Publication : 18/08/2023
Pages : 416
Grand Format
ISBN : 979-10-226-1292-0
Couverture HD
Numerique
EAN : 9791022613200
Couverture HD

Misericordia

Lidia JORGE

ACHETER GRAND FORMAT
22,50 €
ACHETER NUMÉRIQUE
9.99 €
Titre original : Misericórdia
Langue originale : Portugais
Traduit par : Elisabeth Monteiro Rodrigues
Prix
  • Deuxième sélection Prix Femina étranger - 2023
  • Prix des lecteurs de la librairie Au bord du jour - 2023
  • Prix Médicis étranger - 2023
  • Prix Transfuge du meilleur roman lusophone - 2023

Vous n’avez jamais lu un texte comme celui-là !
Une vieille dame enregistre sur un petit magnétophone le journal d’une année de vie en maison de retraite. Sa fille, l’écrivaine Lídia Jorge, retranscrit les textes et leur rend leur force littéraire en suivant les pas de ce personnage extraordinaire qui a gardé une mémoire intacte, une imagination fertile, une curiosité pour les autres et une attention réelle à la beauté du monde, en dialoguant avec la mort comme avec un adversaire légitime.
Ce texte constitue un condensé incroyable de force vitale, de dérision, de révolte et de foi dans la vie. Avec des instants mémorables de la relation entre une mère et sa fille. Tout cela transforme ce récit en un témoignage admirable sur la condition humaine.
Misericordia est une véritable prouesse littéraire. Un récit à la fois brutal, ironique et aimable, un mélange de larmes et de rires qu’on n’oublie pas. Il nous montre une femme exceptionnelle portée par l’immortalité de l’espoir.

