre sur la fuite, la métamorphose, la disparition et la perte »Corina CiocârleLE JEUDI A LUXEMBOURG
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" Sans boussole, pour l'aventure et l'amitié"Yonnel LiegeoisLA NOUVELLE VIE OUVRIERE
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« Un album souvenir de coutumes effacées, un dialogue entre texte et images et qui reste avant tout le récit d’une amitié »Jean-Michel UlmannNOTRE TEMPS
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« Sepulveda pose un regard précis et tendre sur une humanité que l’on croirait romanesque mais d’une authenticité seulement parée de poésie »Pierre SchaveyTHE LION
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« Une verve de conteur, captivante et poétique »Vincent LabaumeTOUT PREVOIR
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« Sous ce double regard fraternel, un monde disparu jette ses derniers feux »Frédérique BréhautLE MAINE LIBRE
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« Sepulveda raconte surtout, au-delà des coups portés aux vaincus du libéralisme sauvage, des rencontres émues avec des êtres encore libres, qui ont réussi à protéger obstinément leur mode de vie singulier »Marie ChaudeyLA VIE
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Des histoires de Patagonie ». Lire l'article entier iciIsabelle FalconnierL'HEBDO
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« Voyage au bout du monde’. Lire l'article entier iciAlain MabanckouJEUNE AFRIQUE
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« Patagonia Express ». Lire l'article entier ici.Anne de Saint-AmandLE FIGARO MAGAZINE
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« Le voyage insolite au bout du monde austral du Chilien Luis Sepúlveda et de son ami, le photographe Daniel Mordzinski. Une merveille ». Lire l'article entier ici.Marianne PayotL'EXPRESS
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« Ceci n’est pas un récit de voyage ». Lire l'article entier ici.Louis HamelinLE DEVOIR
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« Le poème autral de Luis Sepúlveda ». Lire l'article entier ici.Daniel RuizLA MONTAGNE
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Cet ouvrage magnifique tient autant du journal de voyage que du livre d’art par la beauté et la force évocatrice de ses nombreuses photos noir et blanc.Michel PaquotL’AVENIR
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« Le talent de conteur du romancier est ici rehaussé par le travail de Daniel Mordzinski qui signe de magnifiques photographies en noir et blanc aux contrastes exacerbésJean-Paul GueryLA TETE EN NOIR
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« Les images se répondent si bien que l’on croirait entendre crier le vent, assez fort pour rendre muet un ténor »Céline AmabileFEMME MAJUSCULE
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Entretien avec Luis Sepulveda à lire ici.Françoise MonnetLE PROGRES
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« Partis ce promener en Patagonie, Luis Sepulveda et le photographe Daniel Morzinski livrent leur vision d’un monde qui s’éteint ». Lire l'article entier ici.Gilles BiassetteLA CROIX
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« Passionné de voyages, l’écrivain chilien raconte la Patagonie avec nostalgie et justesse dans son dernier ouvrage. Celui qui a combattu le régime de Pinochet dans sa jeunesse dénonce aujourd’hui la privatisation de cette terre, anciennement vierge mais toujours riche d’histoires. ». Lire l'article entier ici.David SolonTERRA ECO
À propos de ce livre
L’idée de ce livre est née un après-midi de 1996, en buvant du maté à Paris. Avec Daniel Mordzinski, mon socio dans tout ce qui va suivre, nous avions envie de dépasser la relation d’éternel concubinage texte-photo qui nous avait amenés à faire des reportages à travers le vaste monde pour des revues et des journaux. Il s’agissait toujours de commandes dont la longueur et le nombre de photos étaient prévus d’avance et qui, au moment d’être publiées, étaient souvent assujetties à des volontés oscillant entre le politiquement correct et la peur de perdre son travail. La censure moderne exercée non par la crainte du chômage mais par celle d’être “exclu du marché” n’interdit pas, elle biffe, coupe, “édite” au nom d’une lâche circonspection, d’une prudence pusillanime.
Nous sommes donc partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu’on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple : pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e parallèle sud, nous descendions jusqu’au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et nous revenions par la Patago-nie chilienne jusqu’à la grande île de Chiloé, soit trois mille cinq cents kilomètres environ. Cependant, malgré sa simplicité, cet itinéraire portait le sceau de ces Anglais qui entreprennent toujours des voyages pour confirmer une hypothèse et, quand celle-ci ne correspond pas à la réalité qu’ils découvrent, alors tant pis pour la réalité. Selon la nôtre, nous prétendions être capables de couvrir cette distance au cours de ce voyage, mais tout ce que nous avons vu, entendu, senti, mangé et bu à partir du moment où nous nous sommes mis en route nous a fait comprendre qu’au bout d’un mois nous aurions tout juste parcouru une centaine de kilomètres. N’étant pas anglais, nous avons oublié cette damnée hypothèse.