  • "Arrivée à la maison de retraite , Maria s'efforce d'oublier ses douleurs, sa faiblesse physique, les vilenies subies. L'esprit toujours alerte, curieuse de ce qui se passe autour, elle engrange chaque geste de gentillesse comme une nourriture spirituelle. A travers son regard, le lecteur se rend compte qu'il s'y passe plein de choses intéressantes : les amours, les fâcheries, les défections. L'écriture d'une finesse de dentelière rend à merveille, le ton, la voix fragile et obstinée du personnage et transmet sa vie intérieure. Les haïkus qui ponctuent chaque chapitre de façon très originale condensent son ressenti des moments importants de la journée. Dona Alberti, cette vieille dame pleine de grâce, nous fait voir la vieillesse autrement et apaise nos peurs. Un petit miracle de littérature !"
    Daiva Malo
  • "Quel tour de force d'arriver à faire quelque chose d'aussi humain et juste avec un sujet qu'on n'a tellement pas envie de regarder en face. Ce livre a quelque chose d'étonnement  apaisant, en tout cas c'est l'effet qu'il me fait et je pense qu'il me marquera durablement !"
    Erika Menu
  • Dans le huis clos de sa maison de retraite, Maria Alberti, la mère de Lídia Jorge, observe et enregistre les infimes bouleversements de son quotidien. Sublimée par cette mise à nue, l'apparente fragilité de son existence est contredite par un texte débordant de vitalité, d'amour et de lutte.
    Morgane
  • Lídia Jorge, à travers ce journal audio teinté de dérision et d'émotion, nous dévoile un livre remarquable sur la condition humaine, la vieillesse et l'espoir. Misericordia est un hymne éblouissant à la vie !
  • D'une écriture toujours aussi virtuose, Lidia Jorge signe un magnifique portrait de femme, celui d'une pensionnaire d'un EHPAD qui n'a pas fini d'en découdre avec la vie. C'est vif, vivifiant, terriblement touchant et épatant.
    Christophe
  • Grande dame des lettres portugaises, Lidia Jorge, revient avec un livre magnifique et très personnel. Ayant dû installer sa mère de 95 ans dans une maison de retraite, elle lui a confiée un dictaphone. Ce livre est une retranscription de cette voix incroyable, drôle et implacable... Lidia Jorge y apparait donc comme un personnage parmi les autres, dans ce microcosme qui, à mesure qu'il se réduit, invite la vieille dame à une imagination et à une intelligence acérées. Un très grand livre.
    Quentin
  • Dans un texte tout à la fois malicieux, poétique et philosophique, Lidia Jorge nous parle des angoisses qui saisissent en pleine nuit, des corps qu’on ne contrôle plus, des personnes qui se pincent le nez en s’approchant d’un corps en fin de vie, malodorant, souffrant. On pourrait croire que ce texte est lugubre ou déprimant, et pourtant combien de fois j’ai souri, c’est si riche, si plein de mots et de sagesse. L’espoir, parfois, se cristallise dans un petit papier glissé dans un corsage, l’amour, lui, se définit entre autres dans une scène où une fille coupe les cheveux de sa vieille mère, ( toutes les scènes entre la mère et sa fille, même leurs disputes sont incroyables), la générosité, dans un corps qu’on lave, le souvenir, dans un atlas du monde.
    C’est confondant de justesse et d’émotions.
    Marie
  • Un roman retranscription d'enregistrements réalisés pendant un an par une vieille dame en maison de retraite ??? Cela donne un texte formidable plein de vie ! Bienvenue à l'Hôtel Paradis.
  • Voilà une lecture dont on ne sort pas indemne. Choc émotionnel, choc littéraire, choc moral… Misericordia, un livre de l’autrice portugaise Lídia Jorge. Dans le huis clos de sa maison de retraite, Maria Alberta, la mère de Lidia Jorge, observe et enregistre les infimes bouleversements de son quotidien. Sublimée par cette mise à nu, l'apparente fragilité de son existence est contredite par un texte débordant de vitalité, d'amour et de lutte ! Une recommandation de Morgane, Anne-Laure et Zoé qui fait partie des 30 coups de cœur de la librairie de la rentrée littéraire 2023, une sélection à retrouver à la librairie et sur le site internet.
    Morgane, Anne-Laure et Zoé
  • Superbe monologue d’une fin de vie, Misericordia est le douzième roman paru en France de la grande romancière portugaise Lidia Jorge. Une œuvre magistrale, portée par la magnifique traduction d’Elisabeth Monteiro Rodriguez, et couronnée du Prix Médicis étranger. C’est le propre des grands textes que de s’imposer dès les premières pages, souvent les premières lignes. Avant même d’être pris aux filets de l’intrigue, le lecteur est en proie à une mer de langage, des flots de sentiments, des formes inattendues, et une voix profonde qui résonne en lui à la manière d’un coquillage. Le livre s’ouvre sur une page d’une ironie du plus bel acide ; l’avertissement au visiteur (lecteur ?) de l’Hôtel Paradis ; « Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents nos pétales les plus chéris ». En fait de paradis, un Ehpad fermé sur lui-même, où la joie est de rigueur, autant dire la pire tristesse. Dans sa chambre, allongée sur son lit ou clouée dans son fauteuil, une presque centenaire lutte contre la nuit, cherche ses mots, exerce son esprit, défie son Atlas oublié chez elle comme un monde menaçant de s’échapper. Sur un petit magnétophone qui lui tient lieu de journal elle livre ses réflexions, tient la chronique, se fait conteuse, avec une force de vie extraordinaire. C’est une résistante. A sa demande, sa fille écrivaine met en mots les heures d’enregistrements ; « tempérer la laideur du monde par la beauté. » Cette passation de la parole, cruelle et drôle, est la plus belle des fidélités. De faits insignifiants naît une fête de la signifiance, une « miséricorde » qui est à la fois la voie de la compassion et celle du pardon. Le roman se termine sur le nom de la mère de l’auteur, comme une signature et l’affirmation d’une survie par la littérature. Et ce n’est peut-être pas un hasard si la narratrice apparaît sous les noms d’Alberti et Amado. « Je suis de ces personnes qui ne pensent pas que l’espoir est le dernier à mourir. Je pense que l’espoir est simplement immortel. »  
    Nicolas Mouton
  • "Lidia Jorge, s'il était encore besoin de le démontrer, prouve avec ce livre qu'elle est une de nos plus grandes romancières contemporaines".
    Michel Edo
  • « Une telle plongée dans un «Ehpad» pourrait paraître rebutante. Elle ne l’est pas, tant l’attachement à la vie de la résidente de l’Hôtel Paradis est bouleversant. Dona Alberti laisse se manifester l’intensité de ses sentiments, de ses sensations. Elle se révolte contre la froideur de certains soignants, contre l’homophobie des pensionnaires joueurs de cartes, suit de près l’histoire d’amour d’une aide-soignante. Surtout elle analyse de façon détaillée cette dernière ligne droite existentielle. Mais la félicité est en danger quand la nuit sort des murs de sa chambre. »
    Frédérique Fanchette
    Libération
  • "Lídia Jorge fait naître avec sa langue unique un personnage féminin rare."
    Gabrielle Napoli
    Site Mediapart
  • "Un récit d’une superbe force poétique."
    Youness Bousenna
    Télérama
  • "L’incroyable justesse de l’écriture de Lídia Jorge et sa force poétique (servies par un très beau travail de traduction) font de cette femme forte et lucide qu’est Dona Alberta la porte-parole hors pair, peut-être jamais aussi bien entendue, de ce pays du « juste avant », cette antichambre qui ne dit pas son nom (la maison porte le nom d’Hôtel Paradis). Et, de ce roman, un grand texte sur la vie, la vie jusqu’au dernier souffle."
    Anne Le Maître
    Études
  • "Un texte éblouissant écrit à la première personne, pareil à nul autre récit. […] Un chef-d’œuvre."
    Claire Julliard
    L'Obs
  • "Une œuvre époustouflante."
    Muriel Fauriat
    Le Pèlerin
  • Ecouter le podcast de la chronique ici
    Radio Campus Lille
  • Lire la chronique ici
    Christian Desmeules
    Site Le Devoir
  • Ecouter le podcast ici
    Guillaume Erner
    France Culture - Les Matins
  • "Ce roman magnifiquement traduit par Élisabeth Monteiro Rodrigues échappe à la dictature du réel grâce à la puissance d’une prose poétique qui par moments prend des accents incantatoires. […] En osmose avec son personnage, Lídia Jorge déploie une vision de la vie d’une grande générosité, qui laisse, toujours, la place à l’émerveillement."
    Florence Colombani
    Site Le Point
  • "Misericordia est une tranche de vie mise en mots avec sensibilité, humanité, dignité et espièglerie par Lídia Jorge."
    Marie-Anne Georges
    La Libre Belgique
  • "'Je sais clairement que j’écris pour être heureuse, cependant je ne sais pas pourquoi j’écris. Parfois je pense que j’écris parce que l’existence me submerge, d’autre fois parce que je suis une autre, ce qui revient au même.' Être autre, l’auteur du Rivage des murmures et des Mémorables le réussit à merveille dans Misericordia. Sa manière de parler avec beaucoup d’élégance et de finesse de la bataille de la vie saisit et émeut."
    Alexandre Fillon
    Le Figaro Littéraire
  • "Dans Misericordia, la romancière portugaise narre le quotidien de dona Alberti, pensionnaire d’une maison de retraite, un personnage à l’extraordinaire force vitale inspiré par sa mère."
    Frédérique Fanchette
    Libération
  • "En souvenir de sa mère et de ce lieu qui a accueilli ses dernières années, Lídia Jorge a accompli, avec Misericordia, une sorte de miracle, mêlant fiction, archives sonores, chronique du quotidien et extraits d’un journal intime aux propos aussi poétiques que flous."
    Gladys Marivat
    Le Monde des Livres
  • "L’autrice entremêle les voix et les destins avec virtuosité dans ce roman semé de brefs poèmes. Elle livre un condensé de son art poétique : une volonté d’embrasser l’humaine condition, avec un regard empli de douceur envers les âmes vulnérables, et une fois inébranlable envers la fiction. Car après tout, 'l’au-delà est un livre.'"
    Sophie Pujas
    Transfuge
  • "Le propos impressionne durablement, dans une forme singulière. […] Le récit est tremblé, on imagine une voix chevrotante, mais il trouve, par tâtonnements successifs, en fonction des circonstances et des humeurs, une implacable cohérence."
    Pierre Maury
    Le Soir (Belgique)
  • "Lídia Jorge arrive à fondre l’histoire récente et l’actualité pour les glisser dans un fourreau plus vaste. L’espace n’est plus notre espace, le temps n’est plus notre temps : l’un et l’autre sont proches de celui des récits mythologiques et des textes sacrés. C’est aussi ce qui fait la beauté de ce Misericordia qui vous hausse, comme si la vie et la mort étaient vues de plus haut et fusionnaient ; seules battent les ailes des oiseaux, de l’éternité, de l’imagination, de l’art du roman."
    Cécile Dutheil de la Rochère
    AOC
  • Ecouter le podcast de l'émission ici
    Gorian Delpâture
    RTBF La Première
  • "Un soir de novembre, alors que je venais de terminer le roman de Lídia Jorge, j’ai eu un geste très particulier, instinctif, et qui m’a fort surprise. Je l’ai porté à mes lèvres et je l’ai embrassé, à plusieurs reprises, très doucement. J’étais triste d’avoir fini, mais j’étais si reconnaissante. Un nouveau grand livre était entré dans ma vie."
    Agnès Desarthe
    Le Monde des Livres
  • "Transcendé par l’art poétique de Lídia Jorge, ce témoignage bouleversant nous plonge dans une lumineuse chronique sur la vieillesse. Loin d’être déprimant, ce roman, qui aborde un sujet douloureux, scintille de multiples éclats de vie"
    Isabelle Wagner
    Réforme
  • "Lidia Jorge tisse une ode à la vie, à la vie jusqu’au bout, qui prend le lecteur complètement par surprise. […] Hommage à la mère, Misericordia est aussi un tour de force littéraire."
    Lisbeth Koutchoumoff
    Le Temps (Suisse)
  • "Lídia Jorge nous offre là un roman puissant, habité, attachant et sensible." Lire la chronique ici
    Site La Cause littéraire