Quelques semaines après notre retour en Europe, mon socio m’a remis un dossier bourré de superbes photos, au format travail, et on n’a plus parlé du livre. Ce que nous avions vu et vécu dans le Sud est devenu un sujet de conversation entre amis, sa compagne et la mienne connaissent par cœur de nombreuses anecdotes sur ces journées de vagabondage et de vent, ses enfants et les miens ont écouté attentivement ces deux vétérans des grands chemins et ils suivront peut-être un jour nos traces. Nous n’en avons plus parlé car mon socio sait que les livres sont des animaux bizarres, imprévisibles, et que certai-nes histoires préfèrent qu’on les raconte autour d’un verre, elles aiment s’installer de mille manières dans la bouche du narrateur jusqu’au moment où elles, et elles seules, décident de se transformer en mots sur du papier.
Mes livres s’ordonnent toujours tout seuls, leur organisation est aléatoire, anarchique, parce qu’ils ne veulent pas être la mémoire de l’auteur mais une mémoire collective et ils s’écrivent peu à peu comme l’air pur et limpide que les meilleurs d’entre nous défendent de toutes leurs forces.
Sur chacune des histoires suivantes passe sans aucun doute le souffle des choses inexorablement perdues, cet “in-ventaire des pertes” dont parlait Osvaldo Soriano et qui représente le coût impitoyable de notre époque. Pendant que nous étions sur la route, sans but précis, sans limite de temps, sans boussole et sans tricheries, cette formidable mé-canique de la vie qui permet toujours de retrouver les siens nous a amenés à rencontrer beaucoup de ces “barbares” dont parle le poème de Constantin Cavafy. Leurs rêves étaient redoutables, c’est pourquoi ils ont été anéantis et reje-tés dans les territoires extrêmes dévolus aux “barbares” et, malgré tout, ces rêves ont semé l’insomnie chez les sei-gneurs du pouvoir qui ont pris conscience du danger du retour des “barbares” au point de transformer cette menace en obsession, si bien que les banques ont donné l’ordre de les discréditer ; incapables de penser tout seuls, certains se sont mis à trois pour écrire des livres sur “l’idiotie des barbares” et ces derniers leur ont répondu en plantant des forêts, en imaginant une alternative à la déshumanisation du système en vigueur, en organisant la vie pour que vivre soit un peu plus qu’un verbe.
C’est ainsi qu’en buvant du maté avec eux, les “barbares”, nous avons vu l’aurore australe écrire avec une calligraphie élec-trique les derniers vers du poème de Cavafy :
Mais la nuit est tombée et les barbares ne sont pas arrivés
aux dires de certains nouveaux venus de la frontière
les barbares n’existent plus
qu’allons-nous faire sans les barbares
ces gens étaient une sorte de solution.
Drôles d’animaux que les livres. Celui-ci a décidé de sa forme finale il y a quatre ans quand nous volions
au-dessus du détroit de Magellan dans un fragile coucou ballotté par le vent, le pilote pestait contre les nuages qui l’empêchaient de voir où diable se trouvait la piste d’atterrissage et les points cardinaux étaient une référence absurde, c’est alors que mon socio a signalé qu’il y avait, là en bas, quelques-unes des histoires et des photos qui nous manquaient.
Et il avait effectivement raison. Nous sommes revenus en Europe, lui en France, moi en Espagne et, une fois de plus, ce li-vre a cessé d’être notre principal sujet d’intérêt. Ce que mon socio a toujours ignoré, c’est que ce livre que j’écrivais lentement était mon refuge, le lieu auquel je revenais chaque fois que je me sentais bien car c’est le propre des beaux voyages à travers la mémoire.
Un jour, j’ai décidé que la rédaction finale était terminée et que l’heure des adieux était venue. Rien n’est plus diffi-cile que de mettre un point final à une histoire ou à une série d’histoires qu’on aime. C’est un adieu définitif. On ne retrouvera plus le bonheur de ces pages qui prennent vie.
À sa naissance, ce livre était la chronique d’un voyage effectué par deux amis mais le temps, la violence des bouleverse-ments économiques et la voracité des vainqueurs en ont fait un recueil de nouvelles posthumes, le roman d’une région dispa-rue. Rien de ce que nous avons vu n’existe plus aujourd’hui comme nous l’avons connu. D’une certaine manière, nous avons eu la chance d’assister à la fin d’une époque dans le sud du monde. De ce Sud qui est ma force et ma mémoire, ce Sud auquel je m’accroche avec tout mon amour et toute ma colère.
Voici donc les Dernières Nouvelles du Sud.