Visiteur

Vous êtes prié d’attendre patiemment à la porte que quelqu’un vienne ouvrir. Ne sonnez pas deux fois. Nous vous recevrons dès que possible.

Les dimanches et les jours fériés, le visiteur pourra venir une demi-heure plus tôt que l’horaire indiqué pour le confort du résident.

Mais le visiteur est invité à laisser aux portails tout signe de tristesse : à l’intérieur, le résident attend votre joie.

Ici, tous ensemble, nous sommes une famille paisible : admirez les belles fleurs de notre jardin avant de pénétrer dans cette maison. Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents, nos pétales les plus chéris.

Il est à noter que, pour le respect de votre dignité, nous vous qualifierons tous de madame ou de monsieur. Aidez-nous à conserver l’étiquette qui vous est due.

 

 

La Direction
Ana P. de Noronha
18 novembre 2018

 

 

 

hôtel paradis

C’est un lieu de plaisir

Un lieu d’apprentissage

Un lieu pour séjourner

Un lieu de convivialité

Un lieu d’amitié

Un lieu de tendresse

Un lieu d’affection

Un lieu pour s’embrasser

Un lieu pour se serrer dans les bras

Un lieu pour danser

Un lieu où tous

Ensemble nous sommes frères.

Adorons, chantons

Signons-nous, alors.

 

 

Définition poétique composée par

Nos Résidents.

25 décembre 2018

 

 

 

archive 210-b

Les textes qui suivent correspondent à la transcription d’une archive audio d’une durée de 38 heures contenant les témoignages de Maria Alberta Nunes Amado, enregistrés entre le 18 avril 2019 et le 19 du même mois de l’année suivante, sur un Olympus Note Corder dp-20. À l’instar de cas similaires, il s’agit d’une transcription infidèle comme il ne pourrait en être autrement. De sorte que l’ordre, les sauts de page ainsi que les titres ne sont pas de son ressort. Les marqueurs d’oralité ont aussi été retirés de son discours. La trace de ses rires et de ses larmes également. Mais les mots, la respiration et le rythme correspondent entièrement à l’original. Notons que la musique qui accompagne certaines de ces pages, comme le populaire “Miserere” chanté par Zucchero Fornaciari et Luciano Pavarotti, ou le “Miserere mei, Deus” de Gregorio Allegri, ainsi que les autres extraits musicaux, tels que les anciens boléros, les rumbas et les paso doble, ont été omis. Soulignons encore l’importance des 38 notes écrites de la main de la susnommée qui ont fortement contribué à l’ordonnancement de ce livre, notes que Nina Nuñez Mercedes a toutes rangées dans une enveloppe. À laquelle quelqu’un a joint une bague, des boucles d’oreilles, un collier de perles et encore un petit sac en tissu. À l’intérieur du sac, un billet manuscrit plié, un bloc de six feuilles vierges au format a8, et un petit crayon taillé au couteau, de marque Viarco.

 

 

 

1

ATLAS

Là où je suis, même au printemps, quand les jours ont d’ordinaire la même durée que les nuits, la nuit est toujours plus longue que le jour. Sachant cela, c’est précisément au beau milieu de la nuit que la nuit vient à ma rencontre, en me posant des questions inimaginables comme si elle était cet antique chat gris nommé sphinx. Je parle de cette nuit qui connaît mes croyances les plus profondes, mes gloires et mes défaites, tous mes secrets enfouis, même ceux qu’on ne raconte jamais à personne, surtout ceux qui ont trait aux doux souvenirs de l’amour. Plus exactement, pendant que je dors, elle est calme, mais à un moment je me réveille et la provocatrice me tourne déjà autour, elle avance en direction de mon corps, se pose sur mon lit et m’interroge comme une institutrice qui voudrait me prendre en faute. Ce n’est pas facile.

La nuit dernière, sa bouche sombre, confondue avec l’obscurité la plus sombre, a commencé par me poser une question à laquelle il était impossible de répondre : elle a voulu savoir combien de villes il y a dans le Monde. Mais je connais les ruses de la nuit, aussi ne me trouve-t-elle jamais complètement démunie. Devant pareille question, je lui ai répondu que je savais bien que la Terre est une chose et que le Monde en est une autre. Le Monde est beaucoup plus vaste que la Terre et jusqu’à présent, d’après mon gendre, on n’a encore découvert aucune autre planète qui ait été habitée, encore moins des villes situées en dehors de l’espace terrestre. Comment pouvais-je lui répondre ?

Ainsi, j’ai réussi à soulever ma tête de l’oreiller et j’ai regardé la nuit en face pour lui dire : “Pose-moi une question raisonnable si tu veux que je te donne une réponse cohérente.” À ce stade, la nuit semble avoir pris conscience qu’elle ne parlait pas à une ignorante en matière de villes et elle a changé d’idée, elle a seulement voulu vérifier combien de capitales il y a sur Terre. J’ai imaginé le Globe Terrestre que j’utilisais sur ma table de nuit, instrument que j’ai laissé là-bas, dans ma vraie maison, et j’ai trouvé que là encore il était impossible d’énumérer toutes les capitales existantes. Néanmoins, je me suis mise à compter sur les doigts, en parcourant tout d’abord l’Europe, d’ouest en est. J’ai mentionné Lisbonne, Dublin, Londres, Madrid, Paris, Bruxelles, Amsterdam, Berlin, Rome, Vienne, Belgrade, Bucarest, Kiev, et je filais déjà vers la Russie quand je me suis embrouillée dans mes calculs et la nuit, comprenant que je n’arriverais jamais au bout, a renoncé à l’exploit colossal qu’elle m’avait assigné. Maligne, elle m’a alors demandé de mentionner uniquement les villes que ma fille aurait déjà visitées. Mais je lui ai répondu : “Pas ça. Je ne veux pas mêler le nom de ma fille au cauchemar de la nuit, je veux qu’elle reste associée aux belles choses de la vie, celles qui se passent loin de ces murs nus. Laisse-moi tranquille…” Mais, malgré tout, la nuit s’est obstinée.

 

Elle s’est obstinée, elle a voulu savoir où se trouvait cette ville capitale du nom de Reykjavik, pensant que je n’identifierais pas ce mot du fait de son étrangeté et qu’elle pourrait par là même s’asseoir sur mon cœur, le comprimer et le faire s’arrêter. Mais je lui ai répondu du tac au tac, triomphante, sans hésiter : “Reykjavik est en Islande, une île qui possède un volcan très dangereux, qui envoie des bouffées de fumée dans tout le nord de l’Europe quand il entre en activité, il bouche la lumière du soleil et s’unit aux nuages. À cause de toute cette fumée, il y a de ça quelques années, ma fille a été retenue plusieurs jours dans une ville du Canada…”

Devant cette réponse, la nuit est restée sans voix. Qui d’autre aurait pu par hasard lui répondre mieux que moi ? Malgré tout, la nuit ne renonçait pas. La nuit s’est déplacée de l’autre côté de la Terre et a voulu savoir où se trouvait Karachi. Elle persistait à vouloir me prendre en défaut. Mais elle n’a pas réussi parce que j’ai répondu aussi sec : “Ah, oui, tu parles du Pakistan. Ah ! Ah ! Seulement j’en sais beaucoup plus que toi, triste nuit noire. Car Karachi n’est plus la capitale de ce pays, la capitale s’appelle désormais Islamabad. Je l’ai appris dans Le Grand Atlas du Monde de l’édition Civilização, avant qu’il ne s’abîme. Pose-moi toutes les questions que tu veux. Vaincs-moi, nuit, si tu en es capable…” l’ai-je défiée.

Nous en étions là, au lieu de renoncer elle a tourné autour de mon corps, agité ses ailes sombres, sombres comme la nuit la plus sombre, et m’a demandé, ripostant à mon défi avec une ferveur redoublée, si je savais de quel pays la ville de Bakou était la capitale. “Comment ça s’écrit ?” ai-je demandé. Avec un k, a-t-elle répondu. Aussitôt, j’ai vu le mot Bakou défiler devant mes yeux comme dans un film, ce nom net, tracé, découpé sur un territoire en Asie du Sud-Est, adossé à la mer Caspienne, et j’étais sur le point de prononcer le nom du pays, sans la moindre hésitation, quand, soudain, le mot a disparu de ma vue.

Comme si un râteau avait brassé ma mémoire, emportant les lettres vers une zone hors de ma portée, sans savoir comment, le film avait disparu. Zou, zou. Au lieu du nom précieux que j’étais sur le point de prononcer, seulement le vide. Bakou, écrit avec un k, a vacillé dans le noir de ma pensée et, autour, il n’y avait plus le moindre pays. La nuit me regardait, fixait son regard sans yeux sur les miens, elle triomphait de moi. Mon ignorance, à ce moment-là, est devenue insupportable. Comment pourrais-je continuer à affronter cette nuit terrible qui se moquait de moi, dans l’obscurité de la chambre ? Comment ? J’ai réfléchi, réfléchi, sans quitter des yeux ceux de la nuit, contenant son avancée, la gardant le plus possible à distance, et à cet instant j’ai trouvé une issue.

Sans jamais détourner mon regard du corps innommable de la nuit, j’ai réussi à redresser un peu la tête, j’ai attrapé mon portable sous mon oreiller, j’ai ouvert la coque, l’écran[1] s’est éclairé, j’ai appuyé sur une touche et je suis restée à l’écoute. À l’autre bout du fil, j’ai compris que celui à qui je téléphonais décrochait mais ne disait rien. J’ai encore attendu et rien. Là, c’est moi qui ai parlé : “Écoutez, j’ai une question à vous poser. Par hasard, vous savez où se trouve une ville du nom de Bakou ?” Celui qui se trouvait à l’autre bout du fil a gardé le silence, j’entendais sa respiration comme s’il était là, à mes côtés, mais il ne prononçait pas un seul mot. J’ai attendu, j’ai insisté : “Oui, Bakou, s’il vous plaît, ça s’écrit avec un k…”

Alors sa voix a résonné distinctement, grave, un tambour en action près de mes oreilles : “Vous savez quelle heure il est, madame ? Vous savez qu’il est quatre heures du matin ? Qu’est-ce qui vous prend de me téléphoner à une heure pareille pour m’interroger sur une ville nommée Bakou ?” Je me suis excusée mais il ne m’écoutait pas, ses paroles recouvraient les miennes : “Ah, cette fois, vous ne vous en tirerez pas, votre fille sera au courant de tout. Ah, c’est sûr. Attendez-vous au coup…”

Je me suis tenue prête. À son intonation, j’ai compris qu’il continuerait à protester sur le même ton, je n’envisageais même pas comment cette conversation pourrait prendre fin, j’ai donc appuyé sur la touche pour raccrocher, j’ai appuyé le plus lentement possible, désireuse d’annihiler le son, désireuse d’imaginer que cela aurait été une très bonne chose que cet appel n’ait pas eu lieu. Qu’il n’ait jamais eu lieu. Et je suis restée comme ça, le téléphone à la main, attendant qu’il me rappelle, ou qu’elle-même le fasse un peu plus tard, là-bas de l’autre côté de la Terre, le temps pour lui de l’appeler et qu’elle, à son tour, me demande depuis très loin pourquoi je téléphonais à la maison à quatre heures du matin.

Mais cela ne s’est pas passé ainsi. La nuit avait regagné sa place, sans qu’il y ait eu entre nous deux une perdante et une gagnante, et je n’ai plus entendu la moindre rumeur, pendant que je gardais le téléphone bien serré dans la paume de ma main, dans l’attente de ce qui pouvait arriver. Jusqu’à ce qu’un oiseau printanier passe en chantant à proximité. Dans le rectangle de la fenêtre, l’aube rose est apparue et le plafond blanc a surgi rosé au-dessus de ma tête annonçant un nouveau jour. Et tandis que le mot Bakou n’apparaissait pas inscrit sur la feuille bleu-vert de la carte du pays dont il est la capitale, je pensais à la clarté qui, à cet instant, devait éclairer la maison qui est restée là-bas, avec ses tables, ses chaises, ses fenêtres, ses draps et ses rideaux, et son secrétaire avec son étagère haute où j’ai laissé mes journaux intimes et mon Atlas perdu.

 

 

19 avril 2019

 

La pluie est entrée par un petit

trou – En moins d’un éclair

elle a inondé le Monde.

 

2

VEILLE

Je suis restée couchée à attendre que les heures passent et que le mot que j’avais trouvé puis aussitôt perdu, au cours du combat avec la nuit, me vienne naturellement à l’esprit, j’entendais les coucous dehors et le sifflement des merles, et je me réjouissais à l’idée de l’arrivée du printemps. Je parcourais en pensée les pages de mon Atlas avant qu’il n’ait été détruit, je le feuilletais dans ma tête sans aucune hâte. En effet, si le nom du pays dont Bakou est la capitale n’apparaissait pas dans la matinée, il arriverait sans doute dans le courant de l’après-midi. Je suis de ces personnes qui ne pensent pas que l’espoir est le dernier à mourir. Je pense que l’espoir est simplement immortel. Ce nom absent, qui a interrompu la confrontation avec la nuit, surgirait sûrement quand on l’attendrait le moins. J’ai totalement confiance dans les lois de la pensée. Elles me guident et m’apportent la paix.

Aussi, sachant par avance que le mot que je cherchais se présenterait de lui-même, je suis restée à l’écoute des manifestations du matin à l’intérieur, à mesure que les oiseaux au-dehors abandonnaient les alentours des casuarinas et que les bruits domestiques, issus de l’activité même de la maison, s’entremêlaient. Pour des raisons que j’ignore, parfois mon traversin fonctionne comme un haut-parleur. Nombre des sons lorsqu’ils atteignent l’oreiller s’amplifient sous ma tête. Ainsi, encore tôt, j’ai perçu la camionnette d’approvisionnement qui approchait en roulant doucement, puis elle stoppait et repartait. Le camion à eau a vrombi scandaleusement près du portail de l’entrée, et ce qui m’avait tout l’air d’une bonbonne de gaz a roulé sur le pavé avec fracas. Comme elle n’a pas heurté le muret des parterres, quelqu’un l’en aura empêchée. Qui avait pu la retenir ? Le klaxon d’une voiture a retenti, un sifflement aigu, par négligence, certainement. Une fille a braillé depuis une fenêtre, ce qui ne devrait pas arriver, certaines ont déjà été renvoyées pour avoir crié moins que ça. Les hurlements de la fille en réponse au son du klaxon ont été tout aussi stridents. Qui pouvait-elle être ? Si je ne me trompe pas, c’était la voix de Lurdes Malato.

C’était elle ?

Entre-temps, ici juste en dessous, à l’étage inférieur, quelqu’un s’est mis à déplacer des meubles lourds d’un côté à l’autre. Puis, quelqu’un a activé les touches du piano, et quelqu’un a crié près de l’ascenseur à l’étage supérieur pour qu’on le libère. Quelqu’un a répondu que l’engin était arrêté à la cave, dans la zone de la buanderie. Une conversation dont on percevait les cris mais pas les mots. L’ascenseur a fini par atteindre cet étage. Il y a eu des éclats de rire. Je savais ce qui se passait. Ce sont les mouvements de la veille, et la veille apporte toujours des dérangements. Pauvres de nous, résidents. Tant d’énergie le long des couloirs, en revanche nulle âme qui vive dans l’encadrement de la porte pour nous dire bonjour. J’ai encore pensé à actionner la sonnette afin que quelque chose se produise. J’ai attrapé la poire pour la presser, mais je suis restée immobile, craignant que cette voix, que j’avais entendue crier à une fenêtre, n’appartienne de fait à Lurdes Malato, et qu’elle-même en personne, les mains sur les hanches, n’entre dans ma chambre pour se plaindre de mon appel. J’ai gardé la poire dans ma main très longtemps, si longtemps que le temps a cessé de compter. C’est ainsi que – à force d’attendre, en ouvrant les yeux, j’ai trouvé sur le seuil de la porte la personne de Nina Mercedes.

Nina a avancé vers moi, j’ai attendu qu’elle se penche sur mon visage et me couvre comme elle seule savait le faire. Mais rien de tel ne se produisait, car la jeune Portoricaine, à mesure qu’elle approchait, ramassait des objets tombés qu’elle entendait remettre à leur place. Comme à tant d’autres occasions, la moitié des objets qui protègent mon repos pendant la nuit s’étaient éparpillés autour de mon lit. La jeune fille énumérait les choses à mesure qu’elle les prenait par terre – la bouteille d’eau, la montre, la photo, le sac en tissu, le stylo, les chaussettes pour dormir, d’abord l’une puis l’autre. Même le portable était tombé sur le plancher. Nina l’a ramassé. Elle a approché son visage du mien. Et m’a dit à l’oreille : “Estuviste otra vez luchando con tu Atlas ? Y a quién llamaste esta noche ? Seguro que un día me vas a contar lo que le pasó a ese libro malvado[2].”

Elle parle bas, elle porte les mêmes chaussures à semelle souple que les autres, mais elle marche silencieusement dans le couloir comme si elle était pieds nus. De toutes, c’est elle qui a les mains les plus douces, le mot le plus gai. Parfois, je me demande si Nina est cette personne que j’ai en tête, ou si c’est moi qui la magnifie. La vérité est que tous désirent être lavés et habillés par Nina Mercedes. Tous font appel à elle et la veulent à proximité, et moi, un matin agité comme celui d’aujourd’hui, j’ai eu la chance de tomber sur Nina. Une récompense pour ne pas avoir appuyé sur la sonnette pendant que tant d’autres sonnaient en même temps dans le couloir. Nina m’a demandé : “Qué es lo que pasó a tu Atlas ? Cuéntamelo, niña[3]…” J’ai répondu : “Un jour où tu auras le temps de t’asseoir ici sur le lit à côté, à ce moment-là je te raconterai.”

Nina me levait, et sa façon de faire était agréable, mais je ne lui raconterai jamais comment, par une nuit d’hiver, dans la maison que j’ai laissée là-bas, une pluie inattendue, mêlée au tonnerre, est entrée par le trou de l’installation téléphonique, s’est infiltrée le long du mur, s’est accumulée dans un coin de la salle à manger et s’est déversée dans le panier à revues. Je ne raconterai à personne, pas même à Nina, les déboires qui ne sont qu’à moi. Je ne lui raconterai pas comment j’avais laissé, par hasard, dans ce panier, Le Grand Atlas du Monde, alors que sa place était sur le secrétaire. Seulement les objets sont comme les êtres humains, ils cherchent leur lieu de perdition lorsqu’ils doivent se perdre. Donc, au cours de cette nuit orageuse, l’eau de pluie, poursuivant son chemin imparable, en s’infiltrant jusqu’à atteindre le coin de la salle à manger, a transformé tout ce qui était papier accumulé dans le panier en osier en une masse informe, sans que je ne me rende compte de rien. Quand je suis tombée sur la paperasse trempée, il était trop tard. À la pluie et à l’orage a succédé le beau temps, et la catastrophe était là. Le Grand Atlas était encore reconnaissable mais il était perdu. Dans l’espoir de le récupérer, je l’ai même mis au soleil, je l’ai encore passé au sèche-cheveux et au fer à repasser. Rien n’y a fait. J’ai détaché les feuilles une à une, mais elles étaient collées les unes aux autres et, à mesure que je les séparais, de grandes taches blanches remplissaient l’espace où auparavant se trouvait la représentation des océans, des mers, des continents, des pays, des pages bien indiquées sur lesquelles j’étudiais le monde à ma manière. Je n’allais pas encombrer la vie de Nina avec des anecdotes aussi intimes, j’ai simplement dit à Nina : “Beaucoup d’agitation court dans cette maison. Y aura-t-il un concert demain ?”

Elle a répondu : “No va a haber, no, Alberti. Nos sigue faltando el señor Peralta, y sin él, no hay conciertos[4].”

Nina a lavé mon visage avec du coton imprégné d’eau de rose, puis d’eau claire, elle m’a parfumée, mis mon collier, ma bague avec la pierre bleue, elle m’a accroché mes pendants d’oreilles et installée dans le fauteuil roulant qu’elle appelle charrette. Elle m’a demandé : “Quieres ahora tu tabla de plástico, tu hojita de papel y tu lapicerito ? O quieres esperar al caer la tarde ? Si quieres te escribo las fechas para toda la semana, lo hago con mucho gusto. Así, tú, Alberti, reservas toda la fuerza de tus manos para escribir tus pensamientos. Quieres hacerlo ahora, o prefieres escribir por la noche ?[5]

Je lui ai dit qu’il était déjà tard, que j’écrirais mes notes quand la nuit viendrait. Elle a poussé la charrette le long du couloir. Dans mon dos, je l’entendais dire buenos dias à gauche et à droite, à mesure qu’on croisait ceux qui rentraient déjà. Dona Marcela, qui marchait sans difficulté, arrivait en annonçant qu’on était le samedi saint. En passant à sa hauteur, je lui ai fait signe et lui ai demandé si elle regagnait déjà sa chambre, la 214, à quoi elle a répondu : “Non, non je ne vais pas dans ma chambre. Mais quelle drôle d’idée ? Je vais dans l’au-delà…” Nina a commenté : “Qué lejos, qué lejos está ese sitio, doña Marcela[6]…”

Nina me conduisait par le couloir en direction du Salon Rose. Les images des chalets nordiques enneigés exposées sur le mur me regardaient, certains semblaient rire, au vu de la forme des portes et des fenêtres peintes. Après une nuit de lutte, une belle matinée de samedi était là, j’ai pensé. J’ai fait un gros effort pour reconstituer la page où se trouverait Bakou, mais il me manquait la représentation de l’Atlas.

 

 

20 avril 2019

 

Samedi saint ! – Avec le souvenir de mon Atlas

et un peu de chance – Même mes

espoirs échapperont

à la mort.

 

[1] Les mots en italique suivis d’un astérisque pour leur 1re occurrence sont en français dans le texte. (Toutes les notes sont de la traductrice.)

 

[2] “Tu t’es encore battue avec ton Atlas ? Qui as-tu appelé cette nuit ? Sûrement qu’un jour tu me raconteras ce qui est arrivé à ce maudit livre.”

 

[3] “Qu’est-ce qui est arrivé à ton Atlas ? Raconte-le-moi, jeune fille.”

 

[4] “Il n’y en aura pas, non, Alberti. Il nous manque toujours M. Peralta et, sans lui, il n’y a pas de concerts.”

 

[5] “Tu veux ton tableau en plastique maintenant, ta feuille de papier et ton petit crayon ? Ou tu veux attendre le soir ? Si tu veux je t’écris les dates pour toute la semaine, je le ferai avec plaisir. Comme ça, toi, Alberti, tu réserves toute la force de tes mains pour écrire tes pensées. Tu veux le faire maintenant, ou tu préfères écrire le soir ?”

 

[6] “Qu’il est loin, qu’il est loin cet endroit, dona Marcela…”

 

Lídia Jorge est née à Boliqueim dans l’Algarve en 1946. Diplômée en philologie romane de l’université de Lisbonne, elle se consacre très tôt à l’enseignement. En 1970, elle part pour l’Afrique (Angola et Mozambique), où elle vit la guerre coloniale, ce qui donnera lieu, plus tard, au portrait de femme d’officier de l’armée portugaise du Rivages des murmures (Métailié, 1989). A son retour à Lisbonne, elle se consacre à l’écriture. Ses œuvres sont publiées en Allemagne, Espagne, Italie, Grèce, Brésil, Israël, Grande Bretagne, Pays Bas, Serbie, Suède, Etats-Unis. La Couverture du soldat, 2000 a eu le Prix Jean Monnet 2000 (Cognac) Le Vent qui siffle dans les grues, 2004 a eu le Grand Prix du Roman de l’Association Portugaise des Ecrivains 2003, Premier Prix « Correntes d’escritas » 2004 (Povoa da Varzim, Portugal), Prix des lecteurs du Salon de la Littérature Européenne de Cognac 2005, Prix Lucioles des lecteurs 2005 (Librairie Lucioles, Vienne), Prix Albatros de la Fondation Günter Grass 2006 (Allemagne).  Nous combattrons l’ombre, a reçu le Prix Charles Brisset 2008, La Nuit des femmes qui chantent, 2012, Les Mémorables , 2